Naked Lunch (1991, David Cronenberg)

Entre Videodrome et eXistenZ, David Cronenberg nous dessert ce qui constitue sans doute son plus grand délire psychotique à ce jour. Mais s’il est le plus grand, il ne correspond pas pour autant à son meilleur. Eh oui, un tel parti pris – imposer son art coûte que coûte – est à double tranchant. D’un côté, on ne peut qu’être désappointer par cette histoire délirante (au sens propre du terme), perdue entre l’onirisme et la paraphrénie, au sein de laquelle William Lee voit en ses machines à écrire des agents à l’apparence de coprophages, poussant l’homme à investiguer sur la conspiration en cours et à ébranler leur société rivale, Interzone Incorporated. D’un autre, le scénario se dégage de tant de logique, de rationalité et de cohérence qu’il en devient confus, abscons, décousu et bien souvent ridicule. En effet, difficile de ne pas sourire face à ces machines vivantes en train de souffrir ou ces espèces d’Extraterrestres humanoïdes dont on exploite le sperme illégalement. Bref, Cronenberg hésite perpétuellement entre premier degré (suscitant ainsi presque autant d’horreur que de ringardise) et second degré (où l’on rit tout de même modestement), ce qui confère au Festin Nu un effet casse-gueule assez désagréable.







Heureusement, tout fan trouvera consolation dans la photographie soignée (rendant le climat d’autant plus étouffant et malsain) et la flopée d’acteurs sidérants (Peter Weller plus sombre que jamais, Judy Davis parfaite en junky, Robert Silverman tout bonnement excellent) parcourant l’œuvre de Cronenberg. Comme de coutume, le score d’Howard Shore a de quoi laisser perplexe : accroissant la bizarrerie et l’ambiguïté du script – par des accroches expérimentales déstabilisantes – d’une part ; et aggravant notre ennui – via un thème jazzy réitéré à longueur de temps – d’autre part.
Pour résumer, David Cronenberg pousse peut-être la limite de l’acceptable un peu trop loin. Le spectateur a tendance à s’égarer au milieu de ce scénario bordélique, vomissant sur la logique et les conventions pour mieux s’accaparer l’aspect d’un cauchemar éveillé. En contrepartie, Le Festin Nu permet également de retrouver les obsessions et leitmotivs d’un cinéaste marginal : formes phalliques s’extrayant d’un orifice mi-organique mi-mécanique, cafards géants s’exprimant à l’aide d’un cloaque dorsal, symboles psychosexuels omniprésents, thématique de la transformation, etc. Seulement, cette superbe forme se voit bien souvent entravée par un fond chaotique. Mais vous, quel est votre avis concernant Le Festin Nu ?





Note : 11.5/20

Le Festin Nu est un des films qui réussira toujours à diviser les opinions.Dans la majeure partie,on aime ou l'on déteste.Entre deux est assez inhabituel(pas anormal non plus).Personnellement je trouve que ce film est une réussite(hé oui!),car rares sont les métrages qui osent sortir des sentiers battus pour nous livrer une oeuvre somme toute déstabilisante et délirante de cet acabit,sans être risible.Un des Cronenberg les plus fascinants.À voir et revoir.

chainsaw a écrit:

Un des Cronenberg les plus fascinants.À voir et revoir.

Je lui préfère Videodrome et de loin !

Sa a l'aire fuc* top comme film !

Killer-Man a écrit:

Sa a l'aire fuc* top comme film !

Moins que chez David Lynch ou Alexandro Jodorowsky mais oui c'est bien barré tout de même !

X-Files_Arpanet a écrit:

chainsaw a écrit:

Un des Cronenberg les plus fascinants.À voir et revoir.

Je lui préfère Videodrome et de loin !

Sincèrement,j'ai énormément de difficulté à comparer ces deux métrages.

Quelqu'un a lu le roman de Burroughs au fait ?

Picrotal a écrit:

Quelqu'un a lu le roman de Burroughs au fait ?

Pas moi.Désolé.

chainsaw a écrit:

X-Files_Arpanet a écrit:

chainsaw a écrit:

Un des Cronenberg les plus fascinants.À voir et revoir.

Je lui préfère Videodrome et de loin !

Sincèrement,j'ai énormément de difficulté à comparer ces deux métrages.

Tous deux entrant dans la même catégorie de Cronenberg (les "organiques"), je trouve la comparaison assez facile. Tout comme avec eXistenZ d'ailleurs.

chainsaw a écrit:

Picrotal a écrit:

Quelqu'un a lu le roman de Burroughs au fait ?

Pas moi.Désolé.

Moi non-plus. Et toi Picrotal ?

Un film que j'ai vu sous tous les formats possible (cinéma, TV, VHS et DVD) et pour lequel je reste pour le moins sceptique....
Du coup je l'ai acheté assez récemment en espérant tôt ou tard réussir à intégrer le "délire" visuel de Cronnenberg.
Apparement le livre est nettement plus barré (selon ma soeur qui l'a lu et qui n'a pas franchement apprécié l'adaptation).
Par contre comparer Vidéodrome et ce film, je ne vois pas vraiment de points commun....(autant comparer Frissons et Existenz qui sont organiques également mais n'ont pas grand chose en commun non plus !)
Donc a revoir encore une fois pour me faire une idée plus positive sur ce film !

celticxoan a écrit:

Par contre comparer Vidéodrome et ce film, je ne vois pas vraiment de points commun....(autant comparer Frissons et Existenz qui sont organiques également mais n'ont pas grand chose en commun non plus !)

Ben, tout de même. Que ce soit Videodrome, Le Festin Nu ou eXistenZ, il s'agit toujours de machines devenant organiques : une VHS, une télé, une machine à écrire, une console vidéo.

Par contre, Frissons et eXistenZ, j'ai déjà plus de mal à faire le rapprochement. Frissons et surtout Rage me font plus penser à Scanners.

Bien évidemment, rapprochement ne signifie pas égalité.

Naked Lunch de David Cronenberg

Très étrange ce film... qui finalement, l'est moins que l'oeuvre qu'il adapte ! Je m'explique. Naked Lunch, le roman original, était bien plus sexuel, gore, malsain et étrange, ce qui était difficilement adaptable au cinéma, alors Cronenberg a joué une autre carte, celle de mélanger la vie de l'auteur et sa propre histoire. Et voilà, ça donne le film Naked Lunch. Magnifiquement bien filmé, très bien joué, personnages fouillés, peu de musique (free jazz) et quand elle arrive, c'est pile au bon moment, fin très étonnante mais dans la continuité de l'oeuvre... juste un sérieux manque de rythme. Mais histoire intrigante !

4/5

Le film le plus fou de Cronenberg, et probablement son chef-d'oeuvre...
Ponctué d'images hallucinantes (voire parfois écoeurantes), l'auteur nous offre une adaptation apparemment trés personnelle d'un roman jugé inadaptable (c'est lui qui, à l'époque, avait dit "si je devais adapter littéralement le roman de Burroughs, il coûterait au moins 200 millions de dollars et le film serait interdit par toutes les censures du monde), en nous en livrant l'essence, créant ainsi un malaise bien palpable en conférant à presque chacune de ses scènes une étrangeté jamais atteinte à ce jour dans sa filmo, cela commençant par le trés bizarre et superbe générique, en passant par le choix de la musique, le rythme contemplatif et hypnotique et, bien sûr, la folie visuelle propre à ses films...
Un superbe film !