Je me permets de poster ici deux critiques que j'ai écrites sur deux films belges : "Le repas du singe" (2013) et "Parabola" (2006). Je fais ceci afin de vous donner l'envie, je l'espère, de vous rediriger vers une campagne de crowdfunding qui a lieu en ce moment, visant la fabrication d'un coffret DVD (voir lien tout en bas de ce post) réunissant trois longs-métrages du réalisateur belge Karim Ouelhaj, qui a remporté, par ailleurs, le Méliès d'Argent pour son court-métrage "l'Oeil Silencieux" au dernier BIFFF.
Tout d'abord, voici ma critique du "Repas du Singe" :
https://vimeo.com/16273412
Livrant une pellicule passionnée et sans concession, Karim Ouelhaj, cinéaste liégeois, frappe juste avec son nouveau film, le Repas du singe. Engagé socialement, nous avons affaire ici à un film anti-drogues. Réaliste et fort.
Nadia, la trentaine, tente d’échapper à un quotidien morose par la prise de drogues, tandis que Sophie, d’environ le même âge, tente de se réfugier pour les mêmes raisons dans des relations qui, au final, ne durent jamais très longtemps. Ensemble, elles décident de commencer à vivre plutôt que survivre, mais tous les moyens ne sont pas bons pour y arriver. Surtout lorsqu’on tente d’échapper à certains milieux…
Globalement, l’atmosphère de ce film en noir et blanc, s’avère être à la fois planante et tendue. Nous sommes face à des personnages à l’âme blessée qui n’ont de cesse de fuir les tensions intérieures et extérieures qu’ils subissent dans leur vie de tous les jours. Cette fuite continuelle, par l’usage et la revente de produits illicites, risque bien de les mener droit dans le mur. Ce ne sont pourtant pas les avertissements qui manquent (la rencontre avec un caïd menaçant, celle avec une tapineuse ravagée par ses doses, une descente de flics…).
Karim Ouelhaj alterne les séquences âpres, brutales avec les passages beaucoup plus tendres et empreints d’humanité. On se laisse emporter par le courant ininterrompu de ce qui semble être une rivière audiovisuelle, observant la vie de personnages à la dérive et leur parcours parsemé de récifs douloureux. Qui s’en étonnera, l’embouchure est incertaine. Mais l’émotion qu’elle suscitera, quant à elle, restera bien ancrée dans nos cœurs et nos esprits.
La première œuvre de Karim Ouelhaj a déjà été chroniquée dans les pages du Poiscaille (voir Le Poiscaille n°16). Ce long-métrage, intitulé Parabola (2005), abordait avec une grande pertinence le sujet délicat de la prostitution. La deuxième, qui n’a malheureusement eu droit qu’à une projection unique sur la ville de Liège en 2010, est intitulée Frank Shinobi : An Experimental Musical Movie. Sorte de long clip d’environ une heure dix aux images et sonorités hallucinatoires, ce film totalement déjanté était basé sur des morceaux du groupe éponyme. Avec le Repas du singe, troisième œuvre du cinéaste, le sujet traité n’est plus la prostitution mais bien la toxicomanie et l’emprise des dealers. Karim Ouelhaj s’attaque décidément de front à des sujets sensibles, ce qui est, hélas, trop rare dans le paysage cinématographique belge.
(critique parue dans le "Poiscaille", journal satirique liégeois)
Voici à présent ma critique de "Parabola" :
https://vimeo.com/16248008
Jeune réalisateur liégeois, Karim Ouelhaj nous livre ici un véritable brûlot cinématographique rageur et sans concession, par ailleurs sélectionné à la Mostra de Venise dans le cadre de la « Journée des Auteurs ». Ce cinéaste est par ailleurs l’auteur d’une dinguerie intitulée « Frank Shinobi : An Experimental Musical Movie », et « Demain j’arrête » [note de l'auteur : retitré par la suite "Le repas du singe"] est son prochain long-métrage, actuellement en phase de post-production. Ce type de cinéma, malheureusement trop rare en Belgique, vaut résolument le détour.
Sarah, Héléna et Axelle tentent, au jour le jour, de survivre dans les rues de Liège. La prostitution est leur seul moyen de subsistance, et la présence de Zacharie, souteneur possessif et violent de Sarah, n’est pas pour arranger les choses…
Que dire de ce film, si ce n’est qu’à l’instar de ses protagonistes, rien ne nous sera épargné, à nous spectateurs. Ouelhaj filme le quotidien de ces trois femmes en dénonçant une terrible machinerie qui broie les individus comme de vulgaires fruits mûrs (une séquence de viol est à ce titre parmi les plus éprouvantes de toute l’histoire du cinéma !). Le tapin est montré ici comme un engrenage dépersonnalisant à l’extrême, dans lequel, malgré tout, nos trois courageuses jeunes filles parviennent à garder une certaine forme d’espoir. Face à un système sans âme, une rage mêlée de tristesse nous saisit le cœur à la vision de ce film, malheureusement peu diffusé en Belgique lors de sa sortie. Quand ça arrive près de chez nous, beaucoup de gens ne veulent pas trop savoir…
(critique parue dans le journal satirique liégeois "Le Poiscaille")
Je mets ici un lien vers la campagne de crowdfunding où vous trouverez toutes les infos nécessaires concernant le financement du coffret triple DVD avec les trois longs-métrages du réal (désolé, je n'ai pas écrit de critique sur le troisième film du coffret) :
https://crowdin.be/projet-crowdfunding/okayss