Frenzy (1972) Réalisé par
Alfred HitchcockÉcrit par
Anthony ShafferMusique de
Ron GoodwinAvec
Jon Finch, Alec McCowen, Barry Foster, Billie Whitelaw, Anna Massey, Barbara Leigh-Hunt, Bernard Cribbins, Vivien MerchantSynopsis :Londres vit dans l’angoisse : un homme étrangle des jeunes femmes avec sa cravate. Un ancien pilote de la RAF devenu barman est condamné…à tort. Inutile de passer par quatre chemins,
Frenzy est LE meilleur
Hitchcock, ni plus ni moins. Encore mieux que
Psychose et
La Maison du Docteur Edwardes,
Frenzy s’impose tout d’abord par son aspect moderne. Le cap des années 70 passé,
Hitchcock semble vouloir innover et libéré de tout un tas de contraintes. Ainsi, les personnages ont un langage châtié – débitant des « merde », des « pute », des « salaud » en pagaille – et n’hésitent pas à se mettre à nu devant la caméra. Bien entendu,
Hitchcock se garde bien de filmer la tête des actrices quand elles se déshabillent étant donné qu’il s’agit de doublures. Outre cette libération des mœurs,
Hitchcock nous convie à des scènes de meurtres macabres, osées et indubitablement dérangeantes, même au 21e siècle. En effet, les passages où le tueur étrangle ses victimes avec une cravate demeurent difficiles à supporter car réalistes et maîtrisés à la perfection.
Hitchcock va jusqu’à sombrer dans un humour très noir, un cynisme nécrophile dans lequel le tueur se « bat » avec un cadavre pour récupérer quelque chose qui lui appartient. Une scène mémorable et tout simplement culte.
Mais
Frenzy ne s’affiche pas uniquement grâce à une réalisation novatrice, il s’impose d’emblée par le biais de son histoire. Enchaînant quiproquos sur retournements de situation,
Frenzy se révèle comme un thriller haletant, tendu, incroyablement captivant. Plus qu’un film,
Frenzy se vit, se ressent. D’où un résultat éprouvant pour les nerfs et le moral. Si le métrage ne manque pas d’action, il recèle également de répliques fortes et de passages particulièrement drôles tels que celui où l’inspecteur de Scotland Yard doit affronter sa femme et ses fameux plats français, aussi repoussants d’aspect que de goût… De leur côté, les acteurs adoptent un jeu simple mais terriblement efficace.
Jon Finch fait du personnage de Richard Blaney un être cohérent et humain.
Alec McCowen incarne à merveille l’obsédé sexuel, propre sous tous rapports.
Billie Whitelaw et
Anna Massey jouent leur rôle respectif avec justesse. Et que dire de
Barbara Leigh-Hunt ? Tout bonnement excellente dans son interprétation de la femme de l’inspecteur.
Ce qui fait aussi la force de
Frenzy, c’est son score musical. Comme
Psychose, l’un ne va pas sans l’autre. On se sent à plusieurs reprises littéralement emporté par la musique de
Ron Goodwin. Ce dernier enchaîne les rythmes puissants et entraînants, jusqu’à faire de la musique une partie indissociable du reste du film.
En bref, s’il est un
Hitchcock à ne surtout pas manquer, c’est bien celui-ci.
Frenzy surpasse toutes nos attentes, nous comble d’une joie morbide à chaque instant. Un chef-d’œuvre hitchcockien unique. Un monument du cinéma.
Allez, 2 chances de trouver Alfred dans la foule !Note : 18.5/20