EL - Tourments, de Luis Bunuel (1952)

Réalisé par Luis Buñuel
Écrit par Luis Buñuel & Luis Alcoriza
D’après le roman de Mercedes Pinto
Musique de Luis Hernandez Breton
Avec Arturo de Gordova, Delia Garces, Luis Beristain



Histoire : 4.5/5
El s’impose comme le meilleur film traitant de la paranoïa. Je ne connais d’autres métrages aussi puissants et bien mis en scène pour exprimer cette pathologie envahissante. Francisco est un gentleman galant, riche et séduisant malgré son âge avancé. Un jour, il rencontre Gloria, jeune femme charmante mais déjà promise à un autre. L’amour étant plus fort que tout, les deux amants finissent par se marier. Quelques temps plus tard, Gloria tombe par hasard sur son ancien promis et elle lui confie le cauchemar qu’elle vit aux côtés de Francisco. Sous ses airs de gentilhomme, Francisco est en réalité un homme possessif, jaloux, paranoïaque, faisant vivre un calvaire à la belle et jeune Gloria, la transformant en propriété que nul ne peut approcher.



Réalisation : 4/5
Luis Buñuel fait montre d’un talent évident, non pas dans la forme mais dans le fond. Les scènes qu’il expose à l’écran sont en effet de toute beauté, ne lésinant pas sur les informations importantes et cruciales à l’histoire. Alors que certains auraient besoin de beaucoup de parlotte pour introduire ces éléments fondamentaux au récit, Buñuel use de non-dits, de silences évocateurs, de gestes et de regards pour porter le message aux spectateurs. Une mise en scène sans concession qui fait encore mouche, plus de 50 années plus tard.



Acteurs/Personnages : 4.5/5
Si le jeu d’Arturo de Gordova semble douteux en première partie de film, il redore son blason dans la seconde. Gordova incarne avec merveille son personnage de Francisco, être jaloux et tyrannique le conduisant tout droit à la paranoïa. Delia Garces est également convaincante dans le rôle de Gloria, son jeu est excellent, bien plus moderne que celui des actrices de son époque. La jeune femme joue juste et bien, rendant son personnage très humain et naturel. Quelque soit leur rôle, les autres acteurs ne font jamais taches et délivrent une prestation honorable.
Le personnage de Francisco est l’archétype même du paranoïaque en puissance, de quoi faire baver tout psychopathologue qui se respecte. En effet, Francisco présente tous les traits caractéristiques du paranoïaque : hypervigilance, hypertrophie du Moi (lui seul détient la vérité, et est omnipotent), jalousie excessive, narcissisme envahissant, sentiment de complot. Francisco fait d’El une œuvre très intéressante, tant d’un point de vue psychologique que cinématographique.



Musique : 3.5/5
Des thèmes enivrants mais qui ne présentent rien de révolutionnaire pour l’époque. La musique soutient convenablement les scènes, renforce la poésie ou l’angoisse de certains passages. Luis Hernandez Breton peut être fier de lui bien que la musique d’El ne soit pas l’élément le plus fort du film.



El demeure une film magnifique et unique en son genre. La paranoïa et la jalousie sont au cœur du sujet, et l’acteur (Gordova) comme le personnage (Francisco) nous entraîne dans les tourments d’un homme « fou amoureux ». À voir impérativement !

Note : 16.5/20