The Great Ecstasy of Robert Carmichael (2005, Thomas Clay)

Date de sortie : 26 Avril 2006
Réalisateur : Thomas Clay
Film britannique.
Genre : Drame
Durée : 1h 36min.
Année de production : 2005
Interdit aux moins de 16 ans
Distribué par Pretty Pictures

D'après mes recherches sur le forum il semblerait que ce film n'a pas encore été traité. J'en ai bouffé du gore, du "visuellement insoutenable", des plans qui vous foutent tellement la trouille que vous vous enfoncez de plus en plus dans votre canapé.. mais celui là je peux vous jurer que ça a été une de mes plus grandes surprises. Tout d'abord parce que je ne m'étais pas du tout préparée (je l'ai regardé en bouffant mes céréales, juste à mon réveil...) mais surtout parce que RIEN dans le film ne vous prépare aux scènes monstrueuses.

Je vous copie colle pour commencer un résumé pioché sur le net. C'est vrai qu'il est difficile d'en raconter plus :

Dans une petite ville côtière anglaise, trois jeunes sont entraînés dans un monde de violence et de tentation. Incapables de reconnaître la différence entre le bien et le mal ils finiront par scandaliser la communauté somnolente et révéler ses jalousies les plus profondes. Brutal et explosif, The Great Ecstasy of Robert Carmichael est un violent défi à la suffisance morale et politique de nos jours. Elliptique, poétique et en même temps imprégné d'un esprit sinistre et ironique, The Great Ecstasy of Robert Carmichael avance inexorablement vers une fin crue et choquante.







Pour ma part, je vais insister sur la manière de filmer de Clay.
Les plans sont très larges et étonnamment oppressants (pourtant tournés la plupart du temps dans de grands espaces en extérieur). De toute façon, qu'ils soient filmés au bord de la mer, dans les maisons, dans l'église, au bord d'une falaise ou dans un terrain de jeu, tout est gris a NewHaven.
En plus d'être larges, les plans sont terriblement lents et nous trainent avec eux. Je prendrais comme exemple les deux scènes de viols. La première ne montre rien : plan fixe sur la porte et le mur, la caméra recule pour nous faire découvrir peu a peu la pièce et ses habitants donc l'inactivité est insoutenable (la fille qui hurle se fait violer dans la pièce d'à côté). Le second viole montre tout, au point qu'on a envi de se fracasser la tête sur le bord de l'écran pour faire bouger la caméra qui ne se déplace pas d'un poil. Ce dernier viol se termine en boucherie et on reste là, en vain, à culpabiliser. Car avec Clay, la caméra c'est nous.
Ce qui fonctionne extraordinairement bien c'est que les décors sont très minimales, au grand air, et pourtant on étouffe à en mourir. Cette asphyxie est dû à la fois au voile brumeux qui pèse sur tout les plans, au jeu des acteurs (peu de dialogues) et à ce vide qui pèse sur Newhaven (boulot pourri des parents, zone des jeunes qui s'emmerdent, défonce quotidienne...). On ne s'attache à rien, tout comme la vie des personnages et pourtant on est porté avec eux partageant morosité, plans foireux et points de non retour.

"Le comédien Daniel Spencer alias Robert Carmichael, se souvient de la projection particulièrement houleuse du film à Cannes : "C'était incroyable, Il y avait des filles qui pleuraient. Je ne pensais pas qu'un film pouvait avoir un tel effet sur les gens... Le plus étonnant, c'est que les gens se battaient pour aller voir le film, il y avait des queues interminables, mais dès le début de la dernière scène, avec la violence qui devient plus réelle, les gens ont commencé à sortir. J'ai mis un certain temps à comprendre que c'est parce qu'ils étaient choqués. On a organisé un débat après la projection, c'était assez tendu, beaucoup de questions délicates ont été posées. Mais c'est intéressant de voir que les gens réagissent tous de façon très forte : certaient sont outrés, d'autres tristes, d'autres encore adorent. Qu'un film puisse produire des émotions aussi fortes, c'est vraiment étonnant." "

Les petits plus :
- la beauté des plans bleu gris (peut être qu'a New Haven , on se fait royalement chier mais sur un écran ça devient bien charmant )
-le fait que le casting soit composé de non-professionnels, dont certains sont originaires de Newhaven même (démarche que j'apréci toujours, là au moins ils savent de quoi ils parlent, ils vivent le truc car ils sont chez eux)


Allez vous aussi un matin, prenez un bol de céréales (et un bol de courage !) et matez ce chef d'œuvre.

Je trouve que le titre est bien trouvé: j'ai cru moi même un instant être sous acide au vu de certaines évolutions du film. Enorme. Merci pour la critique, j'avais zappé ce film ( à tort)

(Et bienvenue à toi tiens, qui est nouvelle aussi...)

Oui de plus qu'il y'a un côté très poétique dans le choix de police du titre sur l'affiche ... C'est franchement mesquin.
Ravie d'avoir pu te remémorer ce film choc et bienvenue à toi aussi apparement !