Happy end of the world

Onzième épisode :

Procédant vers le nord du continent américain, l'infestion végétale gagne du terrain. Quelques voix d'écologistes tentent de s'élever, mais le peuple des Etats-Unis, coincés entre des cannibales hystériques, des morts-vivants anthropophages et des militaires à la gachette facile, ne leur prête qu'une oreille distraite. « Who cares about the trees ? » (Qui voitures à propos des trois ?) lance un journaliste de la Fox à un écolo barbu qui ressemble à Joe Cocker. Et pourtant... Les arbres se tordent, se gondolent, prennent une teinte rougeâtre et finalement déperissent à une vitesse hallucinante. Vue de haut, les forêts américaines ressemblent à de la marmelade périmée. Plusieurs aviateurs, pris de nausées, perdent le contrôle de leurs appareils et s'écrasent.

On constate également des ravages dans la faune : les animaux qui, par curiosité malsaine, goûte de ces déchets développent des maladies particulièrement horribles et meurent en quelques jours. En explosant. Et en faisant « pop ! ».

Néanmoins, d'autres types de végétaux ont une résistance plus affirmée à la maladie. Les mûriers, par exemple, tout en prenant une couleur proche du jaune ictérique, continuent à donner des fruits en apparence propres à la consommation. En apparence seulement car un jeune enfant, après avoir mangé quelques mûres prélevées d'un plant malade, est subitement atteint de coliques éclaboussantes (les plus désagréables, surtout pour l'entourage) et finit par se jeter sur ses parents pour les dévorer...

La maladie progresse jusqu'à gagner le Canada. Les citoyens de Vancouver observent désabusés leurs fôrets mourir en se tordant dans tous les sens. Conscient du danger qui menace les forêts canadiennes, l'immense chanteur Richard Desjardins, secondé de Joey Keithley, leader du groupe punk culte de Vancouver D.O.A., se rendent devant les pontes de l'ONU pour tenter de sensibiliser le monde entier à ce problème. Hélas, la foule des représentants internationaux n'écoutent rien de leur discours et clament « une chanson ! une chanson ! » en battant des mains. Dépités, les deux artistes interprètent « Tu m'aimes-tu » en version punk et rentrent chez eux.

Mais Richard Desjardins avait vu juste : la maladie gagne à présent le Québec. Les fôrets s'éteignent les unes après les autres, mais l'infestion semble épargner les érables. Les autorités québecoises se félicitent que le symbole de leur pays ne soit pas atteint par le mal végétal, sans se douter une seule seconde que, malgré les apparences, toute la production de sirop d'érable est contaminée. La population québecoise est en danger.

Que va t-il arriver au Québec ? Et, par extension, au Canada ? Et les membres québecois de ce forum auront-ils assez d'humour pour tolérer les infâmes clichés que je leur assène ? Autant de choses que nous découvrirons ensemble dans nos prochains épisodes.

Vive la suite!

Douzième épisode SPECIAL QUEBEC :

Tabernacle ! Voilà-tu pas que l'sirop d'érable il est tout pouaisseux ! Dans les campagnes et dans les villes québecoises, une large épidémie de cannibalisme se développe en moins de soixante-douze heures, ou trois jours, si vous préférez. — Monsieur Charles Bois, dompteur de caribous et amateur de guimbarde, après avoir absorbé plusieurs litres de son sirop favori, se sent le ventre balloné et décide d'aller s'allonger. C'est son épouse qui nous raconte la suite : « Il m'a dit " Honey j'vais m'allonger parce que v'la t-y pas qu'j'ai l'vent qui s'gonfl' comme la baudruche du père André " et j'y ai dit " ben wouais faudrais-tu pas qu'tu nous tombe malade ! " mais quelques heures après il est r'sorti d'la chamb' en marchant comme s'y avait d'l'amidon plein ses jamb's et il faisait des drôles de bruits avec sa bouche alors ça m'a remplie d'effrouai et j'me suis approché en lui d'mandant s'il aurais-tu pas un problème. Alors v'la qu'y s'jette sur mouai et qu'il essaye de me mord', c'qui m'a fait drôle passque on est pas samedi ! » Madame Bois aura tout juste le temps de s'enfuir avant que de se faire dévorer, enfourchant son caribou favori pour démarrer au galop parmi les collines québecoises.

Ce genre de témoignages troublants se multiplient, et le président du PQ s'en alarme à juste titre. Faisant le rapprochement entre les cas de cannibalisme qui atteignent son territoire et la consommation de sirop d'érable, il l'interdit formellement, provoquant des manifestations monstres que la police montée est contrainte de disperser en faisant ruer les chevaux.

Cependant le mal gagne car, comme nous l'avons déjà dit, toute personne mordue développe à son tour la maladie. Les autorités québecoises font appel à l'aide des pays étrangers qui tardent à répondre, à l'exception du président français qui déclare sur TV5 : « Vive le Québec libre ! » On lui fait alors remarquer qu'il faut qu'il arrête de se prendre pour de Gaulle et, vexé, Chirac ne dit plus rien et part en vacances au Maroc, aux frais du contribuable.

Le chaos envahit le Québec : des enfants dévorent leurs parents, des cousins dévorent leurs grands-mères, des aïeux dévorent leurs nièces, et si ma tante en avait on l'appellerait mon oncle. A Montréal, les derniers survivants tentent d'échapper aux assaillants en s'exclamant « au secours ! au secours ! » ou « help ! help ! » selon qu'ils sont dans un quartier francophone ou anglophone. François Pérusse essaye de rédiger une chanson sur le sujet, mais finalement préfère user de sa guitare pour se frayer un chemin parmi les fous cannibales qui viennent d'envahir son studio. — Malgré la situation catastrophique, on compte tout de même quelques bonnes nouvelles : ainsi, personne n'entend plus parler de Céline Dion.

Des artistes québecois organisent un grand concert pour rassembler des fonds d'aide aux victimes, mais les grandes stars du pays ayant depuis longtemps déserté le pays, seuls montent sur scène Jean-Paul Amont et sa grenouille magique, André le joueur d'harmonica-avec-ses-pieds, ou Raymond Papillote qui imite les grenouilles avec l'accent. Autant dire que les gens préfèrent rester chez eux pour regarder des rediffusions de RBO.

En désespoir de cause, le président du PQ décide d'intervenir sur les radios francophones afin que chacun prenne conscience du drame qu'est en train de vivre son pays, mais personne ne comprend ce qu'il dit et tout le monde le prend pour Hubert Reeves. En revanche, le mot PQ fait beaucoup rire les francophones européens, qui ont toujours eu un humour très pipi-caca...

Quant au Canada, il semble peu se soucier du sort de son voisin. « Après tout (se disent ses élus), moins ils seront nombreux, moins ils nous feront chier ! » et ces mêmes responsables d'envisager immédiatement un nouveau projet de constitution canadienne, puisque c'est là le moment idéal de le signer dans le dos du Québec.

Seulement, les cannibales québecois débordent sur les terres canadiennes, et les cas d'agressions se font de plus en plus nombreux. Le mal gagne le Canada anglophone. C'est tout le nord du continent américain qui, malgré sa richesse, l'avancée de ses technologies, sa position géographique privilégiée et ses bibles dans les chambres d'hôtel, sombre dans l'anarchie la plus noire et la plus crasse. Les quelques survivants se retranchent dans des supermarchés (tiens, tiens...) en espérant obtenir de l'aide un jour ou l'autre. Hélas les autres pays du monde sont sur le point d'affronter eux-mêmes leurs propres problèmes, et la règle du chacun pour soi va devenir la norme universelle. Les philosophes capitalistes s'en réjouissent.

Comment le nuage, évoluant à présent vers les terres d'Europe, va participer à la « résurrection » des cadavres sur le vieux continent ? et que va t-il arriver dans les pays arabes, que nous n'avons fait qu'effleurer dans ce récit ? Vous le saurez dans nos prochains épisodes.

P.S. : C'est que de l'humour, chers cousins québecois. Si ça peut vous rassurer, j'ai l'intention d'en mettre mille fois plus dans la gueule de la France...

J'ai enfin pris le temps de le lire et... C'est vraiment drôle !!!

Vivement la suite !!!

Treizième épisode :

La menace cannibalo-zombiesque est à présent avérée. Le gouvernement Bush, ou ce qu'il en reste, n'a plus l'impudeur de nier l'évidence. Le président américain, accompagné de ses quelques conseillers encore valides, adresse un message depuis sa retraite dans les montagnes de Los Alamos. Il déclare : « We are in a deep shit, and God bless the United States of America ! » puis dérègle le micro suite à une erreur de manipulation et devient inaudible. Les pays européens voient progresser le nuage pluvieux dans leur direction et tremblent comme des feuilles, à commencer par leurs dirigeants, mais eux c'est à cause de Parkinson.

Le premier ministre français Dominique de Villepin prend la parole durant un congrès extraordinaire de l'Union Européenne et déclare, avec son style inimitable de poète de gouttière : « Mesdames et messieurs, je vous parle d'un vieux pays. De mon vieux pays qu'est la France. La France, dont je vous parle, et qui est mon pays, et qui est vieux, et qui a marqué l'Histoire. C'est le pays des Droits de l'Homme, la France, mon pays, mon vieux pays, dont je vous parle. C'est pas de la merde, la France. Et si j'insiste sur le fait que je suis français, c'est pour que vous compreniez bien que, étant français, issu du vieux pays de France, patrie des Droits de l'Homme, je suis plus intelligent que vous ! Et qu'il va donc de soi que vous devez, tous autant que vous êtes, amis espagnols, amis allemands, amis anglais, amis polonais, amis grecs, amis belges, et autres amis métèques sans importance, suivre les recommandations de la France qui est mon vieux pays des Droits de l'Homme, et cela sans sourciller ! » Puis il déroule un long manuscrit et lit sa dernière composition poétique devant les membres de l'Union, attérés :

« Fi de tous ces zombies et des fous cannibales
Qui tendent leurs bras noirs sur nos belles nations !
Nous saurons, j'en suis sûr, à quelques conditions,
Les remettre à leur place. Oui, gardons le moral !

Le peuple évidemment est notre gagne-pain,
Il n'est donc pas question que quelques agités
Pour de basses raisons viennent le dévorer,
Car il nous appartient, à nous, politiciens ! »

Les salves d'applaudissement espérées n'arrivant pas, Dominique de Villepin quitte la tribune vexé, et laisse la parole au prime ministre Tony Blair, qui avec ses dents blanches et son néo-libératisme-conservateur-progressiste-populaire-monarchique, parvient à charmer son auditoire et conclut son discours en entonnant « We all live in a yellow submarine, yellow submarine, yellow submarine... »

Mais le nuage s'étend au-dessus des pays nordiques. Immédiatement des cadavres scandinaves s'extraient de leurs tombes et entreprennent de dévorer les vivants. A l'exception du corps du dramaturge Ibsen, qui lui se dépèche d'écrire trois tragédies immédiatement mises en scène, et qui s'avèrent encore plus meutrières que tout le reste par la vague de suicides qu'elle provoque dans la population. Norvégiennes, suédoises, danoises, se font dévorer les unes après les autres, et c'est à vous dégouter de ne pas être un zombie, y en a qui ont tous les bols, je vous jure... Quant à la Finlande, elle est pour le moment épargnée par le cataclysme, tant il est vrai que c'est un pays dont tout le monde tout le temps oublie l'existence...

Ainsi donc, l'Europe se laisse grignoter par le nuage porteur de mauvaises nouvelles, et n'a pour lutter que quelques armes rudimentaires, à savoir la prière, le désespoir et trois ou quatre porte-avions qui prennent l'eau. Comment va évoluer la situation en Europe ? Va t-elle subir, submergée de fous cannibales et de zombies antipathiques, le même sort que l'Amérique ? Vous le découvrirez dans nos prochains épisodes.

Quatorzième épisode :

Oui, les morts renaissent de leurs tombes. C'est une information de premier ordre en Europe, que les médias traitent abondamment, juste après la coupe du monde de football, évidemment.

Alors que le Danemark, la Suède et la Norvège assistent impuissants à la résurrection des cadavres, le mal s'étend aux pays voisins. A commencer par la Russie, où le corps de Lénine reprend vie et s'extrait de son mausolée pour se promener sur la place Rouge. Qui d'ailleurs était vide, et devant lui marchait Nathalie, il avait un joli cul son guide, Nathalie, Nathalie... Comprenne qui pourra... — Il faut peu de temps pour que le cadavre du père de la Révolution Bolchévique de 1917 soit rejoint par le cadavre de Staline, puis celui de Trostky, avec son pic à glace encore enfoncé dans le dos. Les trois morts-vivants se livrent à un combat dantesque pour se disputer le pouvoir, puis décident de se liguer contre Poutine qui s'est depuis longtemps retranché dans son bureau du Kremlin, en hurlant des insanités antisémites et homophobes.

Le peuple russe ne réagit pas vraiment à ces cas de résurrections qui surviennent sur son territoire. Nous avons recueilli le témoignage d'un citoyen de St-Pétersbourg : « Vous savez, on s'est tapé l'URSS, les camps de travail staliniens, Boris Eltsine, les terroristes tchétchènes, la mafia, la pauvreté, et en plus on nous fait boire de la vodka frelatée. Alors que les morts sortent de leurs tombes, c'est presque une bonne nouvelle ! » Vu comme ça, évidemment... Il eût été intéressant de consulter à ce propos les grands écrivains russes, qui comptent parmi les génies les plus marquants de la littérature mondiale, mais Dostoïevski était occupé à dévorer le corps d'une fermière ukrainienne, et Tolstoï professait l'anarchie tout en dépeçant un touriste japonais, qui d'ailleurs continuait à prendre des photos.

En Allemagne, la situation n'est guère plus reluisante. Le cadavre d'Adof Hitler, qui finalement reposait dans un petit cimetière chrétien des environs de Munich, revient à la vie. Immédiatement, une foule de néo-nazis viennent se prosterner à ses pieds, et le furher ressuscité les dévore tous les uns après les autres, avant de se faire déchirer en petits morceaux par des victimes de la Solution Finale. Comme quoi, ça peut avoir du bon, aussi, la fin du Monde. — L'allemagne est débordée. Les cadavres affluent de partout, ils envahissent la bavière, la Rhur, et plein d'autres provinces allemandes dont le nom m'échappe parce que j'ai toujours été nul en géographie. Le gouverment allemand décrète l'état d'urgence et fait interdire la Fête de la bière. Immédiatement, les autorités militaires tentent un putsch.

En Grèce, Platon et ses péripapéticiens forment un gang de zombies cannibales et parcourent le pays en long, en large et en travers, devisant de notions philosophiques fondamentales tout en dévorant tout sur leur passage. Aristote fait bande à part, ce qui ne l'empêche pas de bouloter un couple d'homosexuels crétois qui pratiquaient le pugilat, nus sur la plage, en sirotant de l'ouzo.

Le mal progresse, la mort est partout, des incendies se déclarent, les armées sont débordées, les cannibales secondent les zombies, le peuple se terre dans les sous-sols et les greniers, et en plus le cours de la bourse de Francfort s'effondre. — Les représentants de l'Union Européenne se réunissent à nouveau, et débattent avec ardeur jusqu'à tard dans la nuit. Leurs conclusions sont : « les bananes exportées sur le sol européen ne doivent pas excéder trente-cinq centimètres de longueur et six centimètres de circonférence, l'économie de marché est la seule voie plausible en matière de développement social, la Turquie ne pourra pas entrer dans l'Union tant qu'elle n'aura pas accepté d'abolir la couleur jaune sur tout son territoire, et les zombies c'est vraiment une saloperie dis donc ! » Les peuples européens désespèrent de leurs représentants : ils voulaient des bananes de quarante centimètres.

Comment le mal va t-il continuer à s'étendre sur le territoire européen, sans que les gouvermenents se montrent capables de contrer la menace ? Que va t-il arriver à la Belgique, la Suisse et la France, entre autres ? Et vais-je oser, en Pologne, faire ressusciter le cadavre de Jean-Paul II, au risque de tomber dans l'anti-politiquement correct absolu et me faire vertement rabrouer par les modérateurs ? Vous le saurez dans nos prochains épisodes !

Quinzième épisode :

« Muss es sein, ess muss sein ! » s'exclame le cadavre de Ludwig Von Beethoven au moment de plonger ses crocs dans la gorge offerte d'un mélomane venu lui demander un autographe, feignant de demeurer sourd à sa requète. — Oui, je sais bien que j'ai déjà traité de l'Allemagne, mais je m'en serais voulu de ne pas citer cet épisode déchirant de la vague zombiesque qui parcourt l'Europe. — Ainsi, et comme cela était annoncé, le cadavre de Jean-Paul revient à la vie : immédiatement, une foule de fidèles, de ceux-là qui pronaient sa canonisation le jour même de son décès, viennent se prosterner à genoux devant lui en s'exclamant « miracle ! miracle ! » à l'exception d'un nommé Thomas, qui demeure chez lui en affirmant ne pas croire un mot de toutes ces fadaises. Il a plutôt bien fait d'ailleurs, car de cet attroupement de fidèles il ne demeure plus une trace, tandis que Son Ancienne Sainteté a pris quinze kilos, ce qui lui donne une allure bedonnante particulièrement grotesque aux yeux des quelques mécréants qui survivent encore au pays de Lech Walesa. Ce même Lech Walesa qui, immédiatement, accuse les anciens dirigeants communistes d'être responsable du carnage cannibale qui secoue son pays, avec une certaine pointe de mauvaise foi, ce qui est un comble chez quelqu'un d'aussi pieux. Immédiatement, les personnes incriminées démentent en déclarant : « Nous avons volé, nous avons violé, nous avons torturé, nous avons muselé, nous avons censuré, mais nous n'avons encore jamais mordu personne ! »

En Italie, les zombies envahissent les rues de Naples, de Rome, de Venise, et de pleins d'autres endroits aux noms évocateurs qui font rêver rien qu'en les prononçant. Les citoyens italiens, apeurés, se réfugient où ils peuvent. Un groupe de jeunes footballeurs, se réfugiant en masse dans la Tour penchée de Pise, la font s'effondrer sur les toits des maisons environnates. « Mamma mia ! » s'exclame avec a-propos le maire de Pise, avant de prendre la fuite pour l'Ouganda, son billet d'avion payé par le parrain de la maffia locale. Les chaines de télévision de Berlusconi diffusent en boucle ces images dantesques, accompagnées de commentaires mordants expliquant à la population que c'est ce qui arrive quand on vote pour des communistes homosexuels plutôt que pour des bons capitalistes chrétiens.

Le Vatican n'est pas épargné : les gardes suisses battent la retraite devant les zombies qui envahissent la place Saint-Pierre et réclament que le Pape reconnaisse le droit des catholiques à porter des préservatifs durant l'accouplement. Devant le refus catégorique de Benoit XVI qui répète « nein ! nein ! nein » en dodelinant de la tête comme un autiste, ils mettent à sac la Chapelle Sixtine et dessinent des graffitis obscènes sur la fresque géante de Raphaël, qui ne peut même pas se retourner dans sa tombe, puisqu'il en est sorti.

La Principauté de Monaco subit également les assauts des zombies. Après avoir essayé de les acheter, les citoyens monégasques prennent la fuite à bord de leurs voiliers couteux et de leurs avions privés en or massif, à la recherche d'un nouveau paradis fiscal plus accueillant.

Le mal est donc, doucement, en train de gagner la France... Que va t-il arriver au pays des Droits de l'homme, qui a eu l'honneur de me voir naître en son sein (parfaitement, je suis mégalomane) ? Et l'auteur de cette sinistre histoire va t-il enfin remiser son anticléricalisme primaire pour se livrer à un humour de meilleur aloi, ne serait-ce que pour éviter de choquer gratuitement des internautes qui ne demandent rien à personne ? C'est ce que nous découvrirons ensemble dans nos prochains épisodes.

Seizième épisode (après avoir fait faux-bond à mon feuilleton pour un jour), SPECIAL FRANCE !

Hé oui ça y est, le mal zombiesque gagne le pays de Voltaire, de Rousseau, de Balzac et de Zinedine Zidane. Les cannibales envahissaient déjà largement les rues, on comptait un nombre impressionant d'agressions, les politiciens affutaient leurs arguments vis-à-vis de ce problème en vue des élections présidentielles, et de fait le ministre de l'intérieur (monsieur Nicolas Sarkozy, vous connaissez ? Non ? veinards !) laissait courir la situation, trop heureux de s'offrir sur un plateau un si bon argument de campagne. Mais la résurrection des morts pose problème. Car pour se faire élire, il faut des électeurs. Et quoiqu'il soit arrivé dans l'histoire de Paris que des personnes décédées soient comptabilisés parmi les votants, trop de morts ne peut que faire le jeu des extrèmes !

La vie politique est bouillante vis à vis de cette question : la gauche accuse la droite de ne rien faire, la droite reproche à la gauche de ne pas prendre en compte l'intérêt du pays, la gauche de la gauche accuse la droite de la gauche de faire le jeu de la gauche de la droite, tandis que la droite de la droite, secondée par l'extrème droite, voire par la droite de l'extrème-droite, accuse l'extrème-gauche et la gauche de la gauche extrème de l'extrème-gauche de jeter de l'huile sur le feu. En gros, pour résumer, on reproche à la droite d'être trop gauche, mais la gauche gagnerait à être plus adroite...

Pendant ce temps, dans les cimetières, les morts renaissent. Malgré la situation économique catastrophique, le déficit de la sécurité sociale, le taux de chômage ahurissant, les récentes réformes du système de retraite et le trou abyssal de la dette publique, les citoyens français défunts semblent tenir à revenir à la vie. C'est naturellement au père Lachaise que le spectacle est le plus saisissant : on n'a pas tous les jours l'occasion de voir Jim Morrison émerger de sa tombe et entonner Riders on the storm tout en montrant les crocs à un groupe de touristes néerlandais apeurés, ou le cadavre de Marcel Proust sortir de terre et partir immédiatement à la recherche du temps perdu, et de sa maman par la même occasion. Toutes les célébrités qui reposent dans ce cimetière se mettent à parcourir les allées en quète de chaîr fraîche, mais le visage de Paris a bien changé et ils ne trouvent à se mettre sous la dent que les vieux pleins aux as qui ont eu les moyens de demeurer dans la capitale plutôt que de devoir émigrer en banlieue.

A Matignon, siège du Premier Ministre, c'est une réunion de crise qui s'organise en toute urgence. Dominique de Villepin convoque ses principaux ministres, et leur demande de trouver des solutions. Immédiatement, Nicolas Sarkozy clame qu'il faut nettoyer les cimetières aux karcher, et mettre les zombies dans des charters, parce qu'il aime bien les mots en « eur », comme aigreur, douleur, etc. — La Ministre de la Défense (ou si vous préférez : des armées, des tanks, des avions qui font boum et toutes ces réjouissances) proposent de placer des soldats dans les rues, à l'exemple des Etats-Unis. En France, on adore faire comme les Etats-Unis. On regarde comment ils s'y prennent, on attend de voir si ça marche, on constate qu'objectivement ça ne marche pas, et vite vite vite on fait pareil ! — Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale (ne me demandez pas ce que ça veut dire, je n'en sais rien) propose d'apporter des aides sociales aux zombies de bonne volonté, tandis qu'Azouz Begag, ministre de Je-Sais-Plus-Quoi-Faut-Pas-Chercher, demande à ce que les zombies soient considérés comme une minorité visible, et obtiennent les mêmes droits que les français de « souche ». Il est plein de bonne volonté, cet homme-là. Il a un coeur grand comme ça. Et puis il est bel homme, il passe bien à la télévision. Le problème c'est qu'il n'est pas très intelligent, et que de toutes façons personne ne l'écoute quand il dit quelque chose en Conseil des ministres. Il est payé à parler dans le vide. Un peu comme les académiciens, quoi.

Aucune solution viable ne sort de cette réunion. On demande à Jacques Chirac de donner son avis, mais celui-ci fait la sourde oreille. « Prévenez-moi quand la crise sera passée, (déclare t-il), et je ferai une apparition à la télévision pour dire que c'est grace à moi et que tout va bien, et que les français sont vraiment cons de s'inquiéter. »

Pendant ce temps, les morts-vivants prennent le contrôle des rues des principales villes de France. Paris est submergé. Les zombies envahissent les abords de la Tour Eiffel, de l'Arc de Triomphe, de la Géode, du Stade de France et du Musée du Crottin, troisième arrondissement. Ils s'imposent également au Louvres et dans le chateau de Versailles, et non seulement ils ne font pas la queue, mais en plus ils ne payent pas leurs billets d'entrée ! — Au Louvres, justement, un mort-vivant abime la Vénus de Milo en essayant de la mordre. Déçu qu'elle ne soit qu'en pierre, il se réconforte avec le gardien venu le sermonner... La Joconde se cache les yeux dans ses mains et pleure toutes les larmes de son corps. Elle a perdu son sourire énigmatique. C'est vous dire si ça sent la fin du monde...

Lille croule également sous le poids des zombies, nettement moins belliqueux parce que dans le Nord, avec les nuages gris, l'absence de soleil et la pluie constante, on se bourre même pas la gueule pour s'amuser, juste pour oublier. Ils dévorent bien quelques clampins par-ci par-là, mais la plupart du temps ils se contentent de siroter des bières en regardant le ciel d'un oeil hagard et vitreux. Pour tout dire, ils se fondent merveilleusement bien parmi la population. Et si des gens du Nord lisent cela, c'est de l'humour et des clichés, j'ai jamais mis les pieds à Lille et on ne m'en a jamais dit que du bien, en plus !

A Lyon, les spectacles de Guignol sont interdits, de même que les accordéonistes des rues, les bouquinistes sur les quais, et les mendiants, mais dans le dernier cas c'est juste un prétexte. — Enfin, à Marseille, les morts font également des ravages, notamment les victimes de la maffia locale (la French Connection, vous connaissez ?) qui ont pourtant du mal à avancer, les pieds figés dans des blocs de ciment.

Je n'ai cité que les villes principales, mais c'est la France entière qui croule sous le chaos le plus total. Les citoyens s'affolent. Les transports en commun se mettent en grève et réclament des réévaluations de salaire. La police et les pompiers ne savent plus où donner de la tête. Et Amélie Mauresmo a encore perdu en finale. De toute façon, le jour où elle gagnera, les morts sortiront VRAIMENT de leurs tombes.

Comment va évoluer la situation en France, car je n'en ai pas encore fini avec mon vieux pays des Droits de l'Homme ? Et vais-je arriver à resserrer l'action de mon feuilleton sur des évènements factuels plutôt que d'accumuler des anecdotes mettant en scène des célébrités, ce qui semble ne faire rire que moi ? Vous le saurez, les aminches, dans notre prochain épisode.

Dix-septième épisode :

La panique a gagné la France. Depuis la victoire de la coupe du monde de 1998 (en attendant la finale ce dimanche), on n'avait jamais vu autant de monde dans les rues. Mais alors qu'en 98 les gens faisaient la fête en hurlant : « on a gagné ! on a gagné ! » alors qu'en réalité il n'y avait que onze bonshommes sur la pelouse, cette fois les gens hurlent « au secours ! au secours ! » et là, rien à redire, ils sont tous concernés. Tout le monde essaie de s'enfuir, cela crée des bouchons monstres, dans les rues comme sur les routes, dont les cannibales tirent naturellement profit pour se repaître quasiment en toute impunité. Oui c'est un spectacle atroce qui touche mon beau pays : des cadavres déchiquetés jonchent les trottoirs, puis finissent par se redresser, et à leur tour partent en quète de chair fraiche. Voilà plusieurs heures que les autorités françaises ne donnent plus signe de vie. Le président Jacques Chirac s'est enfermé dans son bunker à l'Elysée, et n'y laisse rentrer personne, pas même sa propre femme, mais là je le comprends et je compatis. Le premier ministre a remisé ses poésies. Le ministre de l'intérieur a fui précipitamment, laissant les policiers et les citoyens se démerder comme ils peuvent. Les sénateurs, tous séniles, débattent à n'en plus finir sur la nécessité d'apporter leur aide aux combattants anti-franquistes. Et les maires ont tous quitté le pays, grace aux pots-de-vin que leur versent régulièrement les grandes compagnies de distribution d'eau ou d'affichage publicitaire urbain.

C'est un beau pays la France, vous savez. Je ne parle pas de Paris, je parle de la France. Paris c'est une vitrine crasseuse qui change de propriétaire tous les dix ans, un machin qu'on a fabriqué pour favoriser la vente des cartes postales, une ville polluée, embourgeoisée, avec plein de grands monuments les pieds dans la merde. — Mais autrement la France c'est un beau pays. Ce sont des petits villages bâtis sur les hauteurs des campagnes, ce sont des plaines à n'en plus finir, ou des montagnes rassurantes, pour citer le poète Jacottet. Ce sont des arbres et des rivières, des églises pas trop moches, de l'architecture de toutes les couleurs. Ce sont des vaches qui paissent paisibles dans les champs, des moutons qui s'ébattent, des chevaux débonnaires. C'est de moins en moins cela, mais ça l'est encore un peu. Un tout petit peu. L'élevage industriel n'a pas complètement tué les paysans de naguère, qui ont encore un tant soit peu de respect pour les animaux dont ils s'occupent, et même de la tendresse, quand ils savent pourtant qu'ils ne les élèvent que pour les tuer, c'est paradoxal, mais c'est ainsi. Oui c'est un beau pays la France, pas plus beau qu'un autre, mais pas moins. Les gens n'y sont pas tous cons, pas tous racistes, pas tous imbus de leur personne. On y rencontre des personnes curieuses, qui ont envie de savoir, qui se doutent qu'on leur ment, qui ne demande pas mieux que d'entendre toutes les vérités avant de se faire leur opinion. Je ne suis ni nationaliste, ni chauvin, ni même patriote : je constate juste. C'est un beau pays, la France.

Seulement la France maintenant ce sont des têtes décapitées qui dévalent les escaliers des grandes et moyennes villes, ce sont des pères qui dévorent leurs filles, des oncles qui dévorent leurs tantes, des lycéens qui dévorent leurs proviseurs, des patrons qui dévorent leurs employés (mais ça ce n'est pas vraiment nouveau), c'est du sang qui gicle et qui coule, dru, qui ensemence la terre, qui ramène à la vie de nouveaux cadavres tous plus hideux les uns que les autres, parce qu'après plusieurs années passées sous terre, un coup de peigne n'y suffit pas. — Ce sont des voitures lancées à toute allure sur les autoroutes, à faire sauter tous les radars automatiques. Qui se rentrent dedans, qui percutent les piétons, qui font des tonneaux, tombent dans le décor. Ce sont des morts en pagaille, des flammes qui surgissent, des centrales nucléaires (merci tonton de Gaulle) menacées, et des Amicales de joueurs de pétanque dans la tourmente.

Alors voilà, c'était un beau pays la France. Mais maintenant la France c'est un charnier complet, à l'image de tant d'autres pays d'Europe, et c'est dommage que les Etats-Unis soient dans le même état, parce qu'il aurait été intéressant de lire les grands titres de la presse républicaine sur ce nouveau visage, du genre : « non seulement ils ne se lavent pas, mais en plus ils se mangent entre-eux ! » ou encore « Après tout c'est normal : tout le monde le sait que ce sont des mangeurs de grenouilles ! » Mais les Etats-Unis baignent dans le chaos le plus total et ils n'ont même plus la chance de pouvoir rire de nous. C'est vous dire si le monde est en train de devenir triste. Et pendant ce temps la contamination gagne l'Espagne.

Comment va se terminer cette folle course de la vague zombiesque en Europe ? Et que va t-il se passer dans les pays Arabes ? Et mes quelques lecteurs occasionnels me pardonneront-ils le ton nostalgique de cet épisode d'aujourd'hui, moi qui suis habituellement plus d'humeur à faire dans le burlesque crétin et l'ironie lourde comme une enclume ? Vous le saurez dans nos prochains épisodes.

Dix-huitième épisode :

Les derniers pays d'Europe épargnés par la vague zombiesque sont à leur tour menacés, et sombrent rapidement dans l'anarchie. En Belgique, les zombies wallons se jettent sur les Flamands, et les zombies flamants sur les Wallons, ce qui équilibre les pertes. Le Roi tente de ramener le calme mais finalement prend le parti d'abdiquer et part se cacher avec sa femme et toute sa famille dans une grotte des environs de Knoke-le-Zoute. Ils en délogent le cadavre de Brel qui s'y était réfugié pour y composer de nouvelles chansons, et coulent des jours heureux en attendant que la situation s'améliore, en se disant que les belges en ont vu des vertes et des pas mûres depuis qu'ils existent, et ont toujours fini par s'en sortir. Cet optimisme, qui les honore, n'est pas très en phase avec la réalité : en moins de quelques jours la moitié de la population belge est décimée, ce qui cause la faillite de la plupart des distributeurs de bière du monde entier.

En Suisse, la situation n'est guère plus reluisante. Enfin si, plus reluisante elle l'est, parce que c'est la Suisse, mais elle est tout aussi grave. Les zombies ont la particularité d'égorger leurs victimes en essayant de faire gicler le moins de sang possible afin de ne pas tâcher les tapis, et se font également remarquer par leur grande ponctualité. Mais en-dehors de cela tous les banquiers, les horlogers et les chocolatiers suisses sont en danger. Ça représente un paquet de monde. La maison Toblerone est prise d'assaut et son stock est liquidé en moins de deux heures, mais à leur place, j'aurais fait comme les zombies. C'est que c'est bon, le toblerone, nom de Dieu !

Enfin, l'infection gagne l'Espagne. Le cadavre du général Franco reprend vie et tente immédiatement de lever une armée de morts-vivants afin de reconquérir le pouvoir, soutenu dans son entreprise par le Vatican. Le premier ministre Zapatero tente de rassurer son peuple en lui chantant des sérénades mauresques mais rien n'y fait : les espagnols s'affolent, les madrilènes se malmènent, les barcelonais s'effraient, et mes rimes me dépriment. — On peut croiser le long des routes des citoyens ibères devenus fous, montés à cheval avec un casque de chevalier sur la tête et une lance entre les mains, prétendant partir contre les forces du mal et charger les éoliennes en affirmant que ce sont des géants. Ils ont le sang chaud, Panza.

Quant au portugal, il subit également les assauts des zombies, et après avoir tenté de se défendre, tente dans un dernier sursaut de faire fuir les morts-vivants en les enfumant. Un immense brasier est dressé sur toutes les places des villes et des villages, dans lequel les portugaises et les portugaises jettent leurs poils. La fumée s'en dégageant est suffoquante mais ne fait pas reculer les zombies. Du coup, ce sont des citoyens lusitaniens imberbes qui finissent sous les crocs des monstres cannibales. C'est d'autant plus triste que, au Portugal, le port du poil est obligatoire. — Et si des personnes d'origine portugaise lisent ces lignes, c'est que de l'humour pas drôle, pitié ne le prenez pas mal...

Maintenant qu'il ne reste plus que la Grande-Bretagne à être épargné par le mal zombie, comment la perfide Albion va t-elle aviser ? Les morts-vivants vont-ils s'en prendre à son territoire ? Quelle sera la réaction de Tony Blair ? Vous le saurez dans nos prochains épisodes.

Si vous trouvez que ça devient vraiment trop nul, faites le moi savoir, parce que j'hésite vraiment à continuer...

Dix-neuvième épisode :

La Grande-Bretagne assiste avec un certain amusement à la débacle de l'Europe face aux zombies cannibales. Les Tabloïds ne manquent pas de faire leurs gros titres sur l'armée française dépassée, et rappellent à leurs lecteurs que Chirac est un vieillard sénile et que Dominique de Villepin est un faux aristocrate, ce en quoi ils n'ont pas tout à fait tort. A vrai dire, personne ne croit que le mal puisse gagner l'Angleterre, d'autant que le nuage porteur de la terrible infection évite soignement l'île pour se diriger vers les pays arabes. Hélas le gouvernement de Tony Blair n'avait pas prévu que les zombies emprunteraient le tunnel sous la Manche, et voici qu'une armada de cadavres « very shocking » débarquent dans les villes anglaises et, sans attendre, dévorent tout ce qu'elle peut trouver, à l'exception des puddings et des panses de brebis farcies, parce que c'est vraiment trop dégueulasse.

Immédiatement, l'armée anglaise ouvre le feu. Mal lui en prend car le sang qui se déverse des zombies, sans pour autant les arrêter dans leur marche dévastatrice, ensemence les terres anglaises et font revenir à la vie les cadavres anglais.

Dans la chambre des Lords, les débats vont bon train. Tony Blair demande aux parlementaires l'autorisation de mobiliser toute l'armée conte l'invasion, mais les conservateurs s'y opposent parce que, selon les dires de leur chef de file, « this is our job to disagree with you, mister prime minister ! »

La famille royale ne réagit pas. Terrée dans ses divers châteaux elle attend que la situation se soit calmée, ainsi qu'elle le fait depuis des décennies, avec le même courage et la même indolence. C'est à peine si des photos de la princesse Diana, circulant parmi un groupe de zombies au sud de Londres, fait sortir la Reine de sa réserve, qui déclare, dans l'intimité : « This bitch will never leave us alone ! » Le prince Charles rougit des oreilles, car il n'a pas l'habitude d'entendre des gros mots.

Toutes les régions anglaises sont touchées. En Ecosse, les blessures sont dramatiques, et l'on recommande aux habitants de sacrifier leur coutume pour privilégier le port de slips en dessous de leurs kilts, afin de ne pas offrir aux zombies des morceaux de premier choix.

Une seule bonne nouvelle : le cadavre de William Shakespeare met fin à plusieurs siècles de polémique littéraire en confirmant qu'il est bien l'auteur de chacune de ses tragédies, puis se jette sur les journalistes venus l'interviewer et dévore leurs cervelles en déclamant : « To be a zombie or not to be a zombie, That is the question ! »

En Irlande, catholiques et protestants font front commun afin de stopper l'invasion, et les armes que les militants de l'IRA cachaient dans leurs caves, leurs greniers ou leurs meules de foin, sont utilisées à cet effet. Hélas, cela n'y suffit pas. Durant quelques jours, la diffusion en boucle dans des hauts-parleurs surpuissants des albums de U2 parvient à repousser les morts-vivants, mais ceux-ci passent finalement à l'attaque en se bouchant les oreilles.

En moins d'une semaine, la Grande-Bretagne est à son tour submergée. Quelques riches industriels ont réussi à prendre la fuite pour se réfugier en Islande, mais il y fait tellement froid qu'ils préfèrent encore retourner au pays pour s'y faire dévorer.

L'Europe n'existe plus. Tout comme en Amérique, seuls quelques groupes isolés de survivants se regroupent où ils peuvent, espérant un miracle car c'est tout ce qu'il leur reste.

Comment la situation va t-elle à présent évoluer pour le reste du monde, et notamment les pays arabes et l'Afrique, maintenant que l'Occident tout-puissant est aux mains des morts-vivants ? Vous le saurez dans nos prochains épisodes.

Vingtième épisode :

Ainsi que le savent les milliards de lecteurs qui, chaque jour, se pressent en masse dans l'espoir de connaître la suite du glorieux feuilleton dans la rédaction duquel je me suis lancé sans me rendre compte de l'étendue de ma tâche et des limites de ma propre imagination, l'Iran est en train d'exploiter de l'oranium, cette substance aux propriétés mal connues que la Russie lui a livré par erreur, et qui s'est avérée responsable de la vague de résurrection zombiesque observée dans le Nord du globe terrestre (pour pas que vous confondiez avec le globe occulaire, qui n'a rien à fiche ici) en se mélangeant au nuage produit par les déjections de la centrale à air comprimée sabotée des Etats-Unis. C'était ce qui s'appelle un bref résumé des épisodes précédents, et une phrase foutrement longue dites donc.

Il faut noter que les autorités iraniennes ont observé le délabrement de la situation dans les pays occidentaux avec un plaisir non dissimulé. En effet, pour le moment, aucun cas de même nature n'est à relever en Iran ou dans les pays avoisinants. L'oranium produit certes des effets indésirables sur la population, mais rien de vraiment alarmant : des cas d'intoxication, des morts par étouffement, des nouveaux-nés qui explosent, bref rien de réellement inquiétant. L'oranium semble également produire des réactions amusantes dans les systèmes nerveux. Ainsi, l'un des scientifiques chargé de l'exploitation de l'oranium sombre lentement dans une folie douce. De toute évidence, il se prend pour un mouton : il marche à quatre pattes, émet des bèlements, et exige d'être égorgé pour la fête de l'Aïd El kebir. Les gens se contentent de l'ignorer, et le tondent pour se tricoter des pulls en laine.

Mais le nuage infesté survole à présent les pays arabes, et la situation va dés lors changer... L'Afghanistan et le Pakistan sont les premiers pays touchés. Immédiatement, on observe des cas de cannibalisme se développer dans ces pays. Les combattants Taliban, qui mènent la vie dure aux derniers soldats occidentaux encore sur place, laissent tomber leurs armes et entreprennent de se dévorer entre-eux, sous les yeux interloqués des observateurs onusiens qui se seraient contentés d'une simple rémission. — Cachés dans leur grotte secrète, Ben Laden et le Mollah Omar, infestés, se ruent l'un sur l'autre. Ben Laden dévore une jambe du Mollah, qui dés lors ne pourra plus faire de motocyclette. Pour se venger, celui-ci mord sauvagement dans le crâne du terroriste number one et en extirpe le cerveau, qu'il machouille longuement car il a la consistance d'un morceau de pneu usagé.

Le chef d'état pakistanais profite de la situation pour assurer aux pays occidentaux que c'est par solidarité que des phénomènes de cannibalisme se développent sur son territoire, tout en assurant d'un autre côté les intégristes musulmans de son soutien sans faille. Un double-jeu qui lui a toujours réussi jusqu'ici, dans la mesure où les diplomates, lorsqu'ils ne savent pas comment réagir, préfèrent faire semblant de ne rien voir, dans la mesure où il vaut mieux passer pour un crétin que pour un incompétent.

Mais déjà on signale dans ces nombreux pays des cas de résurrection, et les chefs d'état arabes se voient contraints de trouver une solution pour tenter de remédier à la situation. Ils vont tout d'abord chercher des réponses dans les différents livres religieux qui constituent le fondement de leur foi, mais hélas aucun des grands prophètes des religions monothéïstes n'a réellement traité le sujet en profondeur, à l'exception de Saint-Jean dans son Apocalypse, qui cependant ne donne pas vraiment de solutions appropriés, dans la mesure où il se contente de conseiller d'attendre le retour de Jésus sur la Terre, et vu la manière dont on l'a tité la dernière fois, on peut penser que celui-ci n'est pas pressé de revenir. Finalement, les pays arabes, en désespoir de cause, préfèrent accuser Israël en attendant de trouver quelque chose de mieux à dire. Israël qui, rappelons-le, avait pris des mesures drastiques de confinement de sa population pour éviter toute émergence de cas de cannibalisme sur son territoire, une mesure jusqu'ici sensiblement efficace. Mais qu'en sera t-il lorsque les zombies menaceront son territoire ?

Et comment va donc évoluer cette situation, en cette partie du globe géostatégiquement instable et menaçante ? Vous le saurez, si ça vous chante, dans nos prochains épisodes.

Juste pour voir s'il y a encore des gens qui suivent ce feuilleton, je peux avoir une ch'ti réaction de la part de quelqu'un ? ... sinon tant pis, je continuerai tout seul... comme un chien !

Good job, continue.

En passant, tu as deux épisodes 15.

Je lis tes épisodes régulièrement.

Merci de me faire signe ! et de m'avoir signalé ma bourde, je vais corriger cela !

Vingt-et-unième épisode :

L'infection se répand donc dans les pays arabes à la vitesse de la lumière... enfin la vitesse de la lumière c'est peut-être un peu exagéré, on va dire la vitesse du son... encore que le son aussi c'est vachement rapide, la preuve : quand Bush fait un pet, le monde entier est au courant en moins de douze heures... Bon alors disons que l'infection se répand dans les pays arabes comme une traînée de poudre... Je sais pas exactement la vitesse d'une traînée de poudre, et puis ça dépend peut-être de la poudre en fait... Enfin en tout cas ça va drôlement vite... Si vous voyez ce que je veux dire...

Ainsi, et nous le redoutions à juste titre, Israël et la Palestine sont à leur tour atteint. Cela prend des proportions dramatiques car depuis trente ans que ces deux pays se foutent sur la gueule, il y en a un sacré paquet de cadavres à faire revenir sur terre... On compte des centaines et des centaines de zombies dévalant les rues et essayant de dévorer tout ce qu'il trouve, kasher ou pas. Désolé si mon humour se répète un peu, au bout de vingt-et-un épisodes je fais ce que je peux...

On notera que le corps d'Isaac Rabin revient à la vie, de même que celui de Yasser Arafat. Les deux morts-vivants se rencontrent et, dans un geste empli d'émotion, se serrent la main devant les photographes, qui prennent ensuite leurs jambes à leur cou car les deux Prix Nobel de la paix manifestent de toute évidence le désir de se les enfiler dans le gosier. Depuis les Etats-Unis, Bill Clinton, qui fait partie des survivants réfugiés dans des abris de fortune, se félicite de ce grand message pacifiste adressé à l'humanité et déclare : « I told you it would happen again ! », ce à quoi George Bush répond : « do you have any bretzel Bill ? And God bless the United States of America ! »

Dans les quartiers intégristes d'Israël, les religieux sionistes extrémistes s'organisent en comité d'auto-défense afin de contrer les agressions des zombies. Hélas, ils se font tous dévorer le samedi, jour du Shabbat, car il leur est interdit d'user de leurs fusils. En Palestine, les extrémistes musulmans envoient des candidats kamikazes se faire sauter parmi les foules de zombies, qui s'en fichent éperdument, mais apprécient beaucoup de pouvoir grignoter les morceaux calcinés des martyrs. C'est bien connu : la chair humaine c'est comme le poulet, c'est meilleur quand c'est bien grillé.

Les prières, les injonctions religieuses, les fatwas, les menaces et les prises d'otage n'y changent rien : les morts-vivants envahissent les villes d'Israël et de Palestine, dont les survivants sont bien obligés de s'allier afin de combattre ensemble cette peste d'un genre nouveau. Certains parmi les deux camps se réjouissent de cette coopération qui préfigurent des jours meilleurs, d'autres font contre mauvaise fortune bon coeur, et ceux qui se refusent obstinément à cohabiter avec le camp « ennemi » finissent dans les estomacs des morts-vivants, c'est bien fait pour eux. La paix ça se mérite. Ça se déclare pas comme on déclare la guerre.

A noter qu'Israël ayant mis fin à ses mesures exceptionnelles de couvre-feu, certains citoyens, qui par miracle (c'est une image...) avaient échappé aux crocs des zombies, se mettent à contracter le virus cannibale, ce qui ne facilitent pas les choses. C'est la même chose d'ailleurs en Palestine. On peut ainsi observer un combat forcené entre une escouade de policiers palestinients assoifés de sang et un escadron de soldats israëliens anthropophages, car même si généralement (et sauf certaines exceptions que nous avons déjà signalées) les cannibales semblent ne pas s'attaquer les uns les autres, les vieilles rivalités, elles, demeurent dans les gènes...

Seule l'Union Européenne, officieusement, trouve quelque réconfort dans cette situation catastrophique : elle n'a plus à verser d'aide directe aux palestiniens, ce qui lui assure quelques économies substantielles et permet à ses députés de s'accorder une augmentation massive, à la suite d'un vote pour lequel cent pour cent des intéressés ont répondu oui à main levée. Mais dans la mesure où le système bancaire européen s'est effondré, et où ces députés vivent retranché sur un toit d'usine de Bruxelles, contraint de boire leur urine et manger leurs excréments pour survivre, on est en droit de se demander dans quelle mesure ces gens là ont bien conscience des réalités. En somme : ils n'ont pas beaucoup changé !

Comment le mal va t-il continuer à évoluer dans les pays arabes ? Le cours du pétrole va t-il décupler ? Saddam Hussein tirera t-il son épingle du jeu ? Les émirs du koweit vont-ils devoir renoncer à leur volkswagen ? Vous le saurez dans nos prochains épisodes !

Vingt-deuxième épisode :

Au Koweit, sur leurs pistes de ski artificiels, les pontes de l'industrie pétrolière ont vent de l'agitation qui règne sur les pays occidentaux et commence à grignoter le monde arabe. Leur première réaction est naturellement de se frotter les mains, ce qui fait un sacré boucan avec les grosses bagouzes en or qu'ils ont à chaque doigt, car ils se disent que, grace à cette catastrophe, le cours du pétrole va probablement exploser et qu'ils vont enfin pouvoir acheter les plus grands monuments du monde (la Tour Eiffel, Big Ben, les statues du Mont Rushmore, par exemple) pour les faire installer dans le désert et ouvrir un parc d'attraction privé autour. Hélas, nos braves commerçants en or noir déchantent vite lorsqu'on leur explique que les zombies et les cannibales qui, en nombre croissant, envahissent les pays décimés ne conduisent pas de voiture. Ils trépignent de colère, et ça fait un sacré boucan avec leurs chaussures en or massif, puis lèvent les mains au ciel, et ça fait un sacré boucan avec leurs bracelets et leurs gourmettes incrustrés de diamant, et finalement décide de faire retirer tout l'argent placé sur des comptes en suisse pour l'investir dans l'armement, le seul domaine dont on soit à peu près sûr qu'il ne périclitera jamais.

Pendant ce temps, les pauves (car ils existent : comment reconnaître un pauvre dans un pays comme le Koweit ? C'est simple : c'est celui que vous ne verrez jamais à la télévision) doivent se battre à mains nus contre l'invasion des zombies qui sortent de leurs tombes et désirent se rassasier après tant de temps passé sous terre, durant lequel il leur était impossible de dormir à cause du bruit des foreuses partout exploitant le pétrole, et des glouglous des oléoducs. L'armée est réquisitionnée pour protéger tous les palais des notables du pays : autant dire qu'elle ne compte pas assez d'hommes pour cela, et engage des anciens talibans reconvertis en mercenaires du Pakistan et d'Afghanistan.

En apprenant que le Koweit est menacé, Saddam Hussein en pleure de rire dans sa cellule, s'exclamant qu'on l'a attaqué pour moins que cela, et défiant les Etats-Unis de ramener la paix dans cette région du monde. Aucune réaction de Bush, et c'est heureux : il a déjà fait assez de dégats comme cela. — Mais Saddam Hussein n'aura pas l'occasion de rire longtemps. Les actes de cannibalisme forcené gagne l'Irak, et trois matons se partagent l'ancien dictateur avec une pelle à tarte, puis le dévore sous les caméras d'Ai-Quaida, à l'heure de l'émission culinaire.

Rapidement en Irak la situation dégénère. Enfin, elle dégénère encore plus que maintenant. C'est vous dire dans quel bordel ils sont, là-bas... On ne distingue plus les zombies cannibales, les cannibales non-zombies, les terroristes non-cannibales, les résistants aux zombies, les résistants aux cannibales, les zombies cannibales terroristes et résistants, sans oublier cette variété (rare mais très intéressante) de résistants aux cannibales terroristes tout en étant eux-mêmes des zombies cannibales. N'oublions pas évidemment que les chiites cannibales zombies s'en prennent de préférence aux salafistes zombies cannibales, qui eux-mêmes s'attaquent aux kurdes cannibales mais non-zombies tout en commettant des attentats terroristes contre les chiites zombies résistants. Les chrétiens n'osent plus sortir de chez eux. Et les témoins de Jéhova ne font plus de porte-à-porte que deux jours par semaine.

Ciel mais dites-moi dites-moi c'est vraiment le chaos dans les pays arabes... Et comment cela peut-il encore être pire ? Faites-moi confiance, vous le saurez dans nos prochains épisodes, qui seront rédigés dés que Théophile Gautier et ses comparses romantiques sur lesquels je travaille cet été laisseront à mon imagination quelques minutes de répit...

Ouh la la, elle est en train de sombrer ma petite chronique... Bon allez dés que je retrouve des forces je continue. De toute manière, vu comment ça chie en ce moment entre Israël et le Liban, je me rends bien compte encore une fois qu'on aurait pas besoin de zombies pour se la faire, la fin du monde...

Vingt-troisième épisode :

Les pays arabes, en proie à la panique, sont rapidement submergés par les zombies cannibales qui se régalent. En Egypte, un certain nombre d'anciens pharaons, soigneusement cachés dans des tombeaux qu'aucun pilleur de cadavres n'avait encore eu la chance de découvrir, reviennent à la vie et sortent des sables pour se jeter sur les paisibles bergers qui faisaient paître leurs troupeaux (il est bien connu que les troupeaux des bergers égyptiens se nourrissent de sable) ainsi que sur les touristes qui se faisaient prendre en photo devant les pyramides, avec un sourire de crétin et un polo Lacoste, en se disant « qu'est-ce que ça fera bien devant les amis, une photo pareille encadrée dessus la cheminée ! »

Petit à petit, le mal gagne l'Afrique. L'Afrique du Nord, pour commencer. En Algérie, tous les militants kabyles assassinés depuis des décennies par les autorités algéroises, reprennent vie et montent vers la capitale en brandissant des pancartes réclamant leur droit à l'indépendance linguistique et à la laïcité. La police et l'armée, qui tentent de les intercepter en tirant dans le tas sans sommation, ainsi qu'on le leur a appris à l'école, se fait joyeusement dévorer. — Le président Bouteflika, apeuré, demande aux pays étrangers une assistance sécuritaire. Il adresse en particulier un message à la France, lui demandant de l'aide de toute urgence, sans oublier de préciser qu'à ses yeux, le France est un pays de tortionnaires immondes qu'il méprise. Trop heureux de faire plaisir à son vieux copain, Chirac fait parvenir par le port d'Oran pas moins de vingt gendarmes français, ainsi que deux chèvres spécialement dressées pour le combat de rue. — La situation en Algérie est tellement grave que les autorités en oublient même de museler la presse et les médias. Soudainement, les journalistes se voient autorisés à donner leur véritable avis sur la situation et sur les dirigeants de leur pays. Les titres sont tellement insultants et orduriers que nous nous refusons à les retranscrire ici.

Pendant ce temps, le Maroc est également atteint. Ce qui est dramatique, car c'est l'un des premiers producteurs de haschich qui est alors touché, et les exportations s'en ressentent. La jeunesse mondiale, privée de pétards, se morfond et tombe dans un ennui sans précédent. Elle se met même à lire des livres et à réfléchir sur le sens de la vie, sur comment elle est exploitée par une poignée d'hommes et de femmes qui se sont accaparé le monde en prétendant oeuvrer pour le bien de l'humanité. Cette naissance d'une conscience politique dans une génération que l'on prenait jusqu'ici soin de traiter comme du bétail ne manque pas d'inquiéter les derniers porte-drapeaux de cette civilisation depuis longtemps condamnée par ses propres errements anti-écologiques. La question qu'il se pose est simple : « comment allons-nous reconstruire un monde convenable si cette basse populasse se mèle de donner son avis sur tout ? »

Puis l'Afrique Noire à son tour est gagnée par le mal. Au lieu de se tirer dessus avec des armes françaises ou russes, ou de se découper à grands coups de machette, voici que les différents pays de ce continent, toujours plus en moins en guerre les uns contre les autres, se jettent dessus pour se dévorer. Ajoutez à cela la famine, la sécheresse, le SIDA et les sauterelles, et vous conviendrez que dans moins de deux semaines la population africaine sera rayée de la carte, un résultat que les grands penseurs du libéralisme ambiant n'aurait jamais osé espérer dans leurs rêves les plus fous.

Je ne sais plus si j'ai déjà parlé de la Chine et du Japon, je vais me relire et, si tel n'est pas le cas, ce sera pour les prochains épisodes. Autrement, vous saurez comment la résistance va s'organiser, et ce qu'il va advenir de l'humanité, car, poussivement, ce glorieux feuilleton est en train de toucher à sa fin ! Il était temps, plus ça va, plus c'est mauvais...

Le croirez-vous ? Mais oui, hélas :

VINGT-QUATRIEME EPISODE

Les autorités chinoises ont tout fait pour endiguer la propagation de l'étrange maladie cannibalistique sur leur territoire. Tout fait. Elles ont torturé, massacré, embastillé, empoisonné, muselé, menacé, bref elles ont fait tout ce qu'elles savent faire mais aucun résultat concret n'en est ressorti. Or la Chine c'est grand et c'est vaste. Il y a des gens en Chine dont personne ne savait qu'ils vivaient là, pas même eux ! Et dés que les enfants noyés dans les ruisseaux (politique de l'enfant unique oblige) se sont réveillés et sont partis en quète de chair fraîche, ça a donné dans les campagnes des scènes franchement pas ragoutantes. Il faut imaginer une armée de bébés zombies rampant de villages en villages pour dévorer les habitants, et progressant jusqu'aux grandes cités en ne laissant derrière elle que misère, destruction, ruines et ossements humains, pour comprendre que des fois je ne me sens pas très à l'aise vis-à-vis de ma propre imagination, et que vraiment j'ai le cerveau malade.

Pour la Japon c'est encore pire : la population vit tellement serrée dans des immeubles bondées et des rues à trois étages qu'il suffit d'un seul cas de cannibalisme zombiesque pour que tout le pays soit atteint en moins de deux heures, ce qui prouve encore une fois que, dans le domaine des communications, les japonais sont les meilleurs, y a rien à faire. Toute une foule de jeunes gens campant devant un magasin dans l'attente de la nouvelle console Conny Pintendo XUI 4500 dont la sortie était annoncée pour dans deux semaines est ainsi agressée par un cortège de marginaux aux cheveux verts qui les dévorent en chantant des chansons punks nippones (les plus violentes, essayez pour voir). Le pays sombre à son tour dans le chaos, et les dirigeants se font seppuku après avoir revêtu leurs tenues de samouraïs. Je sais bien que ça n'a aucun sens, mais si je ne peux pas caser ce cliché immonde en parlant du Japon, alors franchement où est le bonheur en ce bas-monde ?

Après la Chine et le Japon, ce sont tous les autres pays asiatiques qui, à leur tour, sont débordés par des hordes cannibales et finissent par s'effondrer. Comme je suis nul en géographie, je ne prendrais pas le risque de les nommer. C'est en Asie, le Sri Lanka ?

Et l'Inde ? me direz-vous... C'est bien votre genre, ça : faut toujours que vous posiez les questions qui dérangent... L'Inde ma foi n'a guère eu plus de chance. Au début, les morts revenant à la vie étaient plutôt bien accueilli, car certains y voyaient comme une confirmation (un peu tirée par les cheveux, il faut bien le dire) des théories métempsychotiques qui animent cette grande culture philosophique qu'est l'indouïsme, mais quand il fut avéré que les cadavres ressuscités dévoraient des êtres humains et quelquefois, comble de l'horreur, des vaches sacrées, on décréta qu'il fallait tenter d'enrayer le phénomène. Mais à quoi bon ? La misère et les conflits ethniques aidant, l'Inde fut rapidement submergée par ses morts. Ceux-ci tuèrent et dévorèrent avec allégresse, à l'exception du corps ressuscité de Gandhi qui prêchait la non-violence en émettant des grognements imperceptibles. Il ne resta bientôt plus qu'une poignée d'indiens en Inde, un peu comme en Amérique, même si ce ne sont pas les mêmes, quoique cela soit la même chose, vous voyez ce que je veux dire ? ... Disons les choses comme elles sont : Christophe Colomb était certainement un bon navigateur, mais il était au moins aussi débile que le cancer qui porte non nom. (1)


Et alors ? Reste t-il des survivants dans cette grande catastrophe mondiale qui en quelques mois semble avoir décimé ignonineusomement (j'ai jamais su l'écrire, ce putain de mot) l'humanité ? Et bien oui : certains ont réussi à s'enfuir. Des quatres coins du globe — car un globe a des coins, c'est bien connu — ils ont pris la mer ou les airs et se sont réfugié dans le seul pays qui n'ait pas été atteint par la grande épidémie mondiale. Le pays dont on oublie toujours qu'il existe. A tel point que même le nuage pollueur a omis de le survoler. Ce pays qui vous fait perdre aux jeux télévisés et au Trivial Pursuit. Ce grand oublié de la géographie mondiale. Oui, vous avez saisi où je voulais en venir : les survivants sont allés se réfugier en Australie.

La suite au prochain épisode.

(1) Le cancer du colon, quoi. Plus c'est mauvais, plus ça m'amuse...

VINGT-CINQUIEME EPISODE

Les survivants de tous les pays ravagés par les zombies cannibales se sont donc réfugiés en Australie, ce qui n'est pas forcément du goût de la population mais permet au moins au groupe AC/DC de donner des concerts de portée mondiale sans avoir à prendre l'avion, ce qui n'est pas négligeable au regard des frais.

Evidemment, des problèmes de surpopulation se posent. On investit les déserts et autres zones inhabitées afin de donner à chaque réfugié un logement plus ou moins décent. Afin d'augmenter l'espace terrestre disponible, des éleveurs chevronnés apprennent aux autruches à voler et à nicher dans les arbres, c'est toujours ça de pris. Hélas, les braves volatiles ont beaucoup de mal à se retenir de pondre tout en planant dans les airs, ce qui cause nombre de décès dûs à des chutes d'oeufs géants. Les amateurs d'omelette sont néanmoins ravis.

Puis les différentes nationalités représentées sur le sol australien tentent de reconstruire leurs petites habitudes depuis l'étranger, notamment en mettant en place des gouverments provisoires. L'Australie peut ainsi se vanter d'être devenue à elle toute seule le lieu de villégiature de tous les dirigeants de la planète. La plupart des politiciens professionnels ayant été soit dévorés, soit infectés, on fait appel aux membres les plus éminents de chaque communauté pour prendre les rènes du pouvoir. C'est ainsi que la présidence française est confiée à un boulanger de Dunkerque qui avait en son temps obtenu un DEUG en sciences du langage, ou que l'on nomme premier ministre d'Espagne un joueur de claquettes qui a le mérite de parler couramment l'anglais, en sus du basque, de l'andalou et du castillan. L'opéra de Sydney est réquisitionné pour abriter ces différents gouvernements, mais les chefs d'états nouvellement nommés ne tardant pas à s'engueuler entre-eux et à se hurler dessus pour des motifs divers et variés, les amateurs de musique ne font pas la différence et continuent à se rendre au spectacle.

On notera ainsi que le président de la Russie, Alexandrov Patapouchkine (élu par ses concitoyens car il a joué aux billes avec Poutine quand il était petit) réclame au gouverment américain la restitution de l'Alaska, tandis que le chancelier allemand exige de récupérer l'Alsace et la Lorraine. Le président français essaie de négocier (« vous prenez l'Alsace, on garde la Lorraine ») mais rien n'y fait. Le seul point de consensus sur lequel chacun s'accorde concerne le salaire des néo-dirigeants : il est énorme, et c'est l'Australie qui paye.

Pendant ce temps, les zombies prennent leurs aises dans tous les pays du monde qu'ils ont conquis, parcourant les rues des villes pour s'assurer qu'il ne reste plus personne à dévorer. Une fois qu'il apparaît évident qu'il n'est plus un seul être vivant parmi eux, ils débouchent des bouteilles de champagne et s'enivrent durant plusieurs nuits en bramant des chansons paillardes dont les paroles, quoique méconnaissables, sont trop inconvenantes pour être répétées ici.

Et tandis que les vivants s'échinent à se contredire, à se disputer des bouts de territoire ou des trognons de privilèges, les zombies de par le monde pactisent et instaurent la première paix mondiale de l'histoire de l'humanité.

Mais les choses ne vont pas en rester là... Comment, depuis l'Australie, va s'organiser une tentative de reconquète du monde ? et jusqu'où vont évoluer les structures sociales et politiques des zombies à présent délivrés du voisinage génant des vivants ? Vous le saurez dés que je le saurais moi-même, quand mon petit cerveau aura trouvé un moyen de se débarbouiller de cette histoire qui fait des noeuds pas possibles, autrement dit dans notre prochain épisode !

Non ? si ! VINGT-SIXIEME EPISODE

Le peuple australien, sensiblement agacé de servir de base arrière à toutes les nations du monde, se fait de plus en plus pressant pour que les gouvernement transitoires des différents pays installés sur leur territoire mettent en oeuvre une véritable politique de reconquètes nationales.

Les premiers à proposer un plan d'action sont les survivants des Etats-Unis : ils proposent d'envoyer plusieurs milliers de marines, secondés par des unités navales et aériennes de pointe, dotés d'armes chimiques fabriquées en cachette dans les collines de Los Alamos (chuuuuut) et de mitraillettes Enron (« même leur prix est un scandale »). Ainsi, ils tablent sur une victoire facile en l'espace de quelques semaines, comme au Viet-Nam et en Iraq. On rappelle alors aux dignitaires américains que l'infrastucture guerrière de leur pays appartient désormais au passé et que les Etats-Unis ne comptent plus, dans leur stock militaire, que deux mille boites de corned-beef et une grenade lacrymogène datant de 1969. Effondrés, le gouvernement provisoire des Etats-Unis fait une dépression nerveuse collective, et aucun psychiâtre australien ne parvient à leur venir en aide, parce que l'accent ricain, hein, faut se le coltiner longtemps avant d'y comprendre quelque chose...

On demande aux différents membres des gouverments européens s'il leur est possible, à leur tour, de proposer une solution viable pour arracher le monde des mains de tous ces zombies malpropres sur eux et mal rasés. Les Allemands, les Français, les Anglais, les Italiens et les Espagnols décident alors de se réunir afin de débattre entre-eux et d'obtenir un consensus. Trois blessés, dont deux graves.

Pendant ce temps, le représentant de la Russie propose de poursuivre les zombies jusque dans les chiottes, mais on lui fait remarquer que les zombies ne font même pas caca. Ce qui d'ailleurs est étrange : comment font ils pour ne pas se sentir ballonnés après avoir englouti un bonhomme en entier ?

Après moultes tergiversations (vous avez vu comment que je cause bien les aminches ?) on décide d'envoyer une petite équipe d'hommes en éclaireur, qui sera chargée d'étudier le plus discrètement possible l'étendue du désastre et, surtout, de repérer les points faibles dans le contrôle des territoires mis en place par les zombies. Pour cela, on décide de s'occuper d'abord de l'Europe : on l'a déjà libéré une fois, y a pas de raisons que ça rate ce coup-ci...

De courageux volontaires (trois suicidaires, un fou et quelques hommes mariés n'ayant, de fait, plus rien à perdre) embarquent sur des bateaux réquisitionnés à Greenpeace et voguent jusqu'aux côtes européennes. Leur mission ? Récupérer le maximum d'informations sur les activités des zombies, et rendre compte des moindres lacunes dans leur organisation afin de privilégier une attaque armée digne de ce nom. Et, au passage, si c'est possible, ramener quelques victuailles du Vieux Continent parce que la bouffe australienne, c'est pas que c'est mauvais, mais c'est qu'on la vomit tellement vite qu'on n'a pas vraiment le temps d'apprécier...

Comment les braves valeureux téméraires courageux intrépides volontaires vont-ils s'acquitter de leur mission ? Et que vont-ils découvrir une fois le pied posé sur le sol européen, en établissant leur base dans le petit village côtier de San Luchio-Fuletchi, en Italie ? Vous le saurez dans notre prochain épisode, si prochain épisode il y a un jour...

Ça faisait longtemps!