BILAN DU FESTIVAL DU CINÉMA AMÉRICAIN DE DEAUVILLE 2010 :
La Famille Jones (The Joneses) de
Derrick Borte : 15/20
Une comédie très appréciable, dans laquelle une fausse famille parfaite est sponsorisée par des marques très connues pour promouvoir insidieusement leurs derniers produits aux personnes de leur entourage.
David Duchovny, Demi Moore, Amber Heard et
Ben Hollingsworth font preuve de performances investies, convaincantes. Et, si
Derrick Borte accouche de quelques menues erreurs techniques (de grossiers reflets dans les lunettes de soleil ou les portes de voitures des protagonistes) - imputables à sa première expérience derrière la caméra -, le scénariste/réalisateur se rattrape amplement via une histoire touchante, drôle, satirique, riche en émotions comme en rebondissements.
Get Low d'
Aaron Schneider : 14/20
Robert Duvall campe ici un octogénaire décidant d'organiser ses propres funérailles, où il compte y révéler son plus grand secret. Avec un
Bill Murray fidèle à lui-même, déchirant l'écran lorsqu'il s'agit d'apporter une touche de légèreté à l'ensemble, un
Robert Duvall et une
Sissy Spacek bouleversants, nous retournant les tripes via l'immensité de leur talent ; inutile de préciser que
Get Low constitue un drame humain aussi efficace que poignant, voguant sur les thèmes du tabou, de la solitude, du remords, de la vieillesse et de la mort. Un film sublime à ne pas négliger.
Jardins Privés (3 Backyards) d'
Eric Mendelsohn : 8/20
Est-ce moi qui ai manqué quelque chose ou manque-t-il vraiment un dernier acte à l'oeuvre d'
Eric Mendelsohn ?! Nous laissant entrevoir le quotidien de trois habitants d'un même quartier,
3 Backyards nous expose bien le début et le commencement d'un développement de cette journée particulière vécue par les trois protagonistes. Mais, après 2 heures, alors que l'on se dit que le film commence enfin,
Mendelsohn abat le rideau de fin, n'apportant ni conclusion ni explication aux agissements de certains personnages. Un véritable coïtus interruptus, qui nous laisse aussi frustrés qu'amers. Du coup, les nombreuses longueurs - qui hantent le récit et qui auraient pu être pardonnées par l'intermédiaire d'un dernier acte pertinent - ne font que confirmer que
3 Backyards n'est que pure branlette mentale, destinée autant à l'ego du réalisateur qu'aux intellos du cinéma bourgeois. Dommage car le cinéaste possède un style bien à lui qui, en dépit de quelques fautes de goût (les plans serrés sur les insectes et la nature font un peu trop "chasse et pêche"), se révèle plutôt efficace.
Les Aventures du Baron de Münchausen (The Adventures of Baron Münchausen) de
Terry Gilliam : 11/20
S'il faut saluer l'imaginaire débordant comme les paris risqués de mise en scène de
Terry Gilliam, force est d'admettre que
Les Aventures du Baron de Münchausen part dans tous les sens, jusqu'à constituer un fourre-tout sans queue ni tête, où les tenants et aboutissants sont souvent difficiles à cerner. Beaucoup s'en satisferont mais, personnellement, je ne mange pas de ce pain-là. Tant pis pour moi !
L'Imaginarium du Docteur Parnassus (The Imaginarium of Doctor Parnassus) de
Terry Gilliam : 13/20
L'ayant découvert entre 2h30 et 5h00 du matin, j'aurai besoin d'un second visionnage pour attester des qualités du dernier ouvrage de
Terry Gilliam. Quoi qu'il en soit,
L'Imaginarium du Docteur Parnassus s'avère plus posé, moins chaotique que ses prédécesseurs ; il bénéficie clairement des talents croisés de
Heath Ledger (bien plus intéressant que dans
The Dark Knight),
Christopher Plummer, Johnny Depp (qui vole carrément la vedette à
Ledger),
Jude Law (sans faille),
Colin Farrell (convaincant mais tout de même moins que ses collègues) et la ravissante
Lily Cole ; et l'histoire se veut une plongée psychédélique dans le monde de la magie et de la féérie. Néanmoins, le dernier-né de
Terry Gilliam pâtit de certaines longueurs et lourdeurs, qui malmènent l'énergie du métrage et lassent quelque peu le spectateur. À découvrir avec un oeil neuf (et reposé), donc !
Brazil - Director's Cut de
Terry Gilliam : 12/20
Découvert juste après
L'Imaginarium du Docteur Parnassus,
Brazil devra également être revu à tête reposée. En l'état,
Brazil semble souffrir de nombreuses longueurs, d'une musique omniprésente qui tape rapidement sur les nerfs, et surtout d'une histoire qui n'en finit pas, jouant sans cesse la carte de la surenchère via des coups de théâtre incessants dont on se lasse très vite. Toutefois,
Terry Gilliam nous dévoile ici toute la personnalité et tout le potentiel de son art, et contre lesquels il serait difficile de revenir...
Mother & Child de
Rodriguo Garcia : 14.5/20
Malgré certaines longueurs,
Mother & Child s'impose comme une comédie dramatique et humaine vraiment prenante, passant sans mal du rire aux larmes. Avant tout, le film de
Rodriguo Garcia nous permet de profiter de l'immense talent d'
Annette Bening et des performances sans faille de
Naomi Watts, Kerry Washington et
Samuel L. Jackson. Si l'histoire ne révèle pas de réelle originalité, la qualité de l'écriture et le jeu des acteurs ne peinent aucunement à nous convaincre.
Fisher King, Le Roi Pêcheur (The Fisher King) de
Terry Gilliam : 13.5/20
Robin Williams et
Terry Gilliam, voilà deux énergumènes du 7e Art qui ne demandaient qu'à se rencontrer ! Sans surprise,
Williams fait part d'une excellente performance, tant dans ses allures comico-délirantes que dans ses aspects dramatiques ou émotionnels ; sans omettre les participations touchantes d'
Amanda Plummer et
Mercedes Ruehl, ainsi que la performance convenable de
Jeff Bridges. Comme toujours avec
Gilliam, le récit comporte pas mal de longueurs, qui plombent le rythme du film ; mais l'ensemble s'avère ici suffisamment maîtrisé pour ne pas perdre son spectateur.
Buried de
Rodriguo Cortés : 16/20
Situer l'ensemble de son action dans un cercueil, avec un seul protagoniste ! Voilà un pari fou et très risqué que
Rodriguo Cortés a remporté haut la main !
Buried ne laisse place à aucun ennui ni aucune redondance, parvenant à immerger son public dans le calvaire vécu par son personnage principal, sans jamais virer dans l'incohérence, le pathos ou la facilité. En somme,
Buried est un thriller éprouvant à côté duquel vous ne devrez surtout pas passer !
Revu :
L'Armée des 12 Singes (Twelve Monkeys) de
Terry Gilliam : 17/20
Un véritable chef-d'oeuvre, qui s'impose comme l'une des plus grandes réussites du cinéaste. Les acteurs se donnent à fond (
Bruce Willis tout particulièrement), les cadrages toujours atypiques de
Gilliam donnent autant de charme que de personnalité au visuel, la musique est un véritable délice pour les oreilles, et le scénario (s'inspirant du moyen-métrage français
La Jetée) témoigne d'un récit à la fois nihiliste, fataliste et terriblement prenant. Bref, un pur joyau du 7e Art à redécouvrir d'urgence !