Fay Grim (2006,Hal Hartley)

Écrit & Réalisé par Hal Hartley
Musique de Hal Hartley
Avec Parker Posey, James Urbaniak, Jeff Goldblum, Saffron Burrows, Liam Aiken, Elina Löwensohn, Leo Fitzpatrick, Chuck Montgomery, Thomas Jay Ryan



Dès son générique, Fay Grim ne partait pas sous les meilleurs augures. La découverte d’un format numérique assez fade, des plans hachés à l’ordinateur… Pourtant, le générique passé, le film de Hal Hartley laissait son audience se fondre dans un début haletant – au sein duquel la femme d’un défunt poète se retrouve impliquée, malgré elle, dans une affaire de terrorisme et de complot internationaux –, magnifié par un score musical trépidant ainsi qu’un Scope numérique, il faut bien l’admettre, très bien maîtrisé et dosé – notamment via des cadrages obliques et une photographie des plus respectables. De surcroît, Fay Grim peut se vanter de bénéficier d’un casting fort convaincant, alternant brillamment entre comédie et drame. Qu’il s’agisse de Parker Posey, en veuve dépassée par les événements. De l’excellent James Urbaniak, en frère mystérieux et froid. Ou de Jeff Goldblum, dans la peau de cet agent de la CIA prêt à tout pour mener à bien son enquête.



Seulement voilà, à mi-parcours, Fay Grim révèle son vrai visage. À savoir celui d’un thriller raté, bavard, abscons, bordélique et chiant comme la mort. La prestation des acteurs est alourdie par une mise en scène théâtralisée, presque grand-guignolesque, et en raison d’une galerie de personnages surpeuplée. Le suspense tombe à plat au bout d’une heure. Et l’intrigue nerveuse du début s’enfonce rapidement dans des dialogues verbeux interminables, enchaînés à une telle vitesse que le public n’a pas le temps de saisir la logique de l’histoire ni les pseudo explications ou rebondissements du scénario. Par conséquent, le développement devient sans queue ni tête, très stéréotypé (bonjour les caricatures d’agents de la CIA et de terroristes islamistes !!), mais surtout terriblement étiré et ennuyeux. Fay Grim oscille très maladroitement entre film noir, thriller et film d’espionnage, jusqu’à se casser la gueule. Un moyen-métrage d’une heure aurait permis à Fay Grim d’évoluer efficacement, rapidement. Mais, avec cette heure de trop (durement traversée), le spectateur lâche prise au mieux au bout de 45 minutes, au pire dès l’introduction. Et ce ne sont pas les quelques touches d’humour parsemant l’ensemble qui pourront sauver Fay Grim de la noyade.
À se prendre pour Tom Clancy ou Michael Crichton, Hal Hartley se vautre littéralement et signe un navet en bonne et due forme.



Note : 8/20