BLUE VELVET (1987) Écrit & Réalisé par
David LynchMusique d’
Angelo BadalamentiAvec
Kyle MacLachlan, Isabella Rossellini, Dennis Hopper, Laura Dern, Hope Lange, Priscilla Pointer, George Dickerson, Dean StockwellDigérant le semi-échec de
Dune (principalement dû à des moyens financiers non conséquents),
David Lynch s’attaque désormais au thriller psychologique à tendance déglinguée. Entrave majeure de l’œuvre : il faut attendre la moitié du film avant d’assister à du vrai
David Lynch ! En effet, après un prologue pointant les clichés de l’
American Way of Life,
Blue Velvet s’embarque dans une histoire aussi tordue qu’intrigante – au sein de laquelle Jeffrey Beaumont découvre une oreille coupée qui le propulsera au centre d’une affaire d’enlèvement et de séquestration – mais souffrant d’une première partie mollassonne et d’une quantité non négligeable d’imperfections. Dont des personnages caricaturaux, aux relations surfaites, et aux dialogues parfois cucul-la-praline (Sandy nous contant avec ferveur son rêve sur l’envolée des rouges-gorges…) ou futiles (la discussion sur la bière Heinekein !). Une mise en scène oeuvrant pour d’honteuses facilités (Jeffrey qui se soulage la panse dans les chiottes de l’appartement qu’il inspecte, ou espionnant de près des malfrats en plein jour et dans sa bagnole bien visible). Un montage un tantinet brouillon, via des fondus en noir très amateur. Ainsi qu’un
Kyle MacLachlan (Jeffrey) et qu’une
Laura Dern (Sandy) franchement mauvais.
Puis, subitement,
Blue Velvet effectue un virement à 180° qui modifiera son itinéraire à tout jamais. Tandis que Jeffrey joue les voyeurs dans le dressing de Dorothy Vallens – qu’il suppose être reliée à l’affaire de l’oreille coupée –, surgit
Dennis Hopper en enfoiré de première, joyeusement fêlé et foutrement bourrin. Dès lors,
David Lynch fait de son métrage une approche crue, intrusive, presque viscérale, du sado-masochisme et de la violence (physique comme psychologique), par le biais de Frank Booth, personnage lunatique, brutal, psychiquement instable, aux conflits oedipiens non-résolus, à la sexualité détraquée, et surtout interprété avec virtuose par
Dennis Hopper. Pour autant, le reste de l’équipe ne passe pas au second plan. Puisque
David Lynch abandonne sa réalisation encore hésitante de début de métrage pour nous convier à des plans d’une beauté folle (enchaînement de plongées/contre-plongées, prises de vue fixes presque picturales) – doublés d’un traitement des couleurs somptueux et d’un score musical qui force le respect – et à des scènes tordantes (le pas de danse de la femme dodue sur le toit de la voiture,
Dean Stockwell poussant la chansonnette), émouvantes (l’épilogue), ou ultra tendues (l’affrontement ultime entre
Dennis Hopper et
Kyle MacLachlan).
En bref,
Blue Velvet aurait gagné à n’être qu’un moyen-métrage, du moins à s’amputer d’une bonne trentaine de minutes. Dommage qu’il faille attendre près d’une heure avant que l’histoire ne progresse véritablement et que ce minable de
Kyle MacLachlan se fasse piquer la vedette par l’excellent
Dennis Hopper.
Blue Velvet demeure une œuvre imparfaite, en somme, mais sa seconde partie lui évite de frapper un coup dans l’eau. Et vous, avez-vous vu
Blue Velvet ? Qu’en avez-vous pensé ?
Note : 14/20