The Truman Show (1999) Réalisé par
Peter WeirÉcrit par
Andrew NiccolMusique de
Burkhard DallwitzAvec
Jim Carrey, Ed Harris, Natascha McElhone, Laura Linney, Noah Emmerich, Holland Taylor, Brian DelateTandis que la télé-réalité bat son plein,
Peter Weir passe par Hollywood pour remuer dans les brancards, signant avec
The Truman Show une satire sociale dévastatrice. Pamphlet à l’égard de l’hypocrisie humaine (chaque habitant de Sea Heaven arbore une facette), du voyeurisme collectif (le monde entier s’introduit dans le quotidien de Truman à son insu), et plus largement de la société de consommation (le public avale de la pub à longueur de temps, à un niveau quasi subliminal) ;
The Truman Show est aussi et avant tout une comédie touchante comme le début d’une nouvelle carrière pour son acteur principal :
Jim Carrey.
Lui qui ne s’exprimait qu’à travers des rôles loufoques (
The Mask, Ace Ventura, Dumb & Dumber) trouve dans
The Truman Show le moyen de se démarquer de l’étiquette qui lui collait à la peau, et de prouver au plus grand nombre que la comédie n’est pas le seul domaine dans lequel il puisse exceller – point qu’il confirmera avec force dans
Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Candide, naïf, débonnaire, Truman Burbank renvoie à l’archétype même du produit de l’
American Way of Life. Et
Andrew Niccol se fera une joie de démonter petit à petit cet idéal aussi surfait que répugnant. Où, parce qu’il en a les moyens, l’Homme aime à se prendre pour Dieu, pensant être en mesure de décider qui doit vivre et qui doit mourir. En clair,
Andrew Niccol fait de
The Truman Show une comédie splendide, doublée d’une fable philosophique retentissante.
Pour ce qui est de l’aspect plus technique de l’œuvre,
Peter Weir exploite le concept de télé-réalité avec parcimonie. Que ce soit dans la mise en scène (les acteurs faisant de la pub pour les sponsors de l’émission) ou les jeux de caméra (transformant le
Truman Show en un espionnage malsain), réalisateur et monteur ne se permettent aucun pas de travers – malgré un académisme certain dans leur approche. Enfin, notons le score magistral de
Burkhard Dallwitz. S’il se contente de reprendre les partitions des plus grands pianistes en début de film, le compositeur amène progressivement des thèmes propres au
Truman Show, oscillant – sans jamais perdre pied – entre des accompagnements doucereux (la séparation et les retrouvailles avec le père) et des morceaux entraînants (le thème d’ouverture) voire explosifs (la fuite dans les bois, la tempête…).
Même si
The Truman Show aurait pu jouir d’une réalisation plus personnalisée et plus créative, l’oeuvre d’
Andrew Niccol et
Peter Weir ne démérite nullement son succès. Chaque visionnage est une nouvelle occasion pour apprécier la profondeur du métrage d’une part et le talent incommensurable de
Jim Carrey d’autre part. Un chef-d’œuvre ? Je ne m’avancerais pas autant mais comment blâmer ceux qui franchiront le pas ? À découvrir et redécouvrir jusqu’à la fin des Temps…
Histoire : 5/5
Acteurs : 4/5
Musique : 4/5
Réalisation : 3.5/5Note : 16.5/20Matez la tignasse de Peter Krause
! On est loin de Six Feet Under et The Lost Room...