Le "mondo"

J'aime beaucoup le 1er mondo ("Mondo cane") de Paolo Cavara et Gualtiero Jacopetti (ainsi que -à un degré moindre- sa suite, "Mondo cane 2 - L'incroyable vérité", composée à partir de séquences tournées et non incluses dans le 1er) qui conserve toujours le même pouvoir de fascination 50 ans aprés, voire certains autres mondos des 2 réalisateurs (comme "la femme à travers le monde"...).

Le 1er du titre provoqua d'ailleurs un parfum de scandale à sa sortie en France (le film fut d'ailleurs nommé pouer la Palme d'Or à Cannes en 1963 !), personne n'ayant encore vu un truc de ce genre au cinéma !

En revanche, je n'aime pas du tout les mondos racoleurs du genre "Faces to death", qui font dans le sensationnalisme gratuit, et sont dénués de vraies qualités artistiques et portée sociologique, contrairement à leur modèle...

"Mondo cane" ouvrit donc la voie à un genre de film trés particulier : le Mondo, films d'exploitation à portée soit-disant documentaire (mélangeant le vrai avec le faux, mais utilisant une technique de narration et de filmage -genre caméra à l'épaule- faisant croire que tout est constamment réel).

Le Mondo met en avant le côté brutal et sulfureux des choses : la réalité y est souvent montrée dans ce qu'elle a de plus pervertie, ou tout au moins grossière, le monde comme violent ou obsène, les être humains comme "bêtes et méchants", ou encore la vie comme "vide de sens".
L'ensemble est entouré d'une voix-off (parfois racoleuse) tendant à commenter et à sensibiliser les gens sur le côté cru ou absurde de la réalité.
Les propos (soit-disant) rapportés le sont généralement des 4 coins du monde, le "mondo" ayant pour objectif de montrer via un panorama complet ce qu'il se passe sur notre belle planète.

En vérité, les intentions premières du "mondo" sont souvent le sensationnalisme, et de choquer coûte que coûte... Encore faut-il savoir faire cela avec talent et discernement !

Au fur et à mesure de ses origines cinématographiques, les mondos s'écarteront de plus en plus de l'aspect socioloques si présents dans les films de Paolo Cavara et Gualtiero Jacopetti, pour dévier de plus en plus vers le simple film d'horreur et le pseudo-snuff.
La réalisation subtile des films de Cavara et Jacopetti (scènes trés choquantes arrivant sans crier gare, juxtaposition de musique de fête et de musique mélancolique, créant ainsi le malaise...), disparaîtra purement et simplement.
Ainsi, aux "Mondo Cane" (1962 puis 1963 pour le deuxième volet), "La femme à travers le monde" (La donna nel mondo - 1963), "Adieu Afrique" (Africa addio(film trés controversé)- 1966), succéderont dans les années 70s et 80s des titres comme "Shocking Asia" (1975), "Death snow - les derniers cris de la savane" (1975), "Faces to death" (qui connaîtra quelques suites), "Libidomania : le sexe interdit" de Bruno Matteï ( )
etc, etc...



"Mondo Cane - cette chienne de vie" en entier (VF) :

Assurément les principales influences des films de cannibales qui vont suivre en Italie.

Voilà un sous-genre qui est mort de lui-même avec l'apparition de l'internet.


J'ai vu Africa Addio - Director's Cut, réédité par Blue Underground. Ça m'a suffit, je dois l'avouer.
J'aimerais bien voir Mondo Cane, mais ne suis pas particulièrement porté vers ce type de films.

Jamais vu Faces of Death non plus, malgré la réputation du truc.