Miracle at St. Anna (2008)

Date de sortie : indéterminée.

Réalisé par Spike Lee
Écrit par James McBride
Musique de Terence Blanchard
Avec Derek Luke, Pierfrancesco Favino, Michael Ealy, Omar Benson Miller, Joseph Gordon-Levitt, Omero Antonutti, Valentina Cervi, Matteo Sciabardi, Lydia Biondi, Sergio Albelli, James Gandolfini

Inside Man n’était malheureusement pas une erreur de parcours : Spike Lee est bel et bien en train de perdre son génie d’antan. Alors que le cinéaste signait l’un de ses plus beaux métrages il y a quelques années (La 25e Heure), ses récents travaux témoignent d’une sérieuse absence de créativité et d’investissement personnel, un peu à la manière de Shyamalan sur The Happening. Et Miracle à Santa-Anna ne saurait témoigner du contraire ! Pourtant, le concept laissait présager un retour aux sources pour le réalisateur de Malcolm X : Miracle à Santa-Anna conte en effet le parcours (véridique, dit-on) d’une poignée de soldats Afro-Américains, perdus en pleine campagne italienne pendant la Seconde Guerre Mondiale, puis cachés par la population locale.

Avec un synopsis pareil, d’aucuns étaient en droit d’attendre un message fort sur la participation des combattants Noirs au front (à l’image d’Indigènes)... Mais Spike Lee n’en fait rien et, avec la complicité du scénariste, le cinéaste préfère s’attarder (longuement !) sur les relations entre les divers protagonistes. Du coup, les personnages gagnent en crédibilité et en personnalité (les nazis caricaturaux exceptés) ce que le récit perd en attrait et en rythme (rappelons que le film atteint les 2h30 !). Et des problèmes de rythme, il y en a à la pelle dans Miracle à Santa-Anna. Spike Lee et James McBride usent de tant de détours, de longueurs et de lenteurs pour aboutir à leur dénouement que le spectateur se lasse très vite de l’intrigue.

D’autant que la mise en scène de Lee s’avère discutable lorsqu’il s’agit de filmer les combats sur le front – l’ensemble manquant de ferveur et de style. Spike Lee cherchait visiblement à croiser Il Faut Sauver le Soldat Ryan et Apocalypse Now, mais le maigre talent qu’il injecte à son métrage est loin de taquiner le génie de Spielberg ou Coppola. Et tandis que le spectacle du Soldat Ryan s’accueillait comme un choc visuel et psychologique sans précédent, celui de Santa Anna donne plus l’impression de faire dans la violence gratuite, de miser sur la surenchère dans le seul dessein d’obtenir le même impact que l’œuvre de Spielberg. Certes, Spike Lee parvient, de temps à autre, à émouvoir ou faire trembler son public (l’exécution du nouveau-né est à la limite du supportable) mais il est clair que le film de guerre n’est pas le domaine de prédilection du réalisateur.

D’ailleurs, il n’est pas étonnant de constater que les passages les plus intéressants de Miracle à Santa-Anna sont ceux qui se déroulent en 1984 (la scène-choc d’ouverture et l’épilogue, donc). Dommage pour le spectateur puisque ces séquences – les seules à bénéficier du sceau artistique du cinéaste, soit dit en passant – ne couvrent que 20 minutes du métrage. Sur plus de 2h30, inutile de préciser que l’on ressort fortement déçu du dernier Spike Lee. Reste un lot de scènes drôles, un cameo sympathique de John Leguizamo, ainsi qu’une galerie de comédiens irréprochables. En particulier, Omar Benson Miller (dont le talent n’était qu’esquissé dans 8 Mile) et Matteo Sciabordi, un jeune acteur touchant, juste, surprenant dans la peau de garçon encore perdu dans ses rêveries infantiles.

Mais, en définitive, Miracle à Santa-Anna ne remplit pas convenablement le cahier des charges et le public n’adhère pas vraiment. Espérons seulement que Spike Lee saura tenir compte des critiques émises lors de la présentation du film aux Festivals de Deauville et Toronto pour revoir sa copie. Et surtout espérons qu’il se demandera à quoi Miracle à Santa-Anna aurait ressembler s’il l’avait réalisé quelques années plus tôt... Sans l’influence de Spielberg, sans flemme créative, et avec toute sa détermination.

NOTE : 11/20

Inédit ? Pas vraiment, il est sortit dans plein de salles au Canada et USA, mais il a juste été très mauvais auprès de la critique et des spectacteurs, ça m'intéresse pas, le dernier Spike Lee que j'ai regardé au complet, c'était Malcom X, il a prit une méchante débarque ses dernières années, je pensais que Clockers allait être bien, c'était aussi mauvais !!

J'ignorais qu'il était sorti aux USA, je pensais qu'il avait juste fait le tour des Festivals.

Tu as tort de te fermer aux derniers Spike Lee. Hormis Inside Man et Miracle à Santa-Anna qui ne sont pas très bons, des films comme La 25e Heure, She Hate Me ou Summer of Sam se défendent très bien.

Inside Man est excellent, tout comme Bamboozled!

J'oubliais Inside Man et 25th Hour, c'est les seuls que j'ai aimé ses 15 dernières années !

Effectivement Inside Man est un très bon film.

Machiavel a écrit:

Effectivement Inside Man est un très bon film.

Disons que je n'ai pas accroché à l'histoire et que je l'ai trouvé TRES banale. Et le style de Spike Lee est absent sur toute la ligne. Ce qui est dommage vu que le casting rassemble tout de même Jodie Foster et Denzel Washington...

Neon Maniacs a écrit:

J'oubliais Inside Man et 25th Hour, c'est les seuls que j'ai aimé ses 15 dernières années !

Pourtant, Malcolm X est l'une de ses plus belles réussites ; School Daze également.

X-Files_Arpanet a écrit:

Neon Maniacs a écrit:

J'oubliais Inside Man et 25th Hour, c'est les seuls que j'ai aimé ses 15 dernières années !

Pourtant, Malcolm X est l'une de ses plus belles réussites ; School Daze également.

Il a dit...dans les 15 dernières années. Pas les 16 dernières années et plus.

D'après les derniers commentaires de Spike Lee qui avait fait une sortie virulente contre Clint Eastwood parce qu'il n'y avait pas assez de Noirs dans ses films Flags of our fathers et Letters from Iwo Jima, je me serais attendu à une sorte d'hommage rendu aux Noirs qui ont combattu pendant la WW2. Pourquoi alors ne pas avoir choisi de faire un film sur le 761st Tank Battalion ? Est-ce que recréer des combats de blindés est si difficile et coûteux avec les moyens fournis par l'informatique de nos jours ? Peut-être Spike Lee ne connaît-il tout simplement pas cette célèbre unité blindée et, si c'est le cas, c'est tout à son déshonneur. Ça ne me surprendrait pas outre mesure puisqu'il fallait être un peu méconnaissant de l'histoire des Noirs pendant la WW2 pour réclamer de voir des Afro-Américains pendant la bataille d'Iwo Jima. Ils n'étaient pas légion...

Erich_von_Gustav a écrit:

je me serais attendu à une sorte d'hommage rendu aux Noirs qui ont combattu pendant la WW2.

Spike Lee étant une figure importante du Black Power au cinéma, je m'attendais aussi à un hommage aux combattants Noirs, mais rien de tout cela dans Miracle à Santa-Anna. Il s'agit d'un simple film de guerre, banal, longuet, poussif et filmé avec un académisme déconcertant...

Je vais le regarder quand même malgré tout, mais je suis souvent en accord avec tes critiques et j'ai bien peur d'être déçu aussi.

Erich_von_Gustav a écrit:

Je vais le regarder quand même malgré tout, mais je suis souvent en accord avec tes critiques et j'ai bien peur d'être déçu aussi.

Tout ce que j'espère, c'est ne pas influencer ton jugement par avance...
Par contre, j'ignore comment tu comptes te le procurer, vu qu'il n'est, il me semble, pas encore sorti en DVD et qu'il n'a jamais été diffusé dans les salles françaises classiques...

Je ne vois vraiment pas en quoi Inside man est une erreur de parcours. D'accord, ce n'est pas le meilleur Spike Lee, mais ça n'en demeure pas moins un polar de très bonne facture, et un film somme toute plus captivant qu'un He got game, par exemple. Et puis ce n'est pas parce qu'un réalisateur fait deux films de suite qui ne te plaisent pas qu'il faut en conclure qu'il a « perdu son génie »... Je suis toujours étonné par la vitesse avec laquelle tu enterres des réalisateurs dés qu'ils font quelque chose qui ne te plaît pas... Comme la fois où tu recommandais à Carpenter de prendre sa retraite sous prétexte que tu n'avais pas aimé son deuxième épisode des Masters of horror...

X-Files_Arpanet a écrit:

Erich_von_Gustav a écrit:

Je vais le regarder quand même malgré tout, mais je suis souvent en accord avec tes critiques et j'ai bien peur d'être déçu aussi.

Tout ce que j'espère, c'est ne pas influencer ton jugement par avance...
Par contre, j'ignore comment tu comptes te le procurer, vu qu'il n'est, il me semble, pas encore sorti en DVD et qu'il n'a jamais été diffusé dans les salles françaises classiques...

Il sortira probablement en version originale anglaise quelque part, ici au Québec.

Erich_von_Gustav a écrit:

X-Files_Arpanet a écrit:

Erich_von_Gustav a écrit:

Je vais le regarder quand même malgré tout, mais je suis souvent en accord avec tes critiques et j'ai bien peur d'être déçu aussi.

Tout ce que j'espère, c'est ne pas influencer ton jugement par avance...
Par contre, j'ignore comment tu comptes te le procurer, vu qu'il n'est, il me semble, pas encore sorti en DVD et qu'il n'a jamais été diffusé dans les salles françaises classiques...

Il sortira probablement en version originale anglaise quelque part, ici au Québec.

Le film est prévu, pour le 10 Février 2009, avec piste anglaise, française et espagnol.

Merci du tuyau JackieBoy !

Picrotal a écrit:

Je ne vois vraiment pas en quoi Inside man est une erreur de parcours. D'accord, ce n'est pas le meilleur Spike Lee, mais ça n'en demeure pas moins un polar de très bonne facture, et un film somme toute plus captivant qu'un He got game, par exemple. Et puis ce n'est pas parce qu'un réalisateur fait deux films de suite qui ne te plaisent pas qu'il faut en conclure qu'il a « perdu son génie »... Je suis toujours étonné par la vitesse avec laquelle tu enterres des réalisateurs dés qu'ils font quelque chose qui ne te plaît pas... Comme la fois où tu recommandais à Carpenter de prendre sa retraite sous prétexte que tu n'avais pas aimé son deuxième épisode des Masters of horror...

Pour ce qui est d'Inside Man, je me répète : je n'ai pas accroché à l'histoire et je l'ai trouvé très banal, que ce soit dans son développement ou sa réalisation. Et, oui, je lui préfère sans hésiter He Got Game (faut dire que j'ai toujours beaucoup aimé le basket) ou encore She Hate Me malgré l'utilisation abusive de scènes de sexe.

Pour ce qui est de son génie, petite nuance : je n'ai pas dit qu'il l'avait perdu mais qu'il était en train de le perdre. Appréciant énormément cet auteur, j'espère sincèrement qu'il saura redresser la pente. Mais, de toute manière, je ne vois pas en quoi cela te chiffone : cet avis n'engage que moi et, à mes yeux, Spike Lee se montre très peu inspiré ces derniers temps, tout comme Shyamalan.

Quant à Carpenter, le résultat était tellement décevant que je me demandais comment un cinéaste aussi talentueux avait pu pondre une telle merde. Surtout au vu de Cigarette Burns. Mais bref, c'est un autre débat.

Merci, JackieBoy, pour l'information au sujet de la sortie DVD (dont je me dispenserai, évidemment ! ).