Autres titres:
Non si seviziano i bambini,
Never hurt children.
Réalisation:
Giovanni Simonelli &
Lucio Fulci.
Date de sortie:
1990Casting:
Elisabete Pimenta Boaretto,
Lucia Prato,
Gaetano Russo,
Giorgio Cerioni,
Mario Sandro De Luca,
Renzo Robertazzi,
Silvia Cipollone,
Massimiliano Cipollone.
Production:
Antonio Lucidi,
Luigi Nannerini.
Musique:
Lanfranco Perini.
Quoique n’ayant été crédité au générique du film qu’en tant que « découvreur de talents »,
Lucio Fulci a bel et bien co-réalisé ce film narrant la vengeance de deux enfants assassinés par des trafiquants d’organe, réapparaissant et semant la mort autour d’eux.
Très peu distribué, inconnu même de presque tous les plus fervents aficionados du maître de l’horreur à l’italienne,
Hansel e Gretel, sorti malgré lui à une époque ou la flamme du cinéma de genre transalpin s’était déjà gentiment éteinte, n’a pourtant rien d’une insignifiante série Z; probablement tourné dans une bourgade sicilienne jonchée de ruines et de vieilles maisons de pierre, avec une pellicule saturée de grains, cette curiosité horrifique se révèle ni plus ni moins être l’un des meilleurs ouvrages de
Fulci au niveau de la mise en scène: prises de vues subjectives époustouflantes (les chiens poursuivant la voiture, l‘arrivée du couple d‘enfants revenants avant chaque meurtre, l‘opération), jeux de lumières baroques (teintes bleuâtres ou violacées durant la nuit), éclairages impeccables, gros plans sur des yeux hallucinés, conférant tous ensemble une véritable atmosphère lourde, troublante, au film.
Car si, en tant que spécialiste de la violence graphique grand-guignolesque et dégénérée,
Fulci nous gratifie forcément de quelques scènes raisonnablement Gore (moissonneuse-batteuse se retournant contre le paysan qui la conduisait en le transformant en vague quartier de bidoche, énucléation impromptue bien mise en valeur - ce beau plan sera d’ailleurs repris dans
Nightmare Concert -, résultat d’un monstrueux headshot au revolver), ces dernières restent furtives et peu nombreuses, et
Hansel e Gretel joue avant tout sur l’ambiance, le mystère et l‘esthétisme, non sans l’aide de certains éléments récurrents et obsessionnels, tels ces chants d‘enfant qui se font entendre lorsque les deux chérubins morts-vivants manifestent leur présence.
Au rayon des points faibles, on soulignera une interprétation parfois calamiteuse (pas tant chez les deux gosses, ceci dit, mais plutôt du côté des adultes) et quelques lenteurs insistantes, notamment lors du dénouement, celui-ci étant par ailleurs un peu raté. La bande-son s’avère elle très réussie, alternant nappes synthétiques inquiétantes et petites mélodies dramatiques sans doute jouées au piano.
Il est évident que le budget d’une telle production n’atteint jamais de bien hautes proportions, mais la magie peut toujours opérer si l’on sait tenir une caméra et distiller une atmosphère, ce qui est le cas pour ce surprenant
Hansel e Gretel, un conte d’horreur contemporain malsain, glauque, inquiétant, bizarre, et même émouvant, à découvrir à tout prix, en priorité pour les inconditionnels de
Fulci.
8/10