The Vampire Lovers fut réalisé par Roy Ward Baker à l'époque où la Hammer commençait à décliner, en partie à cause d'une baisse de fréquentation de ses films suite à la sortie de films d'épouvante plus ancrés dans le contemporain réel (Rosemary's Baby). Elle tente de renouer davantage avec le gothique et se propose moins que rien d'adapter un classique de la littérature fantastique, Carmilla de Sheridan Le Fanu.
On le sait, la Hammer a su réaliser de bons films, voir de très bons de vampires. D'abord le magnifique Cauchemar de Dracula, ensuite les Maîtresses de Dracula, Dracula Prince des Ténèbres... Mais Roy Ward Baker n'est pas Terence Fisher. Sa mise en scène apporte toutefois un certain style au film. The Vampire Lovers marque aussi une étape importante dans l'histoire de la Hammer et du cinéma britannique en exploitant la nudité mais aussi de lesbianisme (qui est ici toutefois traité avec une mièvrerie à en faire regretter Twilight). Dommage qu'en dépit de sa courte durée (à peine une heure et demi), le film se perd dans des disgressions sans intérêts. Les apparitions, plus grotesques qu'effrayantes, d'un vampire ricanant sur son cheval n'apportent par exemple strictement rien au récit et s'avèrent totalement inutiles. Certains détails sonnent faux (Carmilla maîtrisant physiquement les hommes par la simple force de ses bras bien minces) et les dialogues sont souvent insipides. Quant aux comédiens, si on est heureux de retrouver le grand Peter Cushing (qui malheureusement n'est ici qu'un second rôle), en revanche, on ne peut pas en dire autant sur Ingrid Pitt. Son choix d'interpréter le personnage de Carmilla n'est pas des meilleurs. Et pour cause, son jeu est beaucoup trop haussé et prête plutôt à sourire. Malgré une certaine sensualité, on est à des lieux de la charge menaçante de Christopher Lee dans le Cauchemar de Dracula et du côté mystérieux et envoûtant du personnage de Carmilla ainsi décrit dans le roman. Que dire du passage où, indisposée par les chants religieux, Carmilla chiale, incarné par une Ingrid Pitt qui surjoue de manière à se tordre de rire. Sérieux, ce personnage vous fait peur ? Quarante ans avant ce film, Nosferatu était beaucoup plus flippant. Même Edward Cullen donne des frissons à côté de ça. The Vampire Lovers demeure dans l'ensemble un long-métrage Hammer intéressant qui présente quelques bonnes séquences (notamment le pré-générique) de beaux décors et costumes et une bonne ambiance. Bien que faisant plus rire que peur, il arrive à nous faire passer un moment plutôt sympa.