Eliza Graves (2013, Brad Anderson)

Je n'alloue pas un très grand crédit au réalisateur, mais au moins, il sait s'entourer avec une actrice qui sauvera son film au cas où. Cela dit, l'intérêt pour les fans de Kate Beckinsale se nomme The Trials Of Cate Mc Call, son prochain drame qui s'annonce énorme.

Si l'accent, probablement pour une question de promotion, est mis sur la personne de Kate Beckinsale ou encore sur le personnage qu'elle incarne dans le film, comme en témoigne le titre de celui-ci, l'actrice anglaise est, de façon assez paradoxale, effacée bien qu'elle soit au centre des attentions. Ainsi, son personnage, s'il donne tout son sens au film, est relégué au second plan alors que Jim Sturgess est bien le protagoniste principal de l'oeuvre. Un protagoniste certes principal, mais se retrouvant lui aussi dans l'ombre, cette fois bien involontairement, la faute à une erreur de casting tant Ben Kingsley, acteur très talentueux, écrase l'oeuvre de son charisme. Vous l'aurez compris, le défaut majeur du film est bien plus contenu dans l'imbroglio lié à ses personnages et/ou à ses exécutants plutôt qu'à son scénario lui-même.

Eliza Graves est ce genre de films qui se croit plus intelligent qu'il ne l'est réellement, mais il n'invente ni ne réinvente rien, pas plus le fil à couper le beurre que l'eau chaude. Ici, nous sommes dans la redite, l'oeuvre de Brad Anderson ne faisant que revisiter ce qui à déjà été proposé récemment avec plus de qualités, mais aussi de certitudes pour le spectateur. Et de fait, s'il avait été un thriller psychologique, Eliza Graves aurait pu s'appeler Shutter Island, de même s'il était un film d'horreur, nous aurions pu le reconnaître sous le nom de Gen ou d'Autopsy. Mais rien de tout cela dans le cas présent, il n'y a pas plus d'horreur que de psychologie dans Eliza Graves, tout au plus un récit lent et plat, long et lent, plat et lent, plat et plat...euh...

Cependant, du marasme de ce scénario se dégage une qualité indéniable, celle de convaincre le spectateur à aller au terme de l'oeuvre. Certes, c'est bien plus pour les acteurs, Beckinsale mais surtout Kingsley, d'autant que le pauvre Sturgess a bien du mal à exister. En ce sens, Brad Anderson pourra se targuer d'avoir enlevé quelques quilles, évitant ainsi d'envoyer sa boule dans la rigole puisque son film repose essentiellement sur sa révélation finale. Une révélation qui, malheureusement, ne surprendra guère et qui aura toutes les peines du monde à paraître crédible.

Au final, Eliza Graves est sauvé (puisque c'est en ces termes qu'il convient de s'exprimer à la vue d'une telle apathie) par des interprètes investis, alors que l'oeuvre, d'une vacuité totale, avait tellement à offrir avec une telle prémisse. Ce serait un euphémisme que de dire que l'on perd son temps avec ce film dont la durée avoisine les deux heures!

2/5.