A l'heure où la chauve-souris vengeresse se prépare à revenir dans nos chaumières et sur nos écrans, il est bon de faire un point sur ce film qui marque les bases de ce qui deviendra la "trilogie Batman de Nolan".
Je reprends une petite critique rapide que j'avais faite à propos de ce 1er volet du célèbre personnage DC, réactualisé au cinéma par le réalisateur d' "Inception".
Il est clair que ce 1er opus est, d'un point de vue formel et thématique, moins bon que ne le sera son successeur.
Cet épisode est en effet assez curieux, succédant à 2 improbables nanars, et dont -fort heureusement- il n'entretient plus aucun rapport ; il s'agit donc ici d'une nouvelle adaptation de la franchise et du personnage, beaucoup plus ancrée dans le réel et le 1er degré, comme le caractérise si bien le cinéma de Nolan (en ce sens, la vision du réalisateur prends le contrepied total de celle de Burton).
Bref : on repart à zéro !
Ici, le choix de revenir aux sources avec la genèse de Batman, et de faire fi du passé (les 2 dernières atrocités flashy), est pour le moins excellente, d'autant plus que cette genèse n'avait jamais été abordée de front dans les précédents "chapitres".
Malheureusement, le film est loin d'être parfait :
le voyage initiatique de Bruce (qui ouvre le film), au coeur de la criminalité, ayant pour objectif et pour but de trouver un "sens" à ses pulsions destructrices, d'apprivoiser son trauma (qui s'apparente à celui de Daredevil), est bien trop long (1 heure avant que le personnage n'"apparaisse" vraiment, c'est épuisant et frustrant !), et, surtout, présenté de manière bien trop clichée et manichéene limite ridicule (on se croirait parfois dans des épiosdes de la série "Kung Fu" avec ce segment introductif au Tibet).
Cette entrée en matière exagérément symbolique dans sa forme, jure par ailleurs avec la tonalité réaliste de ce qui suivra.
L'autre défaut du film demeure dans son casting : Cillian Murphy est bon, mais son visage trop angélique ne colle pas le moins du monde au personnage qu'il incarne.
L'interprétation de figurants/3ème rôles est parfois caricaturale (notamment certains sous-fifres de la pègre).
Katie Holmes s'en tire honnêtement, sans trop faire d'effort non plus.
Le grand Michael Caine est impérial même si le côté aristocratique appuyé et 'so british' de son personnage fini par être un peu lassant.
Un autre gros défaut du film demeure dans sa mise en scène : belle dans son ensemble et son côté contemplatif (reprèsentation de Gotham, photographie, plans américains), Nolan se plante complètement dans la plupart de ses séquences d'action (plus encore pour les scènes de "bagarres"), qui demeurent, la plupart du temps, molles, mal montées, pleines de faux-raccords, inutilement surdécoupées, voire franchement illisibles.
On est loin de la pureté formelle de "The dark knight" !
Reste un assez honnête divertissement (mais trop long), dont l'interprétation racée de certains de ses comédiens principaux (le grand Gary Oldman, ici sous-exploité ; Christian Bale -même si son interprétation sera meilleure et plus affirmée dans TDK...), la puissance des thèmes abordés (culpabilité, redemption, libre-arbitre, corruption des tous-puissants, différences des classes sociales, super-héros en proie avec ses démons et sa conscience) en reprèsentent le point positif.
Mais un laisser-aller certain dans la mise en scène un rien parresseuse, un symbolisme parfois lourdingue, une histoire-prétexte assez foutraque, l'absence de véritable méchant iconique, un certain manque d'ampleur et un rythme pour le moins inégal font que l'on est en droit de lui préférer sa superbe suite.
Ce film reste néanmoins important en ce sens qu'il pose les bases de l'homme chauve-souris "nouvelle manière" inaugurées par Nolan.