Freaks (1932, Tod Browning)

Comme vous l'avez peut-être remarqué, j'adore parler des grands classiques de l'histoire du cinéma d'épouvante (quoique je ne les connais pas tous, loin de là...) et je me demande pourquoi je ne vous ai pas encore embété avec FREAKS (sous-titré en français : La Monstrueuse parade) de Tod Browning, un film indispensable datant de 1932.

Ce film raconte l'histoire d'un petit cirque ambulant, qui, entre autres spectacles, propose des " monstres " (des freaks, quoi) : c'est à dire des personnages hors-normes, que l'on exhibe contre de l'argent, ainsi que le faisait Barnum... Nous y découvrons un homme-tronc, une femme à barbe, des nains ou des trisomiques... Nous y découvrons surtout un fonctionnement social très élaboré, dans lequel les " monstres " (je tiens vraiment à employer les guillemets car cette dénomination est une injure à l'humanité) sont très liés, très solidaires les uns avec les autres, mais vivent également en bonne intelligence avec les personnes " normales " (itou pour les guillemets) qui travaillent dans le cirque. L'une des personnes de petite taille, sur le point de se marier avec une de ses " semblables " (ça commence à devenir chiant tous ces guillemets...) tombe alors amoureux d'une splendide trapéziste qui, apprenant que son prétendant miniature (c'est d'un goût...) est l'héritier d'une immense fortune, va rentrer dans son jeu en espérant profiter de son argent. Son stratagème sera découvert, et la vengeance des " monstres " sera terrible...

En quoi ce film est-il un film d'épouvante ? Pour la bonne raison qu'il est l'un des premiers films de l'histoire du cinéma à pousser dans l'extrème. Le fait de montrer des personnages différents physiquement des normes sociétales a particulièrement choqué les spectacteurs de l'époque, et je dois dire à mon grand regret que soixante-dix ans plus tard on continue à faire la moue devant ces personnes atteintes de handicaps graves. Mais Tod Browning ne rentre pas dans le jeu Barnum : il n'exhibe pas ces gens dans le but d'horrifier, il cherche au contraire à montrer l'humanité qui les emplit, bien plus développée que chez cette trapéziste cynique et cruelle. Il n'en demeure pas moins que le choc fut réel, et cette réaction de recul qui se crée dans l'oeil du spectateur est révélatrice : nous sommes tous plus ou moins effrayés, sinon dégoutés, par ce qui est différent. Et le film, sans faire dans la morale lourde, nous fait comprendre qu'il est nécessaire de dépasser ce cap...

Tod Browning a employé dans ce film la fine fleur des " freaks " de son époque : pour un petit cirque ambulant, le spectacle est même faramineux. On est impressioné de voir cet homme tronc se rouler une cigarette et l'allumer en utilisant sa seule bouche (pour la petite anecdote, cet homme était marié, et père de plusieurs enfants...), de voir les soeurs siamoises, célébrité de leur époque, condamnées à vivre collées l'une à l'autre, etc. — Montrer ainsi dans sa vérité crue des personnages aussi atypiques est un fait unique dans l'histoire du cinéma. C'est pourquoi voir ce film demeure une nécessité, tant par sa qualité formelle que par l'entreprise que fut celle de Browning, et qui lui valut quelques déboires avec les studios, me semble t-il.

Si le cinéma de " l'extrème " à une parenté, c'est dans Freaks qu'il faut aller la chercher... Cependant le film n'a rien d'insoutenable. C'est un hommage à l'humanité, tout simplement. A la fois dur, noir, parfois violent, mais profondément poétique.

A noter une magnifique édition " collector " de la Warner, dont j'ignore hélas si elle est disponible au Québec, puisque je suis moi-même un bon petit francaillon de la vieille Europe...

Entièrement d'accord avec toi.
Je trouve que tu dit vraiment l'essentiel dans ton post, à savoir le côté humain qu'a voulu faire ressortir Tod Browning
Un grand classique

FREAKS est dans mon (interminable) liste de DVD à acheter!!! J'ai vraiment hâte de le voir"!

Mr. Horreur Web a écrit:

FREAKS est dans mon (interminable) liste de DVD à acheter!!! J'ai vraiment hâte de le voir"!

desolé du derangement les gars mais quel est votre shop online favori pour tous ces DVD ?
*
Ferdinand ton topic est superbe, ce film m'avait marqué aussi, tout comme le magnifique "Elephant Man"
Bravo !

Moi, j'aime bien Amazon.com ou Ebay. Il y a aussi www.xploitedcinema.com qui est bien.

Ferdinand, c'est drôle que tu me parles de ce film. Mon père m'en a parlé il y a une semaine environ et il m'a dit qu'il allait essayer de me le trouver.

J'ai vraiemtn hâte de le voir. Aussi, ça va faire changement de mes films récents des années '80s.

WiLLyBoy a écrit:

Ferdinand, c'est drôle que tu me parles de ce film. Mon père m'en a parlé il y a une semaine environ et il m'a dit qu'il allait essayer de me le trouver.

J'ai vraiemtn hâte de le voir. Aussi, ça va faire changement de mes films récents des années '80s.

C'est ton père je crois qui possède également le Cabinet du docteur Caligari Voilà un homme de culture qui connait ses classiques ! (il aurait certainement pas mal de choses à m'apprendre, tu voudrais pas lui demander un jour de dresser sa liste des classiques indispensables ? )

Pas de problème.

D'ailleurs, c'est lui (et un peu horreur-web) qui m'a bien fait connaître le style et initié aux classiques.

INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS

Réalisé par Tod Browning
Écrit par Willis Godbeck, Leon Gordon, Edgar Allan Woolf & Al Boasberg
D’après le roman de Tod Robbins
Avec Olga Baclanova, Henry Victor

Synopsis :
Dans une baraque de cirque, le bonimenteur va présenter au public le plus affreux de tous les monstres. Mais, auparavant, il veut raconter cette histoire : trapéziste vedette, Cléopâtre était une jolie jeune femme qui avait fait tourner la tête au nain Hans. Par jeu, Cléopâtre lui fait les yeux doux. Ayant appris par Frieda, l’ancienne promise de Hans, que ce dernier a hérité d’une fortune, Cléopâtre organise avec Hercule, lutteur et amant de la jeune femme, un plan sinistre : épouser Hans puis l’empoisonner afin de s’approprier l’héritage. Hans, aveuglé par l’amour, commence à croire que le jour de ses noces sera le plus beau d’entre tous. Mais, à la fin du banquet, alors que les « monstres » du cirque s’apprêtaient à lui faire une place dans leur communauté, Cléopâtre, ivre, se révolte, crie sa haine et son mépris envers ces êtres disgraciés…







Voilà un film qui a marqué et marquera à tout jamais le cinéma. Freaks est le genre de métrage indispensable à toute vidéothèque. Véritable réflexion sur la condition humaine, sur le regard méprisant et dégoûté des gens dits « normaux » à l’égard de ceux que l’on nomme les « monstres ». Freaks nous montre surtout que les véritables monstres sont les êtres normaux, aimant à se dégoûter et à se moquer d’individus difformes ou différents. Mais, ne nous méprenons pas, Freaks n’est pas que l’étalage insipide et soporifique de monstres de foire en tout genre. Il possède au contraire une histoire passionnante et touchante, aidée par un casting composé de vrais acteurs. Qu’il s’agisse de Hans et Frieda, de Vénus, ou de l’immonde Cléopâtre, incarnant la cruauté humaine. La musique est peu présente tout au long du métrage, mais qu’est-ce qu’on s’en fout ? Freaks n’a aucunement besoin de puiser sa force dans ses thèmes musicaux. Freaks se démarque bien plus par la psychologie de ses personnages, sa mise en scène implacable, son histoire touchante, et sa réalisation excellente. Ne cherchez pas de mouvements de caméra chiadés ou de plans révolutionnaires, la réalisation de Freaks se caractérise surtout par sa simplicité exemplaire et suffisante. Freaks doit être ni plus ni moins vu par tout amateur de cinéma, tous genres confondus. Un chef-d’œuvre incontournable, en somme !






Note : 18/20

Bien sur qu'il existe ce topic ! Un film fantastique, dans tout les sens du terme, qui devrait être inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO !

Freaks! de Tod Browning

Un film malsain (dans le mauvais sens du terme), gratuit, méchant et sans profondeur, qui n'a pour seul but que de choquer.

0/5 (le seul film auquel j'attribuerais la note 0, quelle cruauté de montrer de façon "voyeur" ces pauvres personnes difformes, aucune critique sociale - ce à quoi je m'attendais à la base - juste un défilé de "monstres", je suis heureux que ce barbare de Tob Browning ait eu une carrière de merde après ce film intolérable)

J'ai une autre vision de ce film que toi, c'est tout.

On peut le dire !!!

Le film a soixante-dix-sept ans et se montre encore capable de susciter ce genre de réactions. C'est révélateur de l'immense génie de Tod Browning, et ça c'est toujours une bonne chose. C'est aussi révélateur que ce que Freaks dénonce est toujours d'actualité. Et ça, en revanche, c'est très triste.

Et alors? Ta vision du film est plus importante que la mienne? Ton smiley est très prétentieux, comme si ta version était la vraie version du film, et la mienne, l'interprtation "OVNI et sans importance", comme si tu étais dans le vrai et moi dans le faux.
Je sais très bien ce que beaucoup pensent du film, et bah moi je l'ai bien vu et non, ce n'est pas une ode à la tolérance, ni un poème humaniste. C'est une merde sans profondeur, d'un auteur aussi dégueulasse que Barnum.

Excellent film. Faudrait que je le revoie ça fait une sacrée paye. Je ne l'érigerais cependant pas en culte comme le font beaucoup mais ça reste une sacrée claque tant dans la forme que le fond.

GloomyPhantoom a écrit:

Et alors? Ta vision du film est plus importante que la mienne? Ton smiley est très prétentieux, comme si ta version était la vraie version du film, et la mienne, l'interprtation "OVNI et sans importance", comme si tu étais dans le vrai et moi dans le faux.
Je sais très bien ce que beaucoup pensent du film, et bah moi je l'ai bien vu et non, ce n'est pas une ode à la tolérance, ni un poème humaniste. C'est une merde sans profondeur, d'un auteur aussi dégueulasse que Barnum.

Super ton dernier commentaire Boxer, quel argument!

Y'a pas à argumenter devant tant de conneries. Relis la première page du topic, tout est là.

Hmmm je pense pourtant que le message du film est on ne peut plus clair. Etre un monstre ne relève pas tant du physique mais de sa façon d'agir, la trapéziste est en ce sens LE véritable monstre du film. A l'époque ou le film était sorti il était encore d'usage de se moquer de telles personnes (les figurants travaillaient véritablement dans un cirque à cette époque), c\'est donc un véritable tour de force de la part de Browning de réaliser un film pareil, malgré les attaques de la censure.

J'ai pas le droit d'avoir un autre avis qui soit lu avec autant d'importance et de respect que celui de la masse, ou suis-je obligé de rentrer dans le troupeau de moutons?

Mouais, franchement le double sens je le vois pas ... après chacun sa perception des choses c'est sûr. Pour moi le côté voyeur comme tu dis est surtout présent pour montrer que ces êtres difformes vivent, sont amoureux, nouent des relations d'amitié comme nos semblables. Le réalisateur les humanise donc par ce biais. Bref ...

Moi j'ai trouvé au contraire qu'il les mettaient en scène sous forme de phénomènes de foire, animaux, monstres. On les regarde d'un air voyeur, du genre "Oh regardeuh!", alors que ces pauvres gens, humains eux aussi, sont pareil que les autres, mais paraissent différents ici, puisque regroupés d'un côté, et les humains dits normaux de l'autre. Ainsi, nous avons affaire à un défilé de monstre, où l'on se complait à regarder d'un oeil noir et dégouté la différence. On s'amuse à dire à nos amis "Alors ya la femme à barbe, la femme sans bras, l'homme-tronc, les deux lilliputiens, l'androgyne, la femme-poule - trop lol c'était un trucage mouahaha! - l'homme-squelette... trop fort comme 'sont b'zarres lol!". C'est vraiment ce queça a envie de dire, et c'est très méchant.

Bah le film à un petit côté démonstration de foire à prime abord, propre à tout film de freaks qui se respecte comme Elephant man par exemple. Puis ça découle de cette volonté de choquer à tout prix, vu le contexte de l'époque et le thème majeur du film " la différence". Au début quand tu les vois ça exerce une sorte de fascination mélée à de la répugnance. Puis quand on se rend compte des sentiments des personnages, on en vient à occulter cet aspect physique et à les considérer comme nos semblables. C'est en ce sens que Browning comme Lynch et d'autres jouent avec les sentiments des spectateurs, pour qu'ils en sortent changés tout simplement.