La carrière de Paul Verhoeven se distingue en 3 grandes périodes :
- La période hollandaise
- La période US
- La période post-US
Paul Verhoeven obtient le succès critique et public dans son pays dés son second film : "Turkish délice", comédie de moeurs acerbe traitant de la jeunesse hollandaise en perdition du début des 70s.
Si certaines de ses œuvres suivantes font plus ou moins parler d'elles, notamment "Soldier of orange", il faudra néanmoins attendre 1985 pour que le réalisateur acquière une véritable renommée internationale, avec cet incroyable pamphlet moyenâgeux d'une barbarie assez inouïe (jamais vue à l'époque) qu'est "La chair et le sang".
Cette coproduction (Hollande, Espagne, Amérique), qui contient toutes les constantes et caractéristiques de son cinéma, préfigure sa grande "parenthèse" US, démarrée avec le mythique "Robocop" (1987).
Son plus gros succès à ce jour reste "Basic Instinct" (1992) qui, à l'époque, souleva des vagues de protestations de la Gay Pride (rétrospectivement assez ridicules). Ce succès permettra par ailleurs de distribuer à l'époque en salles en France -et dans d'autres pays européens- certaines œuvres de jeunesse restées jusque-là inédites, notamment "Le quatrième homme" et "Spetters", son plus gros échec commercial hollandais (la France eut toutefois le bon goût de sortir en salles dés 1973 ses 2 premiers films, mais de façon assez confidentielle).
Le mal-aimé "Hollow man" met fin à la collaboration de Verhoeven avec les Etats-Unis. Le réalisateur enchaîne en effet depuis 5 ans 3 échecs consécutifs (dont le délirant brûlot antimilitariste "Starship troopers"), et se voit obligé -faute de financement- de retourner travailler sur ses terres natales où il nous livrera, après 6 ans d'absence, le très beau "Black book" qui revient, comme "Soldier of orange" l'avait fait en 1977, sur l'histoire de son pays pendant la 2ème guerre mondiale.
Inactif depuis 10 ans, Verhoeven est réapparu tout récemment avec l'excellent "Elle", étrange croisement entre le film auteurisant franchouillard et l'étude de la psyché humaine dans ce qu'elle a de plus déviante. Le film a été salué à Cannes mais est reparti bredouille, le célèbre festival aillant préféré récompenser des œuvres dirons-nous plus...consensuelles.
Le cinéma de Verhoeven se caractérise par la puissance de sa mise en scène, le choc des images, une utilisation accrue du sexe et de la violence, des thématiques proches de la critique sociale avec un portrait au vitriol de l'espèce humaine et de ses institutions sous toutes ses coutures, quelle que soit l'époque ou le lieu (l'accroche de "Flesh and blood" n'était-elle pas "Un miroir de notre temps").
Certains de ses films de sa période US (et post-US) reprennent les thématiques de ceux de la période hollandaise ("Basic Instinct" renvoie au "Quatrième homme", "Black book" à "Soldier of orange").
Par contre, et contrairement à une idée reçue, le genre de prédilection de Verhoeven n'était pas la science-fiction. Celui-ci s'en défend fermement ! Il avouera même à plusieurs reprises détester cela et, à l'origine, "Robocop", "Total recall", "Starship troopers" et "Hollow man" n'étaient que des œuvres de commandes mais il trouva là matière à y injecter pas mal de ses obsessions et y jeter son dévolu sur son sujet de prédilection : l'homme sous tous ses travers et ses faiblesses, et, par extension, la dérive de l'espèce humaine et de la société.
Je vous laisse citer vos 3 films préférés du réalisateur, qui n'est rien moins que mon réalisateur préféré.