Hey, Happy ! (2001) Écrit & Réalisé par
Noam GonickAvec
Jérémy Yuen, Craig Aftanis, Clayton Godson, John Simone, Dita Vendetta, Chelsey Perfanick, Sylvia Dueck V’là le film de timbré que nous a réservé
Noam Gonick !
Hey, Happy ! est un putain de film d’auteur comme on n’en fait plus. Un anti-film de long en large et en travers, tout droit sorti de l’univers déjanté de
Noam Gonick.
Les habitants de Winnipeg se préparent à l’inévitable : les prévisions météo ont annoncé une inondation massive allant engloutir toute la ville. Pour certains, c’est l’occasion de faire la fête et de baiser à mort avant l’issue fatale. Ainsi, nous partageons le quotidien d’une galerie de personnages aussi attachants que déglingués. Comme Spanky, un travesti sado-maso arguant d’être la « plus grosse salope de la Terre ». Happy, un mec paumé et simplet, ayant pour habitude de gober les produits toxiques d’une usine chimique désaffectée, entendant des voix d’Extraterrestres à longueur de temps, et dont le meilleur ami est un chien du nom d’Artie. Sabu, un DJ s’étant donné pour mission de se taper 2000 mecs avant l’inondation, afin d’atteindre un rang privilégié dans l’Autre Monde. Darnel, un transsexuel prostitué adorant exhiber ses seins en public. Une panoplie de personnages inoubliables – on comprend vite pourquoi – qui collent parfaitement à l’ambiance du métrage.
Question décors chelous, on est amplement servi. Entre des raves carburant à l’acide, un sex-shop en plein air, une usine en ruines et des champs atrocement vides à perte de vue,
Hey, Happy ! s’impose comme un OVNI complètement barré. Le film de
Noam Gonick rappelle à plusieurs égards
Eraserhead, Pink Flamingos et même
The Rocky Horror Picture Show en passant par
Priscilla Folle du Désert. Autant dire tout de suite que, s’il était sorti une trentaine d’années plus tôt,
Hey, Happy ! serait devenu un
Midnight Movie des plus respectés. Du point de vue de la réalisation,
Noam Gonick a son propre style. Le résultat se veut jouissif et à des milliers de kilomètres des productions hollywoodiennes. Jouant avec les couleurs psychédéliques, les éclairages et les zones d’ombre, les travellings hors-norme, les plans en contre-plongée, les ralentis,
Hey, Happy ! amène à des scènes à la fois dérangées et cultes. Comme lorsque Darnel nous fait un défilé à la mode des
bitches de la Grande Ville. Ou lorsque Sabu plonge dans son propre vomi pour y découvrir un monde aquatique rempli d’hommes nus.
Les seuls bémols à imposer à cette œuvre concerneraient la musique et l’histoire en elle-même. D’un côté,
Hey, Happy ! tient son originalité dans ses rythmes techno-électro-funk, ses quelques douces mélodies, et une histoire en marge de l’histoire du Cinéma. D’un autre, on a droit à de la techno à toutes les sauces, et ce, tout au long du film. Ce qui devient vite lassant pour quelqu’un qui ne supporte la techno qu’à dose infime. De surcroît, l’histoire a tendance à se répéter, multipliant les scènes de rave, de vente de VHS porno, de mixes techno signés DJ Sabu. Heureusement,
Hey, Happy ! ne dure que 70 minutes et ses personnages politiquement incorrects font vite passer le temps.
Hey, Happy ! est à voir au moins une fois. Ne serait-ce que pour son jusqu’au-boutisme assumé et sa marginalité à part entière. À condition de n’avoir aucun problème avec le fait que deux hommes ont le droit de s’aimer, de supporter un minimum la techno, et de vouloir plonger dans un univers filmique que vous ne trouverez nulle part ailleurs.
Réalisation : 4.5/5
Musique : 3.5/5
Acteurs/Personnages : 4.5/5
Histoire : 3/515.5/20