Neil Marshall est né le 25 mai 1970 à Newcastle (Northumberland, Angleterre). Alors qu'il n'avait que cinq ou six ans, et du propre aveu de ses parents qui le laissaient tard devant la télévision, il se passionnait déjà pour le cinéma d'horreur et se délectait des diffusions de classiques tels que Frankenstein, The Omen ou un peu plus tard The Shining ou The Thing.
Suite à une scolarité classique, il entre en 1989 à l'école de cinéma de Newcastle Polytechnic au sein de l'université de Northumbria. Aprés de brilliantes études ou il étudia différents métiers du cinéma, notamment la réalisation et le montage, il fut engagé par Bharat Nalluri en 1994 en qualité de monteur et d'assistant réalisateur sur le court-métrage Driven pour la télévision et comme co-scénariste et monteur pour Killing Time pour le cinéma en 1998.
La fin des années 90 lui permit de faire ses armes sur plusieurs projets de faibles envergures avec le montage de deux autres court-métrages The Gatherers et Bully avant de passer à la réalisation fin 1999 avec Combat, là encore un court-métrage resté trés confidentiel.
2002 est une année charniére dans la carriére de Neil Marshall avec la sortie de son premier long-métrage Dog Soldiers qu'il aura réalisé, écrit et monté lui-méme. Le film salué autant par les fans d'horreur que la critique remporta le corbeau d'or et le pégase au festival international du film fantastique de Bruxelles ainsi que le trophée d'argent au festival international du film du Luxembourg.
Dog Soldiers trahit des influences de jeunesse de Marshall et principalement The Howling par rapport à son univers confiné et la représentation trés proche des loups-garous avec ceux du film de Joe Dante. C'est également un film trés gore laissant de la place pour un humour corrosif mais aussi et surtout traitant de différents aspects de la nature humaine mais aussi de ses valeurs comme la fidélité, la volonté, le courage ou encore l'intégrité.
Le film opposant des lycanthropes à des soldats sort des clichés habituels voulant qu'une bande de victimes expiatoires soit donnée en pature à des monstres terrifiants. Il est bien plus crédible de voir un soldat vaincre une menace comme celle présente dans le film plutot qu'une jeune fille d'1,60m et 50kg, ne sachant pas si un couteau se tient par le manche ou la lame (j'exagére à peine).
Pour un premier film Marshall impose un développement certes classique mais aussi une réalisation trés réalistes avec ses scénes d'actions filmées à la caméra à l'épaule d'une grande lisibilité.
Le final quant à lui pourrait passer inaperçut mais il montre au contraire toute l'intelligence du réalisateur qui en un seul plan témoigne d'une grande critique envers les médias (je vous laisse le soin d'y réfléchir...).
Aprés pesque deux ans de travail à l'élaboration du scénario de son deuxiéme long-métrage, Marshall nous revient en 2005 à l'occasion de la sortie de The Descent. Le film considéré comme un classique de l'horreur et accessoirement comme le plus grand succés à ce jour du réalisateur remporta le prix de la meilleure réussite technique aux Evening Standard British Film Awards, le prix d'audience au festival du film de Philadelphie et le prix du meilleur réalisateur aux British Independant Film Awards.
The Descent traite d'un groupe de jeunes spéléologues coincées dans une grotte souterraine et chassées par les Crawlers, des monstres albinos et difformes (cette précision était-elle nécessaire?). Bien au-delà du scénario c'est l'attrait psychologique qui fait de ce film une oeuvre majeure. Marshall développe autant la peur, l'isolement, l'oubli ou l'abandon de soi-méme dans ce métrage d'une trés grande richesse. Voilà un énorme contraste avec Dog Soldiers car si le message de façon générale était positif dans son premier film, il se révéle étre à l'opposé de celui-ci avec The Descent.
Le réalisateur s'impose également à titre personnel avec une réalisation léchée en tout point remarquable montrant qu'il est un maitre du huis clos mais aussi qu'il maitrise parfaitement les scénes dans l'obscurité.
Autant techniquement que par les sujets abordés, le film est une réussite que justifie pleinement son statut.
Changeant quel que peu sont propos, Marshall livre en 2008 Doomsday. Un thriller post-apocalyptique dans un genre proche de Mad Max. Il s'entoure également pour la premiére fois d'acteurs de renom avec Malcom Mc Dowell et sa compatriote Rhona Mitra.
Le film tourné en Ecosse et en Afrique du Sud bénéficia d'un budget de 17 millions de livres.
Doomsday reprend certains codes déjà vus dans ce genre de productions ce qui vaudrat à Marshall quelques critiques quant à son manque d'originalité. Cependant sa réalisation est une nouvelle fois sans failles. Il n'hésite d'ailleurs pas à innover de ce coté là avec certains plans fantastiques et peu communs au cinéma (la scéne de décapitation avec la téte arrivant sur la caméra par exemple).
Comme toujours Doomsday est fidéle aux oeuvres de Marshall tant par le coté gore, l'humour (j'ai bien cru m'étouffer tant je me marrais avec notamment la scéne de la fléche dans la téte du cadavre de la femme du chef punk) ou les sujets existenciels et psychologiques abordés.
Le film montre également un besoin "d'ailleurs" mais aussi un attachement à d'autres genres de son réalisateur comme en témoignent la "dérive" du film vers un monde moyen-ageux, prémices vers ce qui allait suivre...
Et ce qui suit précisément nous améne à 2010 avec Centurion, un film historique traitant des malheurs de la neuviéme compagnie de soldats romains face aux tribus pictes.
Le film délaisse donc le monde de l'horreur pour s'inscrire dans la nouvelle vague du péplum au méme titre que 300 de Zack Snyder ou plus récemment Black Death de Christopher Smith.
Comme pour Doomsday, Marshall s'entoure d'acteurs confirmés comme Michael Fassbender (X-Men) ou la James Bond girl ukrainienne Olga Kurylenko. Au niveau du casting, la petite sensation vient de la présence d'Axelle Carolyn dans la tribus des pictes. Carolyn, actrice et maquilleuse belge est l'épouse de... Neil Marshall depuis 2007.
Centurion est brutal, gore et ne fait aucune concession, comme le pouvait étre l'époque qu'il retranscrit.
Le réalisateur développe une nouvelle fois trés bien ses personnages afin d'en tirer une parfaite ambivalence chez le spectateur mais aussi des éléments psychologiques et questionnement dont Marshall raffole.
Si avec ses précédents films, il a montré tout son savoir faire autant scénaristique que technique, Marshall rompt avec le passé afin de prouver qu'il sait se renouveler et étre parfaitement compétent dans d'autres genres.
Neil Mashall s'attéle actuellement à l'écriture de scénarios parmi lesquels:
- Outpost, un film d'horreur sur des zombies terrorisant une plate forme pétroliére (film dans lequel nous verrons une nouvelle fois toute sa maitrise du huis clos).
- Eagle's Nest, un film de guerre/action se déroulant durant la seconde guerre mondiale, traitant du sauvetage d'un parachutiste en territoire ennemi.
- The Sword And The Fury, un film historique racontant le pacte de la reine Gueniévre avec des bandits de grands chemins afin de retrouver l'Epée d' Exclibur.
- Sacrilege, un western horrifique sur le théme de la paranoia et de l'isolement, se déroulant pendant la ruée vers l'or et inspiré des écrits de H.P. Lovecraft.
- Burst, un thriller horrifique racontant l'histoire de voyageurs bloqués dans une tempéte de neige et attaqués par une entité.
Ce projet semblerait étre le prochain à voir le jour car les négociations ont abouti et Sam Raimi produira le film par le biais de son studio Ghost House.
- The Professionals, la célébre série britannique des années 70 que Marshall souhaite porter au grand écran.
Rien de trés avancé pour ce projet, ce sera probablement pour bien plus tard...
Tous ces travaux montrent que si Neil Marshall fera de nombreuses infidélités au cinéma d'horreur, il ne le quittera jamais vraiment, voilà de quoi étre confiant pour l'avenir.