En 2010, un illustre inconnu, cinéaste de son état du nom de Sean Byrne, débarquait de nulle part –comprendre Hobart, dans la province australienne de Tasmanie- avec un petit film sous le coude, The Loved Ones, produit durant l’année précédente sur une courte période de quatre semaines pour un budget total de trois millions et demi de dollars. Fort d’une présentation dans plus d’une vingtaine de festivals internationaux, remportant au passage différents prix, notamment celui du jury à Gerardmer en 2011, The Loved Ones représentait à lui seul une sacrée carte de visite pour un Sean Byrne qui avait réussi là, avec donc cette toute première réalisation, des débuts plus que prometteurs.
Si on avait ainsi laissé Byrne à son avantage sept ans plus tôt, c’est aujourd’hui qu’il nous revient avec The Devil’s Candy, un deuxième long-métrage assez énigmatique et au propos intéressant pour nombre d’amateurs désireux de découvrir la voie empruntée par son géniteur après une si longue absence. Mais au-delà des belles promesses entrevues avec The Loved Ones et qui présageaient du meilleur pour la suite de sa carrière, encore fallait-il que Byrne justifiât la confiance placée en lui…
…Et il est là malheureusement le problème! En premier lieu, le scénario de The Devil's Candy ne nous épargne rien et surtout pas de nous vautrer dans une écriture totalement déficiente! Si on passera aisément sur le manque d’originalité du film puisque certains apporteront comme réponse recevable qu’il est bien difficile de développer un sujet original après cent-vingt ans d’histoire du cinéma et des milliers d’œuvres produites, les autres aspects de The Devil’s Candy sont tous à mettre en cause sans qu’on y trouve la moindre excuse acceptable.
Et donc, dés le début, le film sonne terriblement faux tant, bien plus loin que le simple cliché, on sombre dans la véritable caricature avec ce faussement sympathique personnage de père métalleux de Jesse Hellman (comme c’est fin!) interprété par l’indigent Ethan Embry au jeu très pauvre en dépit de sa pourtant longue carrière commencée au début des années 90. Pas plus que lui, Shiri Appelby, que beaucoup retrouveront ici après quinze ans et l’arrêt de la série Roswell, se montre convaincante dans son petit rôle d’épouse dévouée et pire encore que de meubler le décor, l’actrice sert finalement uniquement de tapisserie dans ce film qui ne lui permet jamais de démontrer quoi que ce soit. Mais plus encore que d’évoquer les cas séparément, c’est bien ce couple improbable qui choque le spectateur et d’ailleurs le mot "promiscuité" n’a jamais mieux trouvé de sens que pour évoquer ces deux personnages que seule la magie du cinéma était en mesure d’unir! Quant à leur fille Zooey, jouée par une Kiara Glasco qu’on aurait tellement envie d’oublier, elle est à ce point antipathique qu’il devient bien difficile d’éprouver de la compassion pour cette famille.
Loin de faire les choses à moitié avec ses personnages, Sean Byrne ne nous épargne pas le fameux cliché des policiers sympathiques, avenants et serviables qui pullulent dans le cinéma d’horreur. Comme si la police était là pour servir le peuple et non pour lui porter atteinte, ce cliché est absolument grotesque, cela d’autant plus dans un pays où les flics tirent avant et discutent après!!
Heureusement que jaillit dans ce tableau des plus fades, Pruitt Taylor Vince, véritable gueule de l’emploi pour jouer les antagonistes de films d’horreur, déjà aperçu en autres dans Jacob’s Ladder, The Cell, Identity ou Captivity, qui donne une vrai dimension à son personnage par une interprétation en tout point remarquable pour le peu qu’on le voit à l’écran.
Hélas, Vince, puisqu’il représente la seule qualité de ce gribouillage qu’est The Devil’s Candy, n’est aucunement en mesure de sauver le film ou ne serait-ce que de l’élever à un niveau un tant soit peu respectable, alors que la narration se montre balbutiante, que les longueurs s’impriment dans ce récit de seulement soixante-dix-neuf minutes et que les extraits musicaux sont terriblement mal insérés!
Mais tout cela n’est rien en comparaison avec le final. D’une stupidité effarante, quand bien même il est question d’une fiction horrifique qui ne baigne pas dans le plus grand des réalismes, ce dernier droit se permet de se moquer allégrement du spectateur, en même temps qu’il représente une insulte à son intelligence.
Pour "la toile de maître" on repassera, et Sean Byrne démontre que celui qui est capable du meilleur peut aussi se rendre coupable du pire!
1,5/5.