Assassin(s) –
1997 Écrit, réalisé, monté et interprété par
Mathieu Kassovitz, auteur de
La Haine en 1995,
Assassin(s) se révèle être l’œuvre la plus poignante, la plus personnelle et la plus contre-médiatisée de
Kassovitz.
Discréditée par les media, adulée par les fans, l’œuvre de ce réalisateur montant a reçu la pire réputation possible. Non pas à cause de la qualité du film mais à cause de la claque monstrueuse qu’ont reçu les journalistes en visionnant
Assassin(s).
Tout d’abord parce qu’il bénéficie d’une réalisation particulière, d’une histoire originale et d’une violence sous-jacente, mais également parce que
Kassovitz et
Michel Serrault, campant ici le rôle principal du film, ne se sont pas gênés pour chier sur les media ne comprenant rien au cinéma et sur les journalistes - peu professionnels - ne cherchant qu’à remplir leur torche-cul.
Avec une pub pareille, il est aisé de comprendre la réputation navrante de ce métrage…
Mais qu’en est-il du film exactement ?Pour ma part,
Assassin(s) est, sans concession, LE meilleur film de
Mathieu Kassovitz. Un véritable florilège de violence psychologique et physique, violence sous-jacente à une histoire peu commune et politiquement incorrecte.
Un jour, Max (
Mathieu Kassovitz) rencontre Monsieur Wagner (
Michel Serrault), un Assassin de renom désirant perpétrer son héritage d’ « artisan », selon ses termes, en la personne de Max. Peu à peu, Max accepte son nouveau travail, et découvre non seulement qui sont les vrais assassins de cette société contemporaine violente et dépravée, mais également que tuer a un prix. Max va alors enrôler l’une de ses connaissances, un adolescent de 13 ans (
Mehdi Benoufa), et lui donner goût au métier.
Un film en deux parties qui relate l’histoire de Max puis celle de l’ado de 13 ans, et leur progression respective aux côtés de M. Wagner, vieillard endurci proche de sucrer les fraises.
À côté de cela,
Kassovitz en profite pour tirer le portrait d’une société en dérive, obsédée par la Télévision qui elle-même ne fait que véhiculer des images de violence, de sexe et d’abus sociaux.
On pourra cependant reprocher à
Assassin(s) de laisser certaines zones d’ombre comme de ne pas savoir qui sont les responsables et les monnayeurs des contrats que reçoit Monsieur Wagner, ou encore les facilités qu’empruntent les scénaristes concernant les meurtres (empreintes laissées sur les lieux du crime, preuves à tout va, etc.).
La réalisation est splendide : plans fixes pour montrer des scènes d’une véritable torture psychologique, travellings ingénieux, jeu avec les images, montage méticuleux et perfectionniste, mouvements de caméra magnifiques. Bref, une œuvre fouillée et très personnelle (
Kassovitz affirme d’ailleurs qu’
Assassin(s) fut le plus éprouvant des ses films) qu’on aimerait voir plus souvent. J’avoue avoir un petit faible pour la scène de la boîte de nuit, éclairée par un stroboscope, accompagnée d’un thème techno puissant (je vous rassure, je déteste ce pseudo genre musical en temps normal !), et nous exposant le malaise de Max et de Wagner.
N’oublions pas le caméo de
Jean-Pierre Kassovitz, le père de
Mathieu, en fin de métrage ; et l’hommage discret à
Steven Spielberg quand la télé diffuse l’épisode de
Colombo réalisé par
Spielberg (la mention «
Directed By Steven Spielberg » apparaît d’ailleurs un quart de seconde…).
La réalisation s’accompagne d’une musique évoquant la tension, le désarroi, le malaise, pour le plus grand plaisir de nos oreilles, et pour le plus grand malheur de nos nerfs…
Les personnages ne sont ni des clichés ni des stéréotypes ni des figures sans âme, mais des personnages complexes, très humains, réalistes, et pourvus d’une vraie personnalité. Tour à tour, on s’attache à eux, s’y identifie, les déteste, les comprend, ils nous rebutent comme ils nous attirent, on progresse – et régresse, à certains moments – avec eux. Les projecteurs plantés sur les personnages, nous sommes pris dans leurs tourments et leur complexité, parfois jusqu’à la nausée et jusqu’à l’horreur.
Mathieu Kassovitz, Mehdi Benoufa et particulièrement
Michel Serrault nous offrent des prestations bluffantes et tenues à la perfection, via une interprétation à la fois réaliste, touchante et brutale.
En résumé,
Assassin(s) est une œuvre impossible à résumer !
Assassin(s) doit être vu par tout cinéphile averti. Violent, politiquement incorrect, malsain, amoral, ce film de
Mathieu Kassovitz est une œuvre unique et incontournable.
Réalisation : 5/5
Histoire : 3.5/5
Personnages/Acteurs : 4.5/5
Musique : 4/5Note : 17/20