American Psycho Violent, dramatique, déjanté, magnifique, décevant, trash, psychologique :
American Psycho, c'est un peu tout ça en même temps.
Lors de sa première vision, j'avais été un peu déçu par ce film, tout d'abord parce que je m'attendais à un vrai film de bourrin, et surtout par sa fin qui est plutôt bonne mais écourtée et un peu juste. La fin aurait pu être un retournement dans le film, comme ce fut le cas dans
Fight Club ou
Un Homme d'Exception, et la fin nous laisse ici un peu sur notre faim (8) ) !
Mais lors de ce nouveau visionnage, c'est un autre film que j'ai découvert et j'avoue avoir été séduit par le jeu des acteurs, la personnalité de Patrick Bateman et les raisons de son entrée dans la folie.
American Psycho est donc le genre de film qui déçoit lors de sa première vision, à cause de sa fin, mais que l'on apprécie de revoir.
Pour ma part, j'ai trouvé Christian Bale tout à fait épatant et bluffant, montrant au grand jour ses talents d'acteur. La scène où Bateman poursuit Christie, la pute blonde, dans son immeuble avec la tronçonneuse est très réussie, vous tient en haleine et aux couilles jusqu'à la fin de la scène. Un vrai bonheur pour les yeux.
Et, chose exceptionnelle, je trouve que la scène de cul du film n'est pas gratuite ni inutile. Plutôt que de nous montrer, comme d'habitude, des bouts de fesse et de seins pour maintenir le mâle en haleine, cette scène nous montre le narcissisme excessif de Bateman et un côté de sa folie.
Une scène réussie donc qui ne vient sous aucun prétexte nuire à la qualité du film.
Reste la fin qui est tout de même juste bien que réussie et troublante, particulièrement lors du traveling final nous montrant le visage froid et impassible de Patrick Bateman, qui n'est pas sans rappeler le final de Psychose. En même temps, tout le monde pouvait dores et déjà se douter d'un tel rapprochement : rien que les titres originaux :
Psycho et
American Psycho sont, comment dire, très proches !
Ce nouveau visionnage a donc fait remonter ce film dans mon estime et je le considère désormais comme un très bon thriller psychologique, peuplé d'acteurs bluffants et d'une montée en folie jouissive.
Je profite de l'occasion qui m'est donné pour parler du cas de Patrick Bateman.
Mais de quelle pathologie mentale souffre-t-il ?
Eh bien, Patrick Bateman est caractérisée par une personnalité paranoïaque.
La paranoïa n'est pas ce que l'on entend de nos jours, elle est bien plus grave que cela.
Être paranoïaque, c'est tout d'abord douter de l'autre, mais qui en réalité signifie douter de soi : "je sais que je ne suis pas le meilleur" se transforme rapidement en "les autres m'empêchent d'être le meilleur parce qu'ils sont jaloux de moi". Ensuite, un être paranoäque est un "hypertrophié du Moi", c'est-à-dire que lui seul a raison, que tous les autres ont tort, et que ces mêmes autres ne méritent pas de savoir ce que lui sait parce qu'ils pourraient l'utiliser contre lui ou se moquer de lui.
Le paranoïaque préfère donc l'isolement et la méfiance.
Force est de constater que Bateman est caractérisé par une personnalité paranoïaque : le monde tourne autour de lui, il se méfie de tout le monde, "tue" par jalousie, ou du moins s'imagine tuer des gens pour satisfaire ses pulsions meurtrières.
American Psycho est donc un très bon thriller psychologique ainsi qu'une belle critique de la société de consommation dans laquelle pouvoir, gloire et beauté sont primordiaux.
Note : 14.5/20Pour les intéressés, voici le résumé, le casting et quelques secrets de tournage :
Au coeur des années Reagan, Patrick Bateman est un pur produit de la réussite américaine. Jeune, riche, il est un de ces golden boys qui triomphent à la bourse. Seul le nec plus ultra est digne de lui et il s'emploie à ne retrouver que des symboles qui lui renvoient une image de succès. Il accumule, avec une obsession maladive, les vêtements selects, les relations enviables. Son voeu le plus cher est de se fondre dans cette foule, de trouver sa place au milieu de ceux auxquels il s'identifie.
RéalisationMary Harron
ActeursPatrick Bateman : Christian Bale
Donald Kimball : Willem Dafoe
Paul Allen : Jared Leto
Craig McDermott : Josh Lucas
Jean : Chloë Sevigny
Evelyn Williams : Reese Witherspoon
Courtney Rawlinson : Samantha Mathis
Luis Carruthers : Matt Ross
David Van Patten: Bill Sage
ScénarioMary Harron
Guinevere Turner
Propos de Mary Harron : Guinevere Turner et moi avons été frappées par l'aspect "anti-mâle" du livre.
Bien sûr, nous nous sentons naturellement plus proches des personnages féminins, mais il faut reconnaître que dans ce livre, seuls les personnages féminins sont réellement sympathiques. C'est cela qui nous a intéressées. Il y a aussi le fait que Bateman et ses amis ne suscitent pas l'admiration, bien au contraire. Il est l'homme idéal, un macho parfait, un jeune lion, un yuppie symbole de réussite, à tel point que personne ne remarque qu'il est psychotique. Il porte les obsessions de notre culture à un degré ultime.
Là où la plupart de ces jeunes arrivistes se contentent de mépriser les pauvres, Bateman les tue. Là où on détruit socialement ses rivaux, Patrick Bateman les assassine. Et quand les hommes traitent les femmes avec mépris, lui les abat."
De Guinevere Turner, coscénariste et interpréte d'Elizabeth : "Pour souligner l'essence satirique du propos, Mary et moi avons concentré l'histoire originale, en avons sélectionné les moments cruciaux, en mettant l'accent sur l'humour du comportement des personnages et en choisissant les éléments clés des dialogues brillants et très drôles d'Ellis. En outre, la majeure partie de la violence se déroule hors du cadre. Elle est d'abord suggérée.
Nous étions conscientes dès le départ que si nous ne trouvions pas l'approche juste, le film pouvait aisément se transformer en un film d'horreur, sanguinolent et écoeurant. C'était bien la dernière chose que nous souhaitions. Au contraire, ici, c'est ce que l'on ne voit pas qui est le plus terrifiant.»
Andrzej Sekulais, directeur de la photographie Il a travaillé avec Quentin Tarantino sur Reservoir Dogs et Pulp Fiction< /b> ainsi que sur le sketch de Four rooms
Christian Bale (« Patrick Bateman ») Il a débuté au cinéma en 1987, dans Empire du Soleil de Steven Spielberg. Depuis, on a pu le voir dans de nombreux films, parmi lesquels : Les quatre filles du Docteur March, Le Prince de Jutland, Portrait de Femme, Metroland et Velvet Goldmine
Samantha Mathis (« Courtney Rawlison?) Parmi les films dans lesquels elle a été remarquée : Broken arrow, Le président et Miss Wade, Le patchwork de la vie, Les quatre filles du Docteur March, Nashville blues, Super Mario Bros., La musique du hasard.
Chloe Sevigny (« Jean ») Elle a effectué ses premiers pas devant la caméra dans le film de Larry Clark Kids. On a pu la voir dans Happy Hour de Steve Buscemi, Gummo de Harmony Korine, Les derniers jours du disco de Whit Stillman et Palmetto de Volker Schlöndorff ou Une carte du monde de Scott Elliot.
Mary Harron, scénariste et réalisatrice Elle a signé le scénario et la réalisation de son premier long métrage, I shot Andy Warhol, en 1996. Le film a connu un très bon accueil, tant de la part de la critique que du public. Il a valu à son interprète principale, Lili Taylor, un Prix spécial du jury au Festival du film de Sundance. I shot Andy Warhol a fait l'ouverture de la section « Un Certain Regard » du Festival de Cannes 1996 et a été cité à l'Independent Spirit Award du meilleur film.
American psycho est son deuxième long métrage.