Plus je découvre le sous-genre Italien qu'est le Giallo, plus je suis en amour avec celui-ci! Si en apparence nous pouvons sentir l'air du slasher movie dans le squelette, le giallo s’apparente beaucoup plus au thriller policier, mais avec un tueur en série et des meurtres en bonus! L'évolution de cet section horrifique à pris une popularité flugurante dans les années 60 à 80 où les magnas du sous-genre, Mario Bava, Dario Argento et Lucio Fulci, offraient les meilleurs tranches. Malheureusement, cette popularité disparue petit-à-petit en Italie. Bien que ce fut une triste fin, certains réalisateurs nostalgiques offrent des hommages au Giallo. Dans cette mode, on notera l'excellent Julia's Eyes, Amer, L'étrange Couleur des Larmes de Ton Corps et, plus récemment, Deep Sleep... pour autant, l'hommage qui m'intéressait le plus demeurait Masks, une production Allemande!
Masks débute avec Stella, une ambitieuse artiste de théâtre qui, pendant une audition ratée, reçoit une opportunité d'une connaissance : être admise à l'école de théâtre Matteusz Gdula! Se rendent là-bas, Stella est vite sélectionnée comme nouvelle actrice pour une pièce de théâtre. Malheureusement pour elle, son entrée coïncide avec des événements étranges qui mêlent ces camarades de classe. En fouillant, Stella va découvrir que ladite école fut le théâtre d'un événement affreux en 1973 où toute la classe de Matteusz Gdula est morte mystérieusement. En effet, ladite classe fut exposée à une expérience obsessive sur le jeu d'acteurs impeccable. Malgré elle, Stella va découvrir et être soumise à l'expérience par un tueur ganté impitoyable!
Sans être parfait ou devenir un classique intemporel comme certains Giallos, Masks prouve hors de tout doute que l'hommage peut touché l'excellence! Bien qu'on ne retrouve pas toute les caractéristiques liées au sous-genre du giallo ou un scénario aussi étoffé et complexe que la vague des années 70/80, Masks compense sur son côté technique. En effet, si vous attendez absolument une intrigue policière rudement ficelée, un héros qui fait sa propre enquête ou un témoin qui se mêle au mélange... vous serez déçus! Masks est plutôt une expérience extrasensorielle et expressionniste qui se vit par tous les porcs de la peau, est abstraite et difficile d'accès.
Tel un Suspiria, Masks délivre à chaque instant une ambiance malaisante et se sert de ces décors et sa musique pour accentuer les prouesses techniques de son réalisateur. Andreas Marschall prouve avec Masks qu'il est un artistique très excentrique qui utilise son long-métrage dans un but purement expérimental et poétique. Pour autant son long-métrage ne pourrait pas être plus excellent où le côté expressionniste de la production n'est qu'une pauvre excuse pour mettre en évidence un scénario totalement centré sur les concepts de l'expressionnisme et les talents qui s'en rapprochent! La fameuse séquence où l'héroïne se fait offrir, devant toute sa classe, d'essayer des masques artistiques par sa professeur demeure le meilleur exemple de mes dires. Pour autant, la plus grande excellence du scénario de Andreas Marschall sont ces hommages excellents à Dario Argento, au-travers de sa musique et sa trame scénaristique qui demeure un mélange astucieux entre Opera, Phenomena et Suspiria.... ce n'est pas compliquer, Marschall est le Brian De Palma Allemand!
Bien entendu, l'expressionnisme se fait également sentir dans l'antre et le costume de son tueur. Caché dans une ancienne salle dans l'école, le tueur est extrêmement élégant dans ces gestes, possède un ancien masque grec dans le visage et utilise une épée d'escrime pour faire tomber ces victimes comme des mouches... sans oublier les fameux gants de cuir! En effet, semblent être un mélange étrange entre un aristocrate et un tueur de Giallo typique, celui-ci est très représentatif du travail visuel de Andreas Marschall : subtil, élégant et avec un sens du détail aiguisé!
Autrement, l'excellence de Maks se fait sentir grâce à ces deux derniers actes. Si le premier est simplement une réadaptation de Suzie dans Suspiria qui découvre des secrets dans l'édifice, les deux derniers actes mettent beaucoup plus l'accent sur la quête ultime du jeu d'acteurs parfait! Bien que cela coupe un peu le mystère au premier abord, on embarque définitivement dans l'endroit lugubre où l'héroïne est enfermée et doit, par des techniques discutables, revivre certains de ces souvenirs et subir bien des douleurs! Sans être aussi explicite niveau mystère, cette portion du script rappel beaucoup Opera où le tueur obligeait sa victime à subir chacun de ces meurtres!
Pour autant, c'est lorsque Masks révèle enfin ces revirements finaux que cela atteint l'excellence! Bien que l'identité du tueur soit prévisible, il n'en demeure pas moins que c'est la seule chose que vous allez deviner. Même si ce n'est pas sa principale force, le scénario de Andreas Marschall possède une subtilité et bien des surprises dans ces vingt dernières minutes! C'est ainsi que nous assistons à plusieurs confrontations entre l'héroïne et le/les tueur(s) qui sont absolument bluffantes et livrant la marchandise. Pour autant, rien ne concurrence l'apparition finale du tueur avec son masque grec très effrayant et un sourire qui me donne froid dans le dos juste à y penser! D'ailleurs, Masks demeure assez intéressant lors de sa dernière séquence qui est libre d'interprétations multiples.
Pour ce qui est du côté technique, Masks délivre la marchandise avec gracieuseté! Sebastian Levermann et Nils Weise offrent une trame sonore parfaite et qui semble terriblement ancrée dans le style du groupe The Goblins (Suspiria, Phenomena, Tenebre, Opera, Deep Red) avec ces morceaux instrumental . J'adore tout particulièrement le thème qui ressemble à s'y méprendre à Suspria! Sven Jakob offre une direction photo poétique, subtile et qui amène un côté Italiano-Allemand. Le montage de Andreas Marschall à beau être très lent et parfois très rapide avec perfection, ce sont les coupures brusques qui enlèvent du charisme.
Bien entendu, ce serait difficile de parler d'un Giallo... sans parler de ces séquences gores! Sur ce point, Masks en donne pour son argent et offre plusieurs séquences mémorables. Que ce soit l'épée d'escrime ou les ciseaux... c'est génial! Le département des effes-spéciaux à fait plusieurs merveilles démontrent une sauvagerie qui ne serait pas étrangère aux Tenebre ou Deep Red de Dario Argento.
Même si le 3/4 de la distribution me laisse sacrément indifférent, trois acteurs gardent mon attention. Tout d'abord vous avez l'excellente Susen Ermich (Stella) qui livre une performance très crédible et qui évolue progressivement vers la folie... pour nôtre plus grand plaisir! Pour autant, mon actrice préférée demeure Magdalena Ritter, celle-ci est capable d'être très gentille et digne d'une mère, pour ensuite devenir méchante et manipulatrice. Bravo! Dieter Rita Scholl possède une élégance et un charisme attachant.
Masks est au final une expérience visuelle et technique qui se vit tel une visite au musée! Andreas Marschall prouve à tous qu'il est un artiste accompli qui veut offrir plus que le strict minimum. Bien que n'ayant que deux longs-métrages sous la cravate (Tears of Kali), il demeure une nouvelle recrue au potentiel infini! Masks n'est peut-être pas le meilleur hommage au Giallo, mais son acharnement à être un giallo dans sa plus simple expression l'aide à devenir digne d'intérêt! Si vous n'êtes pas amateur des longs-métrages se basent sur le visuel et le côté technique au détriment du scénario, ou ne connaissez rien aux Giallos, Masks ne sera pas une expérience agréable!
P.S : Au moment de publier cette critique, Masks de Andreas Marschall demeure très limité et n'est toujours pas disponible en dvd zone 1 en Amérique du Nord. Ce qui est dommage puisque la pellicule de Marschall en n'offre son argent.
Note : 5/5