SHOOTING DOGS
Un film de Michael Caton-Jones 2005
Avec John Hurt, Hugh Dancy
Rwanda, le 6 avril 1994.
L'assassinat du président Habyarimana marque le début du génocide.
Les forces armées de chaque Nation en présence reçoivent pour seule mission l'évacuation des ressortissants de leur pays.
Un prêtre catholique anglais et un jeune enseignant coopérant se retrouvent dans le chaos des premières heures de ce massacre.
Totalement impuissants, incapables de juguler la haine, ils sont confrontés à leur propre limite : mourir en restant ou vivre en fuyant le pays.
Le film de Michael Caton-Jones a été entièrement tourné à Kigali, sur les lieux mêmes des massacres. Avec la participation de nombreux survivants, le film est criant de vérité et nous met profondément mal a l'aise.
Basé sur un fait réel - l’école technique de Kigali, campement de base de l’ONU, devient en 1994 un piège mortel pour plus de 2 000 Tutsis - le film est une longue et douloureuse décente aux enfers ou les rues sont jonchés de cadavres au son des machettes ensanglantées raclant l'asphalte.
Ici pas d'héroisme malvenu mais seulement des etres humains terrorisés par l'horreur de la situation.
Du père Christopher aux Tutsis encerclés par leurs bourreaux Hutus, en passant par le jeune professeur anglais et les casques bleus belges, tous semblent perdus, complètement choqués par l'incroyable massacre plein de férocité commis par d'autres etre humains sans véritables motif, d'ailleurs quel motif justifierait un tel dénouement, si ce n'est la haine de l'autre.
Ce film possède deux moments diamétralement opposé :
Son premier quart d'heure ou la vie défile paisiblement, ou chacun vaque a ses occupations quotidiennes, ou en tant que spectateur un sentiment d'ennui s'installe nous faisant presque regretter d'assister au spectacle proposé.
Son dernier quart d'heure très dur, bouleversant, émouvant par la cruauté du destin des Tutsis, par la dignité des victimes face à la mort, et par le comportement profondément humain, c’est-à-dire effrayé, de ses personnages centraux.
Au milieu la tension s'installe rapidement nous montrant l'arrivée des milices Hutus et les exactions commises, mais filmées de facon très digne, loin d'un voyeurisme malsain ou le film aurait pu se complaire.
Plus la fin approche et plus le sentiment de culpabilité nous imprègne....
Les acteurs jouent admirablement bien leurs roles en gardant une certaine retenue, ce qui donne au métrage un coté réaliste accentué par les mouvements de caméra de Michael Caton Jones parfois proche des images de reportage.
Comme les protagonistes on se pose de nombreuses questions qui sont encore sans réponse satisfaisante:
Ou était ce Dieu, que les colons ont apporté aux populations locales, au milieu des charnier ou s'entassent hommes, femmes et enfants
Comment l'O.N.U parfaitement au courant de la situation abominable du peuple Tutsis a-t-elle pu laisser faire se massacre, en refusant meme de nommer ces meurtres ethniques a l'échelle nationale de génocide ?
Comment le monde entier a-t-il pu détourner son regard pour ne pas voir ce que les télévisions nous montraient en vain ?
Le titre étrange du film vient du fait que les forces de l’ONU n’ont pas l’autorisation d'user de leurs armes pour défendre les populations civiles massacrées par des extrémistes Hutus, mais tirent sur les chiens qui dévorent les cadavres gisant sur les trottoirs..
Un film coup de poing qui démontre implccablement la lacheté des nations occidentales face a l'un des plus terribles génocides du XXème siècle.
Au final ce génocide (acte de génocide est le titre officiel déclaré par l'O.N.U.) aura causé
la mort de plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés.