Frankenstein s'est échappé marque l'entrée de la Hammer dans le domaine du cinéma d'épouvante gothique, genre qu'elle continuera d'exploiter jusqu'au début des années 1970. Les seuls qui purent offrir une alternative crédible dans ce domaine furent les italiens avec des films tels le Masque du Démon ou Danse Macabre. Le film est réalisé par Terence Fischer et n'est que le premier grand succès hammerien de ce cinéaste de talent qui signera plus tard ses chefs d'oeuvre à savoir le Cauchemar de Dracula, la Malédiction des Pharaons et la Nuit du Loup-Garou. Ici, le baron Frankenstein est un personnage beaucoup plus ambigu que celui qu'incarnait Colin Clive dans le film de James Whale. Il manipule son entourage et ne recule devant rien (pas même le meurtre !) pour parvenir à l'accomplissement de ses projets macabres. Peter Cushing, futur Tarkin dans Star Wars, interprète cet antihéros avec tant de conviction qu'il le reprendra dans les suites, réalisées pour la plupart par Terence Fisher. La Créature, elle, est interprétée par Christopher Lee qui ne tardera pas à devenir une icône du studio britannique au même titre que Cushing. Le succès immense de Frankenstein s'est échappé (il aurait surpassé le Pont de la rivière Kwaï au box-office) engendra non seulement des suites mais aussi d'autres reprises hammeriennes des classiques de l'épouvante Universal tels Dracula, la Momie, le Fantôme de l'Opéra ou le Loup-Garou. Il propulsera également la carrière de Peter Cushing et surtout de Christopher Lee. Désormais, ce dernier sera catalogué dans le registre de personnages menaçants ou diaboliques comme Dracula, Fu Manchu ou encore Raspoutine. Bien qu'il ne soit pas aussi célèbre que le Frankenstein de 1933, Frankenstein s'est échappé reste un classique du cinéma d'épouvante méritant vraiment le détour. Une réussite.