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 Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.

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Gregg
crazy babysitter
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MessageSujet: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. EmptyMar 3 Jan - 1:50

Bonjour.
J'ai toujours accordé beaucoup d'importance aux vêtements portés par les comédiens d'un film et au travail de costumiers à mon avis un peu trop souvent passé sous silence. Mais il ne s'agit néanmoins pas ici de dresser une liste des plus beaux habits que l'on ait pu apprécier au cours de la vision d'un film mais plutôt de s'attarder réellement sur le pourquoi du port de tel ou tel habit dont la signification peut s'étendre à mon avis au-delà du simple choix esthétique mais qui agirait aussi comme une réflexion de la fonction de tel ou tel personnage, allant même à établir une idéologie véhiculée entre autres par les vêtements mettant ou non en valeur les acteurs ou le caractère de ceux et celles qu'ils incarnent.

Bien-sûr, il existe des codes inhérents à chaque genre cinématographique. Il est difficile d'envisager un western sans un minimum de stetsons, holsters et santiags (même si le genre, bien qu'extrêmement codifié, pourrait cependant se passer de la présence de cowboys) et il est également évident que les couleurs jouent un rôle important dans la personnification des caractères. Ainsi, le héros est souvent en blanc et le méchant en noir, le bien contre le mal, la lumière face aux ténèbres même si une fois encore, des variantes peuvent être apportées comme par exemple dans le premier "Batman" de Tim Burton où le gentil est un être à l'apparence monstrueuse puisqu'il se réfugie sous le costume lugubre d'une chauve-souris géante et vit dans la cave d'un manoir en pleine campagne tandis que sa Némésis évolue à la vue, à l'air libre tout en portant des vêtements excessivement bariolés et chaleureux. Cette application des codes vestimentaires soumise à bouleversement m'a donc toujours intéressée.

Dans le cinéma contemporain (j'entends par contemporain le milieu des années quatre-vingt dix), deux genres cinématographiques se sont vus affublés de costumes qui les ont rarement quittés et qui encore aujourd'hui demeurent d'actualité. Aussi ai-je décidé d'orienter ma modeste analyse sur ces deux uniformes que le cinéma d'horreur et à suspense emploient avec une telle récurrence qu'elle n'est ni due au hasard, ni à de simples gouts de metteurs en scène mais qui à mon avis sont de lourds symboles des univers auxquels ils sont apparentés.

Code vestimentaire # 1 : Chauffe Marcel !

Popularisé par des héros masculins comme Jack Burton ou John McLane, le T-shirt sans manches blanc, appelé en France le "Marcel" a depuis été récupéré à tour de bras par le cinéma d'épouvante, les personnages le portant étant depuis de sexe féminin. Il est quasiment impossible aujourd'hui de ne pas tomber sur un film gore ou horrifique dans lequel l'héroïne ne porte pas un T-shirt blanc.
D'ailleurs, il est important de noter que, avant Kurt Russell ou Bruce Willis, le personnage qui intronisa le règne de la femme en tant que protagoniste principal d'un film d'angoisse sanglant n'était autre que le lieutenant de marine marchande Ellen Ripley, immortalisé par Sigourney Weaver dans le "Alien le huitième passager". Et que porte Ripley à la fin du film lors de son combat ultime contre le xénomorphe qui s'est subrepticement glissé à borde de la navette de secours ? Un T-shirt blanc sans manches !

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Je ne suis pas suffisamment renseignée pour affirmer que si Ridley Scott avait pu (poussé par Giger^^) filmer Ripley nue il n'aurait peut-être pas hésité à le faire. D'ailleurs, dans la bande dessinée et en particulier celles présentes dans des recueils comme "Metal Hurlant", les dessinateurs ne s'embarrassaient parfois pas à donner des vêtements à leurs héroïnes.
Néanmoins, en 1986, lorsque James Cameron tourna la suite des aventures de Ripley contre les monstres baveux, il ajouta des manches au T-shirt et coupa les cheveux de Weaver, masculinisant son héroïne qui passait d'ailleurs du statut de victime obligée de se défendre par la force des choses à celui de guerrière n'hésitant pas à aller affronter les monstres pour sauver une petite fille.

Mais la Ripley de 1979 ne fit pas d'émule ni d'adeptes aussi rapidement et durant les années quatre-vingt, la plupart des films d'horreur ne développa pas cet accessoire vestimentaire en long, large et travers. La plupart du temps, l'héroïne ou Final Girl conservait un maximum de vêtements sur elle, afin de symboliser le fait qu'elles demeuraient comme virginales, comme à l'abri des coups de boutoirs sanguinaires de monstres en tout genre grâce à une armure, une côte de mailles cachant le moindre centimètre carré de peau, l'abus d'étalage de chair étant réservé à des filles de petite vertu qui finiront par être éliminées par le sadique, le vampire ou le redneck mongoloïde.
Ainsi, dans des films comme "Vendredi 13 chapitre 2" ou "Freddy 3 Les griffes du cauchemar", les personnages féminins principaux sont certes des combattantes qui n'ont pas l'intention de se laisser faire, mais à aucun moment elles n'auront à le faire le muscle saillant et la nuque nue.

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Ce qui bouleversera à mon avis l'ordre des choses et poussera à repenser le dress code de l'héroïne ne viendra pas d'une survivante de film d'horreur mais bel et bien d'une nouvelle guerrière , véritable icône cinématographique qui quant à elle subira un destin vestimentaire contraire à celui de Ripley. Peu avenante dans le premier film, Sarah Connor est métamorphosée en machine à tuer toute de muscles et de peau dans "Terminator 2, le jugement dernier", de James Cameron.
Cameron, qui avait rhabillé Ripley dans "Aliens", retire cette fois les manches du T-shirt de Linda Hamilton, probablement fière de son physique de catcheuse aux muscles secs et en fera une femme de tête, soldat de fortune émérite qui une fois encore prend les armes pour défendre l'enfance, ici issue de ces propres entrailles en plus. Sarah Connor devient alors le nouveau fer de lance de la "Sleeveless revolution" et je pense que c'est à partir de ce moment que le cinéma s'est vraiment décidé à codifier ses héroïnes, allant même jusqu'à les formater à foison.
Mais l'ambition de James Cameron était-elle de rendre Linda Hamilton sexy ou au contraire de la montrer comme une créature létale mais néanmoins fragile ?

Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 2i6i4ap Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 2emzuxl

Car ce qui est intéressant dans le cas de "Terminator 2, le jugement dernier", c'est que le T-shirt blanc de Sarah devient noir une fois qu'elle s'est échappée de l'asile et qu'elle a trouvé refuge avec John et le T-800 chez son ami Carlos à la frontière mexicaine. Même si elle était déjà auparavant une guerrière, elle a néanmoins été confrontée au statut de victime puisqu'elle a du échapper aux lames acérées du T-1000.
Mais une fois relativement en sécurité, au moins pour un moment, Sarah change d'apparence et si le T-shirt demeure sans manches, il devient noir comme la colère qui dévore l'âme de la mère du sauveur de l'humanité. Elle prend les armes, se rend chez Dyson et tout le monde connait la suite.
Il ne semble pas que le choix de la couleur soit anodin ou le fait du hasard, mais vraiment que Cameron ait poussé le vice de la transformation mentale de son héroïne par une transformation physique et donc vestimentaire. Un antagonisme nait alors chez le personnage, qui pour faire le bien doit commettre le mal, à savoir tuer Miles Dyson et cet dualité passe par la codification des couleurs. Il convient de souligner que, un an avant Linda Hamilton, Tom Savini affublait déjà sa comédienne de "La nuit des morts-vivants", Patricia Tallman d'un t-shirt sleeveless blanc, en faisant une héritière de Ripley, emboitant le pas à James Cameron même si le film se fit nettement moins remarquer. Mais je pense que la Barbara du remake du classique du film de zombies n'est pas habillée par hasard de cette manière, surtout que et à la façon de Sarah Connor, son personnage subit une "transformation textile" au cours de son calvaire chez les cadavres ressuscités, passant du look d'institutrice névrosée à celui de soldat sexy et déterminée.

Après "Terminator 2, le jugement dernier", l'uniformisation du T-shirt sans manches, ou débardeur, va devenir une sorte de norme, principalement au début des années 2000 et c'est principalement dans le cinéma horrifique que cet accessoire va vite devenir indispensable. Qu'il s'agisse d'Eliza Dushku dans "Détour Mortel", de Jennifer Love Hewitt dans "Souviens-toi l'été dernier", Katherine Heigl dans "Mortelle St Valentin" (bien qu'elle ne soit pas l'héroïne du film de Jamie Blanks) ou Cécile De France dans "Haute tension", toutes portent le débardeur au plus près du corps. Chez Aja par contre, son personnage possède des manches et des cheveux très courts, ce qui la rapprochent de la Ripley de "Aliens"
J'imagine sans peine qu'il y a évidemment une dimension sexuelle et hormonale à cette tenue vestimentaire, qu'il s'agit d'attirer le regard du jeune mâle consommateur de ce genre de films en salles ou à domicile. J'imagine aussi que certaines comédiennes souhaitent être mises en valeur et que les mœurs et mentalités ayant évolués, l'héroïne d'autrefois n'est probablement plus aussi virginale que maintenant mais je persiste à penser qu'il y a autre chose, que ce fichu sleeveless T-shirt signifie quelque chose.
La couleur blanche est très parlante, on en revient aux bases mêmes de cette couleur significative de pureté et d'innocence. Doit-on voir dans ces personnages des anges exterminatrices résignées ? Il n'y aurait qu'un pas à franchir mais le côté religieux n'entre pas en ligne de compte bien qu'il est aisé d'y voir des créatures divines détruire le mal en habit de lumière.
Mais le blanc n'est également pas réellement considéré comme une couleur, à l'instar du noir. L'héroïne vêtue d'un t-shirt sans manche blanc ne serait-elle pas alors une incarnation fantasmée de la morale, mais une morale déviante permettant de donner la mort en toute abnégation ? Car puisque le blanc n'est pas une couleur, le blanc n'existe pas et finalement toute notion de moralité s'estompe, dédouanant ainsi l'héroïne de tout jugement car elle n'aurait finalement pas vraiment assouvi de vengeance car il s'agit toujours de vengeance puisque dans 99.9% des cas, elle aurait eu la possibilité de fuir mais revient éliminer le ou les responsables de ses malheurs.
A contrario, le noir symbole de mal et de haine n'est pas non plus une couleur, et toute notion de bien contre le mal sur un plan purement physique disparaitrait alors, nous confortant dans l'aspect simplement fictionnel de ce que nous venons de voir, nul sang ni nulle violence n'ayant finalement était versé ni ayant été infligée. Les deux parties en opposition seraient alors absoutes de tout péché,ce qui nous ramène qu'on le veuille ou non à la religion.
Alors l'absolution et la rédemption passeraient-elles obligatoirement par l'accomplissement d'un acte définitif les bras nus ? Et quelle autre grande figure iconique possède les bras nus et un uniforme blanc ?

Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 2qso28n

Il s'agit effectivement de la justice. Toutes nos victimes devenues vengeresses ne seraient donc finalement que diverses incarnations de la justice, mais une justice ni aveugle ni équitable punissant le fauteur ou celui qui a versé les premiers sangs d'un fracas rédhibitoire de glaive. Je pense qu'au-delà de la simple tentative de rendre attractive une comédienne, le t-shirt blanc sans manche ou le débardeur possède vraiment une idéologie qui lui est propre, qui va au-delà de la simple apparence. Ainsi, le T-shirt blanc agirait en catharsis, obligeant celle qui le porte à se dépasser, à affronter ses peurs, à remiser ses faiblesses pour devenir plus forte, plus dure, plus féroce que les mâles !

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Voilà. N'hésitez pas si vous en avez l'envie à me dire ce que vous pensez de cette uniformisation dans le cadre du cinéma de genre. J'espère vous avoir un minimum intéressés. Pour ma part, je reviens demain avec la seconde partie de ce sujet sur les codes vestimentaires au cinéma avec un autre uniforme qui lui aussi a fait son apparition il y a un certain nombre d'année avant de revoir le jour sous un nouvel aspect grâce à l'imagination et la déférence d'un jeune metteur en scène un peu fou dont les initiales sont Q.T...

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Gregg
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MessageSujet: Re: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. EmptyMar 3 Jan - 15:13

Félicitations pour ton article remarquable traitant d'un sujet souvent passé inaperçu mais pourtant des plus intéressants. thumleft
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crazy babysitter
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MessageSujet: Re: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. EmptyMar 3 Jan - 15:49

Merci beaucoup pour ce gentil message.

Bonjour.
Il est temps de m'attaquer au deuxième chapitre de cette modeste étude des codes vestimentaires employés dans le cinéma de genre. Cette fois, il ne s'agit plus de s'attarder sur un blanc catharsique mais d'aborder un uniforme qui met en opposition deux teintes, même si l'une des deux est nettement plus répandue que l'autre. Un uniforme qui ,comme le T-shirt sans manches, est associé à un groupe particulier de caractères, le plus souvent issus du mauvais côté de la barrière.

Les codes vestimentaires # 2 : Roller Costard !

Il m'apparait évident de le costume , à ne pas confondre avec le Tuxedo qui s'apparente plus à une tenue de soirée ce qui n'est pas fondamentalement le cas ici, à été remis au gout du jour par un jeune réalisateur excentrique du nom de Quentin Tarantino, qui en revêtit six des huit lascars qui composaient le gang de ses "Reservoir Dogs" ! Ces truands à la moralité plus que douteuse et ambigüe voir totalement absente pour certains d'entre-eux paraissaient alors comme une horde de clones armés et dangereux. Si Tarantino avait doté ses personnages centraux d'un costume noir, ce n'était pas autant "parce que c'est classe et que ça fait distingué" (dixit Joey Faggan dans "The commitments") mais surtout pour rendre hommage (ou plagier diront les mauvaises langues) des petits classiques du cinéma de Hong Kong des années quatre-vingt comme "City on fire" de Ringo Lam, dont le scénario de "Reservoir dogs" s'inspire il est vrai énormément, et "Le syndicat du crime" de John Woo, dont certains plans s'avèrent troublants de ressemblance d'avec le premier film du vendeur de Video Archives à Los Angeles.

Dans les deux cas, on y retrouve des truands plus ou moins nobles possédant un code de l'honneur qui se verra bafoué principalement à cause des évènements dans lesquels ils vont se retrouver précipités. Grand admirateur de Woo et du cinéma chinois, Quentin Tarantino commençait ici à batir une filmographie riche de références qu'il n'a jusqu'à aujourd'hui jamais abandonnée.

Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. Dddyfd Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 2jfen0y

Deux ans plus tard, soit en 1994, Quentin Tarantino remettait le couvert et nous offrait un inoubliable couple de cinéma : Vincent Vega et Julius Winfield. Incarnés par John Travolta et Samuel L.Jackson, ces deux tueurs à gages très caractérisés n'étaient plus vus comme deux méchants ignobles et sans cœur mais clairement comme deux hommes de main qui voyait dans leur activité d'élimination d'êtres humains un métier comme un autre. Aussi Tarantino les présenta donc comme de simples travailleurs de la mort doués de raison, de sentiments et d'une certaine forme d'éthique et de déontologie. Néanmoins, il y a un parallèle vraiment intéressant à établir dans "Pulp Fiction" : le port des vêtements joue sur l'identité et le caractère des deux hommes et surtout de Jules.

Ce dernier, tandis qu'il porte le costume noir, cravate noire et chemise blanche, est un meurtrier sans pitié qui tue de sang-froid les quatre étudiants qui ont essayé de truander leur chef Marcellus, en particulier le personnage joué par Frank Whaley qui n'a aucun moyen de défense. Or, à la fin du film, tandis qu'il s'est par la force des choses débarrassé de son uniforme de tueur et qu'il se retrouve dépourvu de cette apparence d'ange exterminateur, il laisse la vie sauve au jeune couple venu braquer la brasserie. Certains diront alors qu'il ne voulait simplement pas attirer l'attention sur lui car il y avait trop de témoins mais, pour ma part, je pense qu'il est simplement redevenu un homme. Il est toujours en possession d'une arme mais n'en fera pas usage, préférant la sagesse des mots à la violence des balles.

S'agissait-il également pour Quentin Tarantino de se débarrasser temporairement de ce qui l'avait rendu célèbre ? En terminant "Pulp Fiction" sur une touche que je qualifierais à demi-mot de non-violente et en enlevant l'apparat létal de ses deux héros, Tarantino mettait alors un terme à ses démons en costume noir. J'insiste sur le mot "temporairement" car quelques années plus tard, dans "Kill Bill volume 1", les yakuzas sanguinaires du Crazy Eighty-Eight étaient de nouveau habillés de noir et de blanc, tout comme l'était le tueur incarné par James Gandolfini dans "True Romance" (avec une variante certes car il lui manque la cravate.
Le metteur en scène de "Jackie Brown" inspirera une flopée de films de série B dans lesquels de nombreux personnages étaient affublés de ce costume sombre, de "Best men" (les témoins d'un mariage impliqués dans un braquage) à "Une nuit en enfer" (dont il est curieusement l'initiateur suite à une commande de Robert Kurtzmann). Son ami Robert Rodriguez lui même donnera à son mariachi un costard noir et une chemise blanche, et bien-sûr un revolver dans chaque main. Comme si l'on ne pouvait dissocier cet habit d'une arme à feu.

Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 2euh0xx Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 29b0jfd

Comme vu précédemment, les truands en costume noir existaient déjà avant "Reservoir Dogs" et le cinéma asiatique n'avait pas attendu le jeune prodige pour en faire porter à ses héros. Tout comme le polar ou le film noir des années cinquante l'avaient également fait avant lui. Dans "L'inconnu de Las Vegas", la plupart des comédiens en étaient aussi revêtus. Même dans les diverses adaptations des aventures de James Bond, chacun des acteurs incarnant l'agent secret portait l'uniforme distinctif du personnage, soit un costume noir, une chemise blanche et une petite variante puisqu'il n'y avait pas de cravate mais un nœud-papillon.

Il serait alors intéressant de souligner que le nœud-papillon est porté par un individu du bon côté de la barrière chez Ian Flemming, un individu œuvrant pour la justice et la sauvegarde du monde libre mais ce non-obstent, James Bond possède le permis de tuer et certaines de ses méthodes ne sont pas forcément très orthodoxes. S'il demeure un héros positif, il n'en reste pas moins qu'une machine à tuer qui élimine ses adversaires avec une absence de sentiment, tout comme lorsqu'il s'agit de laisser derrière lui camarades ou conquêtes morts au combat. Bond apparait alors lui aussi comme un être maudit par cet uniforme qui fait de lui un assassin, fut-ce pour la bonne cause.

En 1997, dans "Men in Black", Tommy Lee Jones et Will Smith sont également vêtus de noir et blanc, et appartiennent à une unité gouvernementale secrète. Une fois encore, ils sont armés et costumés et leurs agissements impliquent la mort et un contournement de la justice officielle. Le cinéma fantastique n'était pas en reste puisque déjà en 1979, Don Coscarelli fit porter les mêmes vêtements à Angus Scrimm, comédien fétiche et Tall Man de la aaga "Phantasm". Riyuei Kitamura en fera de même en 2007 dans "The midnight meat train" dans lequel Vinnie Jones est un assassin armé de couteaux et de marteaux de bouchers, et habillé lui aussi de noir.
Encore une fois, il s'agit de méchants mais, si l'on connait un peu la mythologie évoquée par ces deux films, il n'en étaient pas à l'origine comme si la malédiction du costume noir changeait des hommes à priori sans histoires en monstre ou en tueur. Ce n'est pas toujours le cas mais il n'en demeure pas moins qu'il est rare de voir un héros à cent pour cent positif arborait un tel uniforme. Et quid de l'agent Smith des "Matrix" alors, lui non plus n'est pas un enfant de cœur ! Sans parler du Louis Cypher de "Angel Heart" !
Les femmes n'ont pas été épargnées par les tourments provoqués par cet habit de mort. Dana Scully dans "Aux frontières du réel" n'est-elle pas la plupart du temps en costume, même adapté à sa féminité ? Elle aussi est armée, travaille pour la bonne cause (du moins le croit-elle) et se retrouve moralement et physiquement atteinte par le mal bien qu'elle soit un élément de l'autorité.

Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 2d6jcqp

Alors comment expliquer les malheurs de ce costume ?
Pour moi, il m'apparait que deux teintes le composent, le noir et le blanc. Même si le noir est prédominant, la nation de lumière (blanche) est encore présente par la présence de la chemise, soulignant donc de prime abord une dualité qui se ressent sur le caractère du personnage (sauf peut-être Vic Vega^^). Si l'on part du principe que le textile qui est plus proche de la peau est le blanc, puisqu'il s'agit de la chemise, il serait évident de rétorquer que les jambes sont en contact direct avec le noir du tissu du pantalon. Certes et j'en conviens. Mais à ce sujet, les jambes n'ont pas d'autre fonction que de mouvoir, que de faire avancer d'une façon ou d'une autre le personnage tandis que la chemise enveloppe la partie supérieure du corps, en particulier l'abdomen, le thorax et les bras. Et d'une certaine façon le cœur...

Et c'est probablement ce qui crée cette dualité dans l'esprit de l'individu qui n'est alors ni totalement bon, ni complètement mauvais. La bonne couleur (considérons le blanc comme tel) est celle qui est la plus proche du cœur et c'est ce qui pourrait alors réguler l'individu. Son cœur (au sens spirituel du terme) l'empêchant de tomber délibérément et sans retour vers les ténèbres. Ainsi, si Mr White n'hésite pas à tuer des policiers sans remords dans "Reservoir Dogs", n'en est-il pas pour autant bouleversé lorsqu'il apprend la véritable identité de Mr Orange ?
En fait, la chemise pourrait alors faire ou agir comme une barrière à l'accomplissement définitif et rédhibitoire de la vilénie, refrénant la plupart du temps les ardeurs sanguinaires du porteur de costume, même si souvent son destin parait scellé soit par la mort soit par une impossibilité de revenir vers une vie plus sereine.

Le costume noir apparait donc comme une armure qui, on l'a vu dans la dernière partie de "Pulp Fiction", libère son porteur du carcan de violence auquel il semble condamné tant qu'il sera sous l'emprise du costume mais le chemise blanche demeure en quelque sorte l'ultime rempart contre l'immoralité absolue. Il n'est donc pas anodin qu'il s'agisse, à quelques exceptions prés, de truands qui dont décidé de se vétir de la sorte. Même si d'un autre côté, le costume noir est aussi un symbole d'autorité puisque les forces de l'ordre peuvent également s'en habiller.
Mais dans les deux cas, les individus seront armés et d'une certaine manière dangereux et en danger, et ce quel que soit le chemin qu'ils aient décidé d'emprunter.


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J'espère que cette analyse concernant le port du costume noir dans le cinéma de genre vous permettra de vous divertir (c'est l'intention) mais aussi peut-être de réfléchir à l'utilisation de certains codes vestimentaires dans le cadre de films que l'on aime (ou non^^).
Le prochain texte portera quant à lui sur les croquemitaines, soit un très vaste sujet.

Bye.
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bburn
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MessageSujet: Re: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. EmptySam 7 Jan - 21:06

tres impressionnant, bravo!
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MessageSujet: Re: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. EmptyDim 26 Fév - 10:03

Il s'agit effectivement de la justice. Toutes nos victimes devenues vengeresses ne seraient donc finalement que diverses incarnations de la justice, mais une justice ni aveugle ni équitable punissant le fauteur ou celui qui a versé les premiers sangs d'un fracas rédhibitoire de glaive. Je pense qu'au-delà de la simple tentative de rendre attractive une comédienne, le t-shirt blanc sans manche ou le débardeur possède vraiment une idéologie qui lui est propre, qui va au-delà de la simple apparence. Ainsi, le T-shirt blanc agirait en catharsis, obligeant celle qui le porte à se dépasser, à affronter ses peurs, à remiser ses faiblesses pour devenir plus forte, plus dure, plus féroce que les mâles !

Tellement l'héroïne du Night Of The Living Dead de Tom Savini!
Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. 120226034029625779


Elle qui prend le dessus de son état de choc, se met à éclater des têtes dégoulinantes et surtout pour ce qu'elle fait, en revenant à la maison à la toute fin.
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Strappado
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MessageSujet: Re: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. EmptyDim 26 Fév - 10:10

Bon boulot l'ami je lis ça avec intérêt Smile
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gabwag
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MessageSujet: Re: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. EmptyJeu 1 Mar - 13:10

Wow, haha belle analyse, j'ai trouvé cela très intéressant Very Happy
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MessageSujet: Re: Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre.   Les codes vestimentaires dans le cinéma de genre. Empty

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