Demolition Man (1993) Réalisé par
Marco BrambillaÉcrit par
Daniel Waters, Robert Reneau & Peter M. LenkovMusique d’
Elliot GoldenthalAvec
Sylvester Stallone, Wesley Snipes, Sandra Bullock, Nigel Hawthorne, Denis Leary, Rob Schneider, Jack Black, Benjamin Bratt, Steve KahanSynopsis :Année 2032. Dans la mégalopole de San Angeles, Simon Phoenix, le plus dangereux psychopathe des années 90, s’évade du « Cryo-Pénitencier ». Face à ce tueur, seul un policier peut lutter : John Spartan. Flic violent, sans foi ni loi, prêt à tout pour arrêter Simon Phoenix. Œuvre culte dans le monde de l’Action-SF,
Demolition Man demeure unique et indémodable. Certes, le rendu a tendance à s’acoquiner avec l’Action pure et dure, soit inepte et inutile. Toujours est-il que le film de
Marco Brambilla a conservé toute sa puissance, autant du côté de l’humour que celui de la (légère) satire sociale. Car
Demolition Man ne se contente pas de nous projeter dans un univers futuriste parmi tant d’autres, il dépeint au contraire une société fasciste, puritaine, dans laquelle la violence, la colère et le contact physique sont réprimés par la Loi, où chacun se complaît dans la paix, l’harmonie intérieure, la rétention sexuelle, l’altruisme et les spots publicitaires gnangnan. Un
El Dorado dont le revers de la médaille exposerait un monde souterrain habité par les « rebus » de la société, c’est-à-dire les anarchistes, les pauvres, les petites gens, les exclus, les Immigrés. En somme,
Demolition Man nous convie à un affrontement futuriste entre Républicains et Démocrates, ou plutôt à ce que cet affront pourrait avoir comme conséquences sur le monde à venir.
Maintenant,
Demolition Man est aussi et surtout l’occasion d’en prendre plein la vue. Via ses nombreuses et explosives scènes d’action ainsi que son humour sous-jacent donnant lieu à des passages cultes tels que Spartan insultant la Balise à Jurons pour se trouver du papier-cul, la scène d’amour virtuel, ou
Sandra Bullock poussant la chansonnette sur des spots publicitaires niais. On pourra tout de même reprocher à ce film son
happy-end convenue et lourdingue dans laquelle le Héros a sauvé la ville, change la destinée de tout un chacun, réintroduit le calme et la tolérance, et joue les Gros Bras machos en empoignant l’héroïne pour l’embrasser. Sans parler du fait que
Stallone se fait cartonner en permanence mais s’en sort indemne à chaque fois. Ce qui nous amène aux acteurs. Si
Sylvester Stallone délivre l’une de ses meilleures performances, cette dernière n’en reste pas moins un peu juste, compensant ses faiblesses dans les clichés du genre (perso bourrin, cynique, ne craignant pas le danger, etc.).
Wesley Snipes s’en sort haut la main, incarnant avec maestria le tueur déglingué, amoral et antipathique.
Sandra Bullock se veut hilarante dans ce rôle de pimbêche férue du 20e siècle, essayant tant bien que mal de placer des expressions d’antan – on se souvient tous des fameux : « Vous me cassez les coudes ! » ou « Il a les moules ! Il est dans la mer jusqu’au cou ».
Pour ce qui est de la réalisation,
Marco Brambilla fait montre d’un travail somme toute conventionnel, filmant sans originalité et (presque) sans personnalité. C’était sans compter sur la mise en scène plus que moyenne, amenant à des scènes de combat trop chorégraphiés pour paraître réalistes ou crédibles. Heureusement, la discrétion et la réussite des effets spéciaux font de
Demolition Man une œuvre décapante et jouissive. Un bémol tout de même à mettre du côté de la musique. En effet,
Elliot Goldenthal n’est pas foutu de composer des thèmes, il se contente simplement de balancer quelques partitions kitsch, datées, soutenant assez mal le rendu visuel. En même temps, elles se montrent tellement kitsch que l’on en sourit facilement. Au final,
Demolition Man n’a rien perdu de sa puissance graphique ni de son humour ; on prend toujours autant de plaisir à le regarder, même après 30 visionnages…
Note : 16/20