CARCINOMA ou le film qui vous retournera l'estomac !
Voici ma critique d'un nouveau film extrême mais intense, beau et chirurgical !! Une merveille
Le film sortira en DVD certainement l'année prochaine.
Synopsis: Dorian, un homme travaillant dans une usine de composte, se voit atteins d'une tumeur maligne qui le conduira à l'isolement de son entourage et à son auto-destruction.
"Art Doran" est le pseudo d'un réalisateur très méconnu mais pourtant doté d'un grand talent en terme de réalisation de films extrêmes. Seuls les connaisseurs de ses précédentes oeuvres sauront qui se cache derrière ce pseudo mystérieux qui est important de ne pas révéler par respect pour lui.
Tout ce qu'on peut dire c'est qu'aucun réalisateur depuis Jorg Buttgereit n'a su mélanger les scènes les plus trash accompagnées d'une atmosphère morbide et étouffante, avec la poésie et la fantaisie la plus féerique et la plus merveilleuse qui soit.
Ces films sont paradoxalement les contes de fée du cinéma extrême.
"CARCINOMA" est son nouveau chef d'oeuvre poético-horrifico-dramatique. Abordant un sujet bien plus chirurgical que ses prédécesseurs car ici, et à la manière de l'excellent "Thanatomorphose" d'Eric Falardeau, l'histoire se penchera sur un personnage principal ayant eu la malchance de choper un carcinome. Plus précisément un adénocarcinome vu que la maladie à l'air d'attaquer son tube digestif au niveau du côlon; ce qui explique les quelques apparitions de séquences de défécations plutôt violentes et inattendues qui ne manqueront pas de vous faire grimacer.
Mais connaissant Art Doran, on sait que le but principal n'est pas seulement de dégoûter le spectateur. Car les causes de cette maladie peuvent sembler, dans ce film, bien plus complexes et surréalistes que l'absorption de déchets produit par l'usine de compostage.
Avant l'atteinte de cette tumeur, Dorian était en plein ébat sexuelle avec une jeune et séduisante créature. Une séquence érotique visuellement prenante, envoûtante mais aussi mystérieuse dû à la présence d'un serpent qui, inévitablement, rappellera une reproduction du péché de chair entre Adam et Eve.
La conséquence pourrait être donc, cette punition divine qui poursuivra le protagoniste jusqu'à sa mort atroce.
Une scène d'une bonne dizaine de minutes attira vite l'attention: en effet, Art Doran nous livre un véritable cauchemars morbide au coeur d'un hôpital quasi-désert où seul la mort peut se faire ressentir. Une visite dans les couloirs sombre, un voyage dérangeant et malsain, vision macabre n'offrant que des images de cadavres, d'un convoi funèbre ou de morceau de corps éteins faisant certainement comprendre à Dorian que la mort sera, à présent, omniprésente autour de lui jusqu'à son extinction.
C'est par la suite, que la tumeur fera son apparition avant de se développer dans dans sa fosse iliaque gauche dégradant son corps au fur et à mesure. Même si le rythme paraîtra lent pour certains (en même temps les films de ce réalisateurs n'ont jamais été réalisés pour être dynamiques), la puissance de l'ambiance macabre et des images de douleur involontaire et volontaire du personnage aura de quoi vous retourner l'estomac.
Pourquoi dis-je "volontaire" ? Tout simplement parce que "Carcinoma" reprend une des idées du chef d'oeuvre "Melancholie Der Engel": celle d'affirmer que, contrairement aux animaux, l'Homme a la capacité d'utiliser sa douleur pour en profiter et en faire une source de plaisir. Et Art Doran est du genre à pousser cette douleur/plaisir jusqu'à son paroxysme en même temps que de pousser notre dégoût pour le corps humain en déversant les liquides et déchets corporelles les plus répugnants ! On se souviendra de "Debris Documentar" pour le coup.
En effet, quel délice (ou pas) d'apercevoir le personnage principal touchant sa tumeur à plusieurs reprises jusqu'à y enfoncer son doigt pour l'introduire, par la suite, dans sa bouche. Ou encore le liquide biologique de couleur marron verdâtre coulant de plus en plus de sa partie nécrosée. Le voir attiré par le sadomasochisme au point de prendre la place du soumis afin de se faire fouetter violemment en plein sur sa tumeur (ça coule, ça coule et ça coule...).
Voici l'homme face à la maladie, face à sa punition pour avoir commis le péché de chair, face à sa manie de polluer la planète qu'il l'acceuilli.
Film écologique ? Non pas spécialement vu qu'Art Doran dévoile tout simplement, dans chacun de ses films, son amour pour la nature tout en dégradant l'homme face à ses propres erreurs. Aucun message à faire passer si ce n'est qu'une idéologie misanthrope représentée à l'écran d'une manière poétique et symbolique.
Sans oublier les interventions d'un prêtre dans une église lors de confession finissant par l'abandonner, par ne plus avoir la capacité de s'occuper de Dorian et symbolisant purement le rejet de Dieu et ne laissant plus que la Mort au dessus du malheureux qu'elle attend patiemment.
C'est après l'arrivé d'un nouveau personnage que Dorian commencera progressivement son agonie. Une vieille dame dont la bonté la pousse à prendre soin de lui et à l'accompagner tout au long de son agoni. Nettoyant les écoulements, torchant et nettoyant ses matières fécales, offrant une dose de douceur et d'apaisement pour le condamné souffrant constamment. Petit clin d'oeil à l'excellent "Cannibal" de Marian Dora avec la macabre scène de la baignoire où l'agonisant trempe dans une eau salie par sa tumeur pendant que la vieille femme lui chante une berceuse envoûtante en prenant autant soin de lui que le cannibale envers "sa chair" dans le film cité.
Quant à la scène d'agonie, elle s'avère être un final d'une efficacité époustouflante, aussi beau que gerbant. Ces dernières minutes sont d'ailleurs en parallèle avec l'image d'un lapin pris par l'étreinte d'un serpent. Sa mort suivra en même temps que celle de Dorian dans un moment dur, horriblement réaliste (A coté de ses films, "Cannibal Holocaust" et compagnie peuvent aller se rhabiller concernant les FX gores chirurgicaux), répugnant mais tellement sublime.
"Carcinoma" est une nouvelle pièce maîtresse du cinéma extrême underground.
5/6