Alors que la mode de films en found footage semble se tarir, un nouveau concept fait son apparition : le film dont vous êtes le héros. Après le mauvais "Day of the mummy" dans lequel se compromettait un Danny Glover à la carrière ternie depuis longtemps et un "Hardcore Henry" au potentiel sympathique mais montrant assez rapidement ses limites, voici venir "Pandemic" ! Un virus très original transformant ses porteurs en infectés/enragés/zombies s'est emparé de plusieurs grandes villes américaines. Los Angeles résiste vaille que vaille mais il faut trouver des survivants et un vaccin au plus vite. Une équipe est donc envoyée au cœur de la cité des anges, évidemment à ses risques et périls !
Comme ses deux prédécesseurs susnommés, le film de John Suits épuise ses cartouches très rapidement. Le principe de mise en scène fatigue la rétine et la plupart des sens une fois que la caméra se met à virevolter vers les quatre points cardinaux. En plus, "Pandemic" triche régulièrement avec son principe de vue à la première personne et ne provoque jamais (mais vraiment jamais) une quelconque implication dans l'action. Le "bataillon" se résume à quatre individus dont on se partage la vue subjective et aucun d'eux n'est réellement attachant car à part le docteur incarné par Rachel Nichols, leur personnalité n'est pas développée.
Le film agace aussi par ses incohérences. L'idée d'envoyer quatre personnes à bord d'un bus scolaire blindé à la hâte avec comme armes des battes de baseball et un ou deux fusils est ridicule. Tout comme de les faire entrer en ville par un tunnel envahi de malades particulièrement agressifs. Notion de crédulité cinématographique mise à part, cela ne fonctionne simplement pas. Certes, ça "met dans le bain" assez vite avec une attaque du véhicule par les enragés mais ça demeure grotesque sur le principe. Puis le film se calme bien vite.
Nos quatre "héros" errent donc dans les rues de downtown L.A, croisent des survivants, la plupart à un stade différent de la contamination et donc jamais soignables, se font attaquer par des groupes de trois ou quatre infectés car le budget ne permet pas plus, se disputent car ils ne sont pas d'accord sur la procédure à suivre...ce n'est jamais intéressant et le concept de vue à la première personne perd presque immédiatement de sa substance. Mais "Pandemic" se perd aussi tout entier dans des séquences de dialogues très pauvres car une fois encore, il ne s'agit pas d'un blockbuster pouvant aligner des scènes d'action intenses toutes les cinq minutes.
Alors on regarde sa montre, on s'ennuie, on s’impatiente, on lève souvent les yeux au ciel devant tant de bêtises d'écriture, face aux clichés alignés les uns à la suite des autres et une fois le générique de fin entamé, on en vient à se demander si cette nouvelle manière d'aborder le cinéma ne serait pas morte-née. On peut l'espérer en tout cas car ça ne sert finalement à rien en plus de donner mal à la tête, vraiment. "Hardcore Henry" est très loin d'être parfait mais il essayait des choses dans sa mise en scène et réussissait parfois à surprendre. Ici, il n'y a rien. Aucune tentative. On est loin de la scène "FPS" de l'adaptation cinématographique de "Doom" qui en une poignée de minutes en donnait dix fois plus que l'intégralité de ce "Pandemic" qui fait penser à un "28 jours plus tard" arthritique filmé à la Go-pro. Le plus amusant reste alors l'affiche avec son personnage de héros qui n'apparait pas dans le film, pas plus que la ville à feu et à sang d'ailleurs. Ca pour le coup, c'est du vrai poster d'exploitation !^^ Le reste, par contre, est nul.