EDMONDde Stuart Gordon 2005Avec: William H. Macy, Julia Stiles, Joe Mantegna, Rebecca Pidgeon, Bai Ling, Jeffrey Combs, Denise Richards, Mena Suvari, Jack Wallace, Michael Calder.
Edmond (William H. Macy) est un homme sans envergure menant une vie banale et qui n’a jamais contesté l’autorité. Un soir, en revenant du travail, il décide de s’arrêter pour voir une diseuse de bonne aventure. Cette dernière lui répond qu’il n’est pas à sa place.
Cette simple phrase résonne dans l'esprit d'Edmond comme une terrible prise de conscience : et si c'était vrai ? et si une vie nouvelle l'attendait loin de son confort bourgeois ?
Edmond décide de faire le grand saut et quitte sa femme en lui déclarant froidement qu'il ne 'aime plus. Se sentant enfin libre, il plonge dans l'inconnu : il erre dans les quartiers mal famés de la ville et découvre le marché du sexe…
Mais il n'a pas compris qu'il s'aventurait dans un monde dont il ignore les règles - un monde brutal dont on ressort pas indemne. Edmond n'a toujours pas trouvé sa place - si ce n'est une place en enfer…
Edmond est un film brutal. Tant par son aspect artistique que par le message qu'il nous assène sans la moindre finesse. Une oeuvre très différentes de ce que Stuart Gordon avait pour habitude de nous offrir
!
Ici pas de monstre, de scène outrageusement gores et encore moins de second degrés. Juste une implacable réalité, froide et imparable qui décompose un a un les espoirs que les chimères de la vie quotidienne érigent en forteresse pour protéger nos esprits trop formatés, souvent malgré nos plus profondes aspirations.
Quand tous les repères s'effacent, que l'étroite frontière de la moralité s'estompe, il ne reste plus rien, on se retrouve absolument seul face a ses craintes, ses peurs et ses tabous !
Stuart Gordon, grace a une mise en scène terriblement efficace, colle au corp de son personnage et nous plonge a ses cotés dans un univers glacé ou les sentiments non plus la moindre valeur, ou chaque minute passée dans un NY insalubre et inquiétant nous rapproche d'un final inéluctable.
Le film possède une certaine élégance et une tension indéniable surtout après la rencontre de Edmond et de la jeune serveuse.
La musique discrète colle parfaitement a l'ambiance nocturne et presque irréelle, contraste bien maitrisé en réaction au monde ultra-réaliste que nous dépeint le réalisateur.
La photographie rend crédible et renforce le sentiment de mal etre que nous communique le personnage principal.
William H. Macy réussi haut la main a rendre parfaitement crédible son role de désabusé qui peu a peu s'enfonce dans une logique, très bien décrite par sa philosophie totalement décalée mais intéressante, d'ou aucun échappatoire n'est possible. Il joue brillamment sans jamais tomber dans la surenchère ni dans une certaine outrance qui aurait décrédibilisé le film. Un bel exploit d'équilibriste qui éclipse quelques peu les autres acteurs, bon au demeurant.
"Lorsque nous craignons quelque chose, c'est que, selon moi, nous le désirons. Que ce soit la mort ou un cambriolage." tel est la lecon implacable que sa nuit particulière a inculquée a Edmond...
Nous pouvons facilement nous identifier à Edmond car nous partageons ses peurs. Meme si les notres peuvent sembler différentes, elles agissent de la meme manière sur nos vies et nos choix.
Edmond décide de faire face à sa peur (des Noirs, des homosexuels et des femmes) jusqu'a ce que ses angoisses se changent en désirs pour donner un sens ou tout du moins une logique a sa nouvelle existence...
Le film s'achève brutalement sur une image dérangeante ou tout du moins troublante....
Derrière chaque peur se cache un désir ?