LA MAISON AU FOND DU PARC
( La Casa Sperduta nel Parco / House on The Edge of the Park )
de Ruggero Deodato (1980)Avec David Hess, Giovanni Lombardo Radice, Annie Belle, Christian Borromeo, Brigitte Petronio, Marie Claude Joseph.
Invitant deux pauvres bougres pour les faire tourner en bourrique lors d’une soirée, des jeunes bourgeois vont se rendre compte avec horreur que ce sont deux dangereux personnages qu’ils ont conviés chez eux. Dans la foulée de son cultissime Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato enchaîne pour les mêmes producteur avec ce film a la réputation sulfureuse.
Un film dont le coup est estimé a 300.000 euros, ce qui excessivement peu, pour trois petites semaines de tournage mais qui bénéficie néanmoins des compétences de l'équipe technique du précédent film.
Ainsi donc tous ce beau monde, après avoir affronté un périlleux tournage dans la jungle, se retrouve dans une maison de campagne bourgeoise et cossue...et cela se ressent !
Avant toute chose, disons-le clairement : La Maison au Fond du Parc n'est qu'un plagiat du célèbre et traumatisant film de Wes Craven, La Dernière Maison sur la Gauche.
Le fait de retrouver David Hess comme tête d'affiche de ces deux longs métrages n'est donc pas le fruit du hasard.....
Ici le scénario nous décrit les aventures violentes et sanglantes d'un duo de psychopathe invités dans une soirée bourgeoise par un jeune couple.
Un prétexte pour étaler longuement de nombreuses scènes de nudités et de viols pratiqués par nos deux compères névrosés.
Un film qui, malgré un sujet pour le moins choquant et malsain, réussi seulement a être passablement ennuyant voir lassant.
Contrairement a son modèle américain, le film de Deodato, ne parvient jamais a nous mettre vraiment mal a l'aise.
Hormis une scène ou David Hess lacère une jeune fille vierge avec son rasoir, qui est totalement gachée par des effets spéciaux sanglants ultra-light et peu crédibles (le comble pour l'équipe qui venait de finir Cannibal Holocaust !), le reste est désespérément exempt de tout intérêt.
Le problème est que tout simplement le film ne bénéficie pas de la moindre ambiance malsaine ou de toute tension comme réussissait si bien a le faire ressentir Wes Craven dans son film.
En échange le film n'est qu'une accumulation de scènes de nudité avec des viols a peine crédibles car trop peu "violent" (le violeur crie, distribue une paire de baffe et sa victime est presque consentante voire affectueuse...).
Coté violences physiques et scènes sanglantes (ce qui faisait la réputation du film lors de sa sortie !) elles brillent par leurs absences ou pire, ces rares moments sont complètement discrédités par des effets spéciaux particulièrement mauvais.
Le duo d'acteur incarnant nos deux psychopathes, incarnés par l'américain David Hess et l'italien, Giovanni Lombardo Radice, est assez réussie même si elle reste un cliché . David Hess est le chef, pervers et violent et son acolyte est un jeune déséquilibré nettement moins dangereux. Mais leur bonne composition nous permet de rester dans le film. Pour les autres acteurs, pas grand chose a noter.
Même si Annie Belle (ancienne pensionnaire de la maison Jean Rollin) est assez crédible dans son role de bourgeoise aguicheuse (deux belles scènes : une se passant sous la douche et l'autre devant un frigidaire !), le reste du casting occupe l'espace sans beaucoup de talent.
La musique proposée par le compositeur Riz Ortolani est pour le moins inégale. Sa berceuse "Sweetly" qui revient plusieurs fois dans le film et surtout marquante dans le contraste qu'elle apporte durant les passages violents , est une belle réussite dont le rythme entêtant reste bien présent dans nos esprits.
Mais le reste de sa composition n'est qu'une compilation de ce qui devait se faire de plus exaspérant dans la musique disco de l'époque !
La véritable réussite est le travail de son directeur de la photographie, Sergio D'Offizi, qui donne un cachet très classieux au film de Deodato. Certaines scènes sont particulièrement réussies notamment garce a son travail intelligent et tout en nuances sur la lumière. Ainsi une scène une bourgeoise "allume" l'un des agresseurs est uniquement éclairée par la lumière projetée par le frigidaire dont la porte est restée ouverte.
Le film d'ailleurs possède son petit twist final (vraiment tiré par les cheveux, voir peu crédible en réfléchissant un peu) qui n'est qu'un vil prétexte pour coller au scénario du film de Wes Craven !
La Maison au Fond du Parc jouit d'une réputation grandement injustifiée tant ici l'horreur viscérale de La Dernière Maison sur la Gauche est absente....
Un film qui rate totalement le coche de l'ultra-violence promise, pour au final s'embourber dans une sorte de métrage érotico/horrifique de piètre qualité et aux intentions douteuse.
La Dernière Maison sur la Gauche au Fond du Parc, voila probablement le titre dont rêvaient les producteurs de ce mauvais plagiat.