Je dois bien avouer que j'étais septique au sujet de The Boy, le nouvel effort de William Brent Bell. En fait, bien plus que ça, l'idée d'avoir un énième film nous contant les histoires d'une poupée démoniaque ne m'inspirais pas beaucoup, de même que le choix de Lauren Cohan dans le rôle principal ne m'enthousiasmais guère et si je ne m'impose pas comme un détracteur du réalisateur, puisque Stay Alive ou The Devil Inside ne me sont pas insupportables, Bell n'apparaissait pas à mes yeux comme un cinéaste capable de me surprendre.
Pourtant... la surprise que représente The Boy est à la hauteur de la révélation dispensée par son scénario dans le dernier acte!
Certes, William Brent Bell n'évite pas quelques clichés désormais inhérents au cinéma de genre de notre époque, et si on pourra regretter qu'on ne nous épargne pas la présence d'un personnage mièvre au possible ou l'utilisation de jump scares en quelques occasions, le cinéaste américain ne se vautre pas pour autant dans la facilité, n'oubliant pas, fort heureusement, de parer son métrage d'une ambiance digne de ce nom. L'environnement, avec cette immense demeure inhospitalière, aide beaucoup, il est vrai, mais la première partie du film, très lente et construite de façon à développer autant le caractère de son personnage principal que le passé trouble de la famille d'accueil et notamment celui de Brahms, la poupée, participe pleinement à instaurer une atmosphère pesante. Et alors que ladite poupée tarde à s'animer vraiment, on en vient à penser que The Boy puise son inspiration dans le cinéma d'horreur d'antan, principalement celui à l'univers gothique des années 50 et 60, lequel faisait preuve d'une grande sobriété jusqu'à un final résolument marquant. Et si le film n'est pas à ce point marquant, il est en revanche surprenant puisqu'il met un véritable contre-pied au spectateur, avec un revirement bien difficile à anticiper.
Alors, les contempteurs de William Brent Bell sauront assurément prendre un malin plaisir à mettre en avant que le cinéaste n'invente rien et qu'il ne fait que recycler du déjà-vu, notamment dans des œuvres aussi diverses que Walled In, The Pact ou l'excellent Toolbox Murders pour ne citer que ceux-là. Toutefois, l'originalité du film réside dans cette orientation prise dans le dernier acte, alors qu'on s'éloigne de l'aspect purement fantastique de départ pour prendre une voie résolument plus réaliste. Et tandis que Bell fait toute la lumière sur Brahms, force est de constater que le personnage dégage une énorme prestance, mais aussi un caractère particulièrement glauque de par son handicap.
S'il est une réussite, The Boy repose aussi sur l'interprétation très juste d'une Lauren Cohan dont le rôle récurrent dans The Walking Dead ne laissait aucunement présager des prédispositions quant à tenir un film sur ses épaules. Et que dire du sieur Bell, d'autant que ses œuvres précédentes n'avaient pas jusque-là exposé au grand jour ses talents de réalisateur, chose que The Boy vient parfaitement démontrer, le film se voulant surprenant de par la maîtrise technique et l'inspiration de son géniteur.
The Boy est un film aux qualités évidentes et dont le titre très générique trouve cependant tout son sens comme un point de départ solide pour lancer une nouvelle saga, ou du moins engendrer une suite, d'autant que celui-ci donne inévitablement envie de revoir son antagoniste de Brahms.
3,75/5.
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