"En toute circonstance, il y a définitivement un moyen de mieux faire passer les choses!"
Et pour cause, tout ce que j'ai pu entendre concernant The Battery m'aura amené à repousser mon visionnement puisque je craignais de profondément m'ennuyer. Présenté comme un film long, lent et presque contemplatif, il était facile d'imaginer The Battery comme une énième œuvre zombiesque n'ayant rien à raconter, et d'ailleurs presque dénuée de dialogue entre deux personnages terriblement inintéressants! Ainsi, le métrage promettait aussi quatre-vingt-dix minutes de longs plans inutiles où l'environnement des deux protagonistes, à savoir la campagne profonde, trônerait en maître.
Alors, certes, The Battery n'est en rien synonyme d'action pure, mais il est bien éloigné du film léthargique annoncé, même si l'invasion de morts-vivants ne sert que de toile de fond à la balade bucolique des deux personnages principaux à travers la Nouvelle-Angleterre.
Réalisé avec seulement six mille dollars, ce road-movie épuré use d'un réalisme à toute épreuve au point de se rendre terriblement efficace! Son auteur, Jeremy Gardner, fait tant avec si peu, le tout sans jamais chercher à se montrer démonstratif. Et si l'idée de base est relativement simple, puisque centrée sur deux protagonistes que tout oppose mais qui, bien évidemment, vont se rapprocher après une cohabitation difficile, Gardner se sombre jamais dans les clichés du genre, et avec bien peu d'artifices et surtout une évidente sincérité, construit un film qui, bien au contraire, saura convoquer le spectateur qui ne pourra que se reconnaitre à travers les personnages présents à l'écran. Personnages, il est vrai, aux caractères profondément opposés et que seul le base-ball, comme passé professionnel devenu futile, réunit véritablement. De cette antinomie naîtra une histoire parfois touchante, souvent drôle et aussi terrible que bien pensée pour ce qui est de la fin de parcours.
Si quelques longueurs inutiles peuplent le film, l'empêchant assurément de prétendre à un rang supérieur, la qualité d'écriture du sieur Gardner ne trahit pas pour autant l'économie de moyens et la présence régulière de morts-vivants à l'écran, l'interprétation convaincante des différents personnages, puisque d'autres interviennent, nous proposant certaines séquences comptant parmi les meilleures du film (le père de famille qui tente de voler le véhicule de "nos héros", par exemple), le choix d'une trame sonore en adéquation avec les images qui se succèdent et une longue partie finale ayant pour cadre le confinement des deux personnages principaux dans une voiture, véritable figure de style pour le coup, démontre qu'un faible budget n'est en rien rédhibitoire quant à proposer une œuvre de qualité.
4/5.