Devant l'incapacité de Terence Fisher à pouvoir poursuivre la série en raison d'un accident de voiture, les studios de la Hammer engagent Freddie Francis pour la réalisation de ce troisième "Dracula". On remarque vite que Freddie Francis est meilleur directeur de photographie que cinéaste. Sa mise en scène n'égale en rien celle de Fisher. Christopher Lee, déjà lassé du rôle de Dracula, n'aimait guère le scénario du film. Difficile de ne pas partager son avis : déjà la première scène horrifique n'est pas crédible : on découvre dans une église une femme visiblement vampirisée. Comment cela peut-il être possible alors que le seul vampire connu de la région, à savoir Dracula, est figé dans la glace (et je le rappelle non pas dans les douves du château comme dans le précédent film, mais dans une rivière) donc hors d'état de nuire ? Ce meurtre a-t-il été accompli avant ou après qu'il soit neutralisé dans Dracula Prince des Ténèbres ? Ce film change également certaines "règles" établies par les films précédents. Ainsi, pour tuer un vampire dans ce film, il ne suffit plus seulement de lui percer le coeur avec un pieu, mais également de prier. Je suis catholique, mais je trouve ce type de nouveauté risible. Inférieur sur le plan artistique aux films de vampires signés Terence Fisher, Dracula et les femmes déçoit aussi relativement niveau scénario. En regardant les affiches et les images dérivées, j'avais espéré que les scénaristes, au lieu de continuer à réduire Dracula à la simple fonction de "monstre à abattre", auraient mieux exploiter le personnage, l'humaniser par exemple, tisser une relation amoureuse entre lui et une de ses victimes comme le feront plus tard John Badham ou Francis Ford Coppola. Parce que le principe d'une série faite à partir d'un très bon film, c'est que le schéma ne se répète pas toujours et qu'il y ait du nouveau. Mais le film n'innove que fort peu, malgré quelques idées comme celle du prêtre s'alliant au comte. Heureusement, le charme agit et il y a tout de même quelques bons moments (les scènes de vampirisation, le final…) et une héroïne pulpeuse et gracieuse à souhait. À noter que le moment où Dracula mord pour la première fois Maria est une scène hautement symbolique, métaphore sexuelle renforcé par cette image où la jeune fille lâche sa poupée. Au final, Dracula et les femmes est bien loin d'égaler les réussites de Terence Fisher, mais reste un divertissement "hammerien" appréciable qui offre un bon moment horrifique.