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 la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)

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konsstrukt
Définitivement Mort
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MessageSujet: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyDim 3 Aoû - 12:33

1 : 33

Mes plus vieux souvenirs, se sont des odeurs d’aisselles et d’autres parties de mon corps. J’adorais ça. Je ne sais pas quel âge j’avais, à l’époque. Je restais des heures dans un carton, à écouter mon père et ma mère picoler et discuter de trucs de plus en plus incohérents. J’aimais ce carton. Je m’y sentais chez moi. J’y restais des journées entières ; c’était avant que j’aie l’âge d’aller à l’école.
Je frottais mes doigts contre mes aisselles, et je les reniflais. Je passais la main entre mes couilles et mes cuisses, et je humais. J’ai continué à faire ça une fois adulte. L’odeur de ma sueur m’a toujours fasciné. Et toutes mes autres odeurs corporelles. Je suçais mon doigt, le matin, avant de me lever, et je respirais l’odeur aigre de ma salive. J’enfonçais mon doigt plus ou moins profondément dans mon trou du cul, selon que je voulais avoir une odeur plus douce ou plus acre. Mes parents n’ont jamais rien su de tout ça. Je restais plusieurs minutes enfermé dans mon carton, à renifler mon doigt imprégné d’odeur de merde et de sueur, sans penser à rien d’autre. Je n’entendais même plus les conversations idiotes de mes parents.
Très tôt, j’ai respiré ma merde. Quand je chiais, avant d’appeler ma mère pour m’essuyer (et puis plus tard, quand j’ai su me torcher tout seul, avant de tirer la chasse), je me penchais dans la cuvette pour renifler. Ou bien, je m’en mettais un peu au bout du doigt. Chaque jour, elle avait une odeur différente. Pourtant, je la reconnaissais tout le temps. C’était ma merde. Rien qu’à moi. Quand j’allais aux toilettes pour sentir la merde de ma mère ou de mon père, juste après qu’ils soient sortis, ça n’était pas pareil. Ca ne me plaisait pas. Il n’y avait que mes propres odeurs qui m’attiraient. Une fois, j’ai goûté mes excréments. Ca m’a déplu. Je n’ai pas recommencé. J’avais sûrement six ans, puisque mon père était encore vivant.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyLun 4 Aoû - 3:09

2 : 32

Enfant, j’avais un fantasme. Il m’a duré des années. Jusqu’à ma renaissance en fait, jusqu’à ce que je m’isole et que je quitte la société des hommes. C’était le fantasme de l’homme dehors, qui approche avec sa hache et vient me chercher. Qui vient me tuer.
La nuit, dans mon lit, juste avant de m’endormir, quand j’étais allongé sur le côté, il arrivait que mon oreille soit repliée sur elle-même, et alors j’entendais le battement de mon cœur pulser là, à mon oreille, avec une nuance granuleuse, qui rappelait les pas de quelqu’un vêtu de bottes, sur un sol de terre sèche ou de graviers. Ca arrivait juste avant que je m’endorme, et à chaque fois j’avais le même fantasme. L’homme à la hache venait me chercher, il allait d’abord tuer mon père, et puis ma mère, et puis moi ; il essaierait de défoncer la porte avec sa hache ou alors à coups de pieds, mon père entendrait ça et irait voir, ce serait le premier à mourir ; ma mère ensuite, les coups de hache feraient taire les hurlements qu’elle aurait poussés en découvrant la scène. Et moi, enfin. Calme ; ce serait un moment attendu depuis longtemps, quelque chose de normal ; je n’aurais pas peur, je ne me débattrais pas. L’homme serait enfin là, devant moi ; à force d’approcher, chaque nuit, chaque nuit, il serait là ; il serait grand, avec un manteau noir, une barbe, couvert de sang, et sa hache goutterait sur le sol. Il me sourirait, ses yeux seraient noirs et magnétiques, il lèverait sa hache, lentement, j’essaierais de ne pas fermer les yeux mais je n’y parviendrais pas, sa hache me fendrait la poitrine, j’entendrais l’os craquer, je sentirais le sang chaud, ça serait fini.
C’est un de mes plus doux souvenirs d’enfance. Ce moment, juste avant de m’endormir, où je prends la bonne position, et j’écoute les pas de l’homme, qui approche, à pas lents, calme, inexorable.
Vers quinze ans, j’ai perdu l’image.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMar 5 Aoû - 2:45

3 : 31

La première chose morte que j’ai vu, c’est une mouche. Je n’allais pas encore à l’école. Mes parents et moi habitions un appartement en ville ; je ne sortais presque jamais. Ma mère était effrayée à l’idée que j’aille dehors. Elle faisait le ménage, et mon père était à son travail. Par la fenêtre, j’observais les gens, quatre étages plus bas. Il y avait des mouches. Ma mère en a tué une, juste devant moi, d’un coup de torchon contre la vitre. La mouche a laissé une trace rouge et elle est tombée par terre. Ma mère l’a ramassée et jetée dans un cendrier. J’étais fasciné. J’avais vu voler cette mouche, et je l’avais vu mourir. J’ai attendu que ma mère change de pièce, j’ai récupéré la mouche et je suis allé dans mon carton. Je l’ai observée, pendant un long moment, puis je l’ai écrasée entre mes doigts. Je me souviens de la sensation exacte. L’abdomen transformé en purée jaunâtre, humide contre ma peau, et le reste du corps, écrabouillé aussi, mais plus solide. Ca m’a soulevé le cœur. Et cette sensation était bonne, comme si ce haut-le-cœur dissimulait quelque chose de supérieur. Une conscience plus grande. Voilà ce que cette sensation m’avait suggéré. Bien sûr, à ce moment-là, je n’avais pas du tout identifié cela. J’étais un enfant. J’avais juste éprouvé une sensation d’écœurement qui faisait du bien. J’ai ressenti du trouble et de la confusion. J’ai terminé d’écraser la mouche entre mes doigts. Il n’en est resté que de la pulpe. Le trouble s’est prolongé, et puis dissipé, mais il a marqué mon esprit. J’ai quitté mon carton. Toute la journée, et toute la nuit, j’ai repensé à ça. Pour moi, à l’époque, ça ressemblait à un secret. Quelque chose connu de moi seul, que j’avais trouvé par hasard ; quelque chose d’important. C’est ce jour-là, je crois, que ma vie a complètement changé. Toute la suite s’est déterminée dans cet instant où j’ai tout compris sans rien pouvoir formuler.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMer 6 Aoû - 4:20

4 : 30

Le premier mort dont je me souvienne, c’est mon grand-père. J’avais cinq ans. C’était deux ans avant le suicide de mon père. Mes grands-parents habitaient une grande villa. Je n’avais pas le droit de jouer dans le jardin. Je restais à la cuisine avec ma mère et ma grand-mère ; mon père et mon grand-père discutaient au salon et buvaient du ricard.
A midi et demi, nous sommes passés à table. Il manquait mon grand-père. Ma grand-mère l’a appelé, et il n’a pas répondu. Elle a laissé passé une minute. J’étais face à la télé. Il y avait La maison de TF1. C’était présenté par Evelyne Dhéliat. La détonation a éclaté à la fin de la séquence bricolage. Tout le monde a sursauté. Ma grand-mère s’est levée d’un coup en disant, à voix haute : « le fusil ! », et s’est précipitée vers l’escalier. Mon père l’a suivie. Ma mère a pali et n’a pas bougé. Je n’ai d’abord pas bougé non plus, et puis quand j’ai entendu ma grand-mère hurler, j’ai couru voir ce qui se passait là-haut. Ma mère ne réagissait toujours pas. Plus tard, elle m’a raconté qu’en fait elle s’était évanouie, mais je me souviens d’elle assise à table. Pale, immobile, et le regard fixe.
Là-haut, mon père ne m’a rien laissé voir. La porte qui donnait sur le bureau de mon grand-père était déjà fermée. J’entendais ma grand-mère sangloter à l’intérieur, et faire des bruits bizarres avec sa bouche. Mon père paraissait bouleversé, mais il ne pleurait pas. Il m’a forcé à redescendre. Il a dit à ma mère d’appeler la gendarmerie, et il m’a conduit dehors. Nous nous sommes assis. Il m’a expliqué que mon grand-père était mort, que je ne devais pas voir ça, et que je passerai le reste du samedi chez les voisins. Des années plus tard, j’apprendrai qu’il s’était tiré une balle de fusil de chasse, en plein visage, qui l’a tué sur le coup, et qu’il n’a laissé aucune lettre d’explication.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyJeu 7 Aoû - 2:56

5 : 29

Mon père s’est suicidé deux ans après, le vendredi treize juin mille neuf cent quatre-vingt, pendant que ma mère faisait les courses. Il était dix-sept heures trente, et je regardais Récré A2. Un épisode de Candy venait de commencer. Mon père avait la grippe. Il ne s’était pas rendu à son travail. C’est lui qui était venu me chercher à l’école. Après les devoirs, j’ai regardé la télé. Lui, il s’est enfermé dans la chambre. Un peu après le début de Candy, j’ai entendu un bruit provenir de la chambre, que je n’ai pas reconnu. J’ai appelé pour savoir si tout allait bien, sans réponse. J’ai appelé encore, et il y a eu un son étouffé, comme un gargouillement. J’ai été voir. Mon père s’était pendu dans la chambre. Il avait passé une corde autour d’une des poutres qui traversaient la pièce, et le bruit que j’avais entendu sans l’identifier était celui de la chaise qu’il avait renversée en se jetant dans le vide. Il m’a regardé. Ses pieds bougeaient de façon désordonnée au-dessus du sol. Avec ses mains, il tentait de desserrer la corde qui lui broyait le cou. Ses yeux étaient exorbités. Il ouvrait et refermait la bouche et un son mouillé en sortait ; il essayait de me dire quelque chose, ou alors simplement de respirer. Je n’ai rien fait. Je l’ai observé se débattre et mourir. L’agonie s’est achevée pendant le générique de fin de Candy. Je suis sorti, j’ai refermé la porte et je suis retourné devant la télé. Récré A2 était terminé. Je me suis levé pour changer de chaîne ; il y avait Un, rue Sésame qui commençait sur TF1. Un moment après, ma mère est rentrée. Elle paraissait joyeuse. Elle m’a demandé où était mon père, j’ai répondu que je croyais qu’il était dans la chambre. Elle est entrée, et elle a poussé un hurlement. Mon père non plus n’avait laissé aucune lettre d’explication. Longtemps après, je me suis demandé si le suicide était héréditaire.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyVen 8 Aoû - 4:36

6 : 28

Nous avons déménagé. Il a fallu que ma mère trouve du travail. Il a fallu que je change d’école. A partir de l’année suivante, nous avons habité à la campagne. Il n’y avait plus que nous. C’était comme si le reste de la famille, des deux côtés, n’existait plus. La maison était à l’écart de tout. C’était une vieille baraque à deux étages, trop grande pour nous, isolée. Il fallait marcher deux kilomètres pour aller à l’école. Ca n’était pas sur le trajet du bus, et le travail de ma mère ne lui permettait pas de m’accompagner à l’école, ni de venir m’y chercher. J’ai découvert que j’aimais marcher, et que j’appréciais la solitude. Pour aller jusqu’à l’école, je suivais un petit chemin sur une centaine de mètres, à travers la forêt, puis une route départementale, que je longeais pendant deux kilomètres, jusqu’au village. Il fallait encore traverser une partie du village, jusqu’au centre. C’était une petite école, il n’y avait pas beaucoup d’élèves.
J’aimais ce trajet. Les arbres. La forêt, j’aimais bien ça. Je ressentais sa puissance. Quand il faisait trop froid, ou trop chaud, ou qu’il pleuvait ou qu’il y avait du vent, c’était encore mieux. J’avais envie de me perdre là-dedans, et de ne jamais en sortir. De rencontrer les loups. Qu’ils me traquent. Me tuent. Qu’ils me jugent faible, ou alors qu’ils m’adoptent.
A l’école, je m’ennuyais. Je ne parlais pas aux autres, et je ne parlais pas à ma maîtresse. Les adultes étaient au courant pour le suicide de mon père, alors ils me foutaient la paix. Aux récréations, je restais dans la classe, à dessiner. Je n’aimais pas l’école, tout me paraissait faux. Tout avait l’air hypocrite, mauvais. Je me souviens des lettres en couleurs punaisées sur les murs, pour apprendre à lire. Des lettres qui prenaient la forme d’animaux rigolos. Mais elles cachaient un mensonge. Je le percevais. Et cette perception était le négatif de ce que j’avais éprouvé en écrasant la mouche entre mes doigts.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptySam 9 Aoû - 2:45

7 : 27

C’est à cette époque-là que ma mère a commencé à dérailler. A avoir le sommeil agité. A prendre des médicaments. Somnifères, antidépresseurs. Tranquillisants. A fumer beaucoup plus de tabac. A se mettre au cannabis. Tout ça progressivement, au cours de la première année. Je ne la voyais pas beaucoup. Elle se levait après que j'étais parti pour l’école, et rentrait de son travail une heure après moi. Elle s’endormait souvent à table ou sur le canapé, devant la télé.
On mangeait des pâtes, des conserves réchauffées au micro-onde, des soupes en sachet. Souvent, c’est moi qui m’occupais de la cuisine. Elle mettait la table. Elle faisait chauffer de l’eau ou elle ouvrait une boite. Elle se mettait à table, et elle avalait ses cachets sans y penser. Elle enchaînait joints et cigarettes. Elle piquait du nez devant le journal télévisé. La plupart du temps, je la laissais dormir. Je mangeais seul. Ou alors, je ne mangeais pas, moi non plus. J’écoutais sa respiration troublée. Je n’en pouvais plus de la voir comme ça. Et il y avait aussi les bains.
Une heure ou deux après avoir piqué du nez, alors que je me préparais à aller au lit, elle ouvrait les yeux. Elle rallumait la télé que j’avais éteinte, elle marmonnait des phrases que je ne comprenais pas, et elle allait au réfrigérateur prendre deux ou trois yaourts, qu’elle mangeait debout, dans la cuisine, avant de revenir rouler des cigarettes et des joints. Elle me souhaitait bonne nuit. Elle ne m’accompagnait pas au lit. Elle me disait qu’elle m’aimait, mais son regard était absent.
Je continuais à m’intéresser à mes odeurs, mais j’avais abandonné mon carton. Je pleurais beaucoup. Je n’arrivais pas à encaisser cette situation. Je voyais ma mère devenir folle, et la seule chose qui la réconfortait ne me paraissait pas bien. Je m’enfouissais sous les couvertures, pour ne pas l’entendre parler à mon père mort, et je remplissais ma conscience des odeurs de mon corps. Je ne pensais plus.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyDim 10 Aoû - 3:05

8 : 26

On prenait des bains ensemble pour passer plus de temps tous les deux. Ma mère était trop fatiguée pour jouer avec moi, alors elle a décidé que le bain serait un moment à nous. Au début, ça me gênait un peu d’être nu devant elle, mais la gêne est passée. Elle me disait que ça lui faisait du bien, que sa vie était horrible, que ça l’aidait à tenir. Moi, je pensais à mon père.
Elle me racontait comment c’était difficile de me laver quand j’étais bébé et que je remuais dans tous les sens. Elle me disait à quel point c’était agréable de me donner le sein. Un soir, j’ai joué au bébé. Je l’ai éclaboussée et elle s’est mise à rire. On a pris l’habitude de ce jeu. Un autre soir, elle a prolongé le jeu et elle m’a donné le sein. J’ai retiré ma bouche, surpris, mais elle m’a maintenu contre elle. Elle m’a murmuré de continuer, que ça lui ferait du bien, beaucoup de bien. Alors, je l’ai tétée. J’ai trouvé ça agréable. Et je me sentais très mal à l’aise, aussi. Elle respirait fort. Elle m’a expliqué, d’une voix coupée de soupirs, que quand j’étais bébé elle prenait beaucoup de plaisir à m’allaiter, un plaisir incroyable, et qu’elle était tellement, tellement heureuse que ce plaisir revienne. Elle avait la tête renversée en arrière, elle gémissait, et de ses deux mains elle me guidait d’un téton à l’autre. Elle se tortillait. Après avoir hésité un peu, elle a relâché son étreinte. D’une main elle m’a caressé la nuque et le dos ; elle a plongé son autre main sous l’eau, entre ses cuisses. Elle a gémi plus fort, jusqu’à un paroxysme qu’à l’époque je n’ai pas compris, et puis elle m’a repoussé, et de nouveau attiré contre elle, pour un câlin plus doux.
Je me sentais à la fois bien et mal, content et frustré. Mon sexe était dur, mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyLun 11 Aoû - 3:24

9 : 25

Elle m’a très vite appris à lui lécher le sexe. Entre sept et quatorze ans, notre sexualité a été de plus en plus approfondie. Moi, je ressentais le même mélange incohérent d’émotions et de sensations. La première fois qu’elle a osé me branler, le malaise qu’elle éprouvait s’est mélangé au mien. Cette fois-là seulement, j’ai éprouvé un plaisir sans contrepartie. Un véritable orgasme. Ensuite, ma mère a évacué sa honte. Et moi, même si elle me faisait jouir en me masturbant ou en me suçant, je restais partagé entre la gêne, l’écœurement et le plaisir. J’avais tout à la fois envie de recommencer, pour retrouver le bien-être intense de cette première fois, et honte d’avoir de telles pensées, et envie que tout cela cesse, et je ne trouvais pas le courage de le dire à ma mère, et je me sentais par-dessus tout coupable de vouloir briser la seule chose qui lui apportait du bonheur. Tout ça se mélangeait et créait une grande confusion dans mon esprit.
Pour mes neuf ans, elle m’a offert un gode-ceinture, afin que je puisse lui faire l’amour comme un grand (disait-elle). Les bains, désormais, étaient de simples préliminaires, et nous terminions au lit. Je la baisais avec mon gode-ceinture. Le plus souvent, j’étais allongé sur elle. Ses cris de jouissance me faisaient peur au début, et me donnaient envie de pleurer, et puis je m’y suis habitué. Après qu’elle ait pris son plaisir, elle me donnait le mien en me suçant. Nous faisions aussi des soixante-neuf. Nous avions des relations sexuelles pratiquement tous les jours. Lorsque j’ai eu douze ans, il n’a plus été nécessaire d’utiliser le gode-ceinture. Je parvenais à la pénétrer sans difficulté. Je la faisais jouir. Une partie de moi adorait ça. Mes sentiments, mes émotions et mes sensations physiques s’intensifiaient, chacun dans sa direction opposée aux autres. J’étais tiraillé de honte et de dégoût, mais ma libido demeurait insatiable. Souvent, c’est moi qui allais provoquer ma mère. Les autres filles ne m’excitaient pas.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMar 12 Aoû - 2:57

10 : 24

La première fois que j’ai vu un cadavre d’animal, j’avais neuf ans. Ca faisait deux ans que mon père s’était pendu, et un an et demi que j’avais des relations sexuelles avec ma mère. A l’école, j’étais invisible, méfiant, et indifférent à tout. Mon statut d’enfant de suicidé s’estompait, mais tout le monde, adultes comme enfants, me foutait la paix. Ca m’allait bien.
Cet animal, c’était un chien. Je l’ai découvert le matin, en allant à l’école. Je n’ai d’abord pas vu de quoi il s’agissait, il faisait encore nuit, on était en novembre. Juste une forme immobile à cheval sur le talus et la route. Et puis j’ai identifié cette forme. Mon cœur s’est mis à battre, j’ai pensé à plein de choses, dans tous les sens. Je me suis approché de l’animal. Il avait probablement été écrasé. Il était presque intact. J’ai juste vu une blessure à la cuisse, où le sang avait collé et laqué les poils. Il était allongé sur le flanc, la tête tournée vers la route, la gueule ouverte. Un liquide noir mêlé à de la boue tâchait ses dents et ses gencives. Ses yeux étaient ouverts et vitreux. Je me suis accroupi. J’ai tâté la cuisse là où il avait été percuté. Les poils collaient. En dessous c’était froid et rigide. J’ai touché sa langue, ses dents, ses yeux. J’avais des frissons. Je n’en perdais pas une miette. Ce chien dégageait une puissance incroyable. Il me donnait de l’énergie, il me faisait du bien. Je n’en revenais pas. J’ai été tiré de ma rêverie par les phares d’une voiture qui approchait. J’ai juste eu le temps de tirer le chien dans le fossé, pour que personne ne le voie. Il fallait que j’aille à l’école. J’étais déjà en retard. J’espérais qu’il serait encore là à mon retour. La journée d’école est passée très vite. Je ne pensais qu’au chien. Je l’ai revu le soir, brièvement, mais je savais que j’aurais plus de temps le mercredi suivant.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMer 13 Aoû - 2:24

11 : 23

Je suis sorti de la maison peu de temps après ma mère. Si elle l’avait su elle me l’aurait interdit. C’était une bonne mère. Ce qu’on faisait le soir, et tous ce qu’elle prenait, c’était une chose. Mais c’était une bonne mère, elle m’élevait bien. Elle me prévenait des dangers du monde. Elle m’enseignait la méfiance.
Je me suis habillé chaudement, et je suis retourné à l’endroit où j’avais laissé le chien. Il était toujours là. J’ai commencé par le soulever, le porter, le traîner à l’écart comme je pouvais. Je me suis enfoncé dans la forêt. Au bout d’un quart d’heure, j’étais en sueur, et essoufflé. Le chien était invisible depuis la route. Les arbres m’entouraient, il faisait presque noir, il y avait juste une lumière grise, hivernale, qui perçait entre les branches. L’odeur de ma transpiration m’envahissait, des senteurs de terre et de compost m’entouraient. J’étais bien. Je me suis agenouillé à côté de la dépouille. Des fourmis marchaient sur ses yeux et sur sa langue. Son parfum était plus fort que quelques jours auparavant. J’ai passé toute la journée à le toucher, à le respirer, à enfoncer mes mains au fond de sa gorge, à humer sa gueule, sa peau, ses organes génitaux, son anus. J’ai promené mes narines partout sur lui. J’ai enfoui mon visage dans son pelage sale. Des sensations violentes me traversaient. Je découvrais quelque chose d’encore plus fort que mes propres odeurs. J’ai sauté le repas de midi, sans même m’en rendre compte. J’étais hors du temps. A l’aide de mes doigts, j’ai ouvert davantage la blessure, j’ai touché la chair gelée à l’intérieur, le sang gelé. Avec une branche j’ai extrait un œil. J’ai coupé le nerf et puis j’ai fait rouler le globe dans ma main. Il était dur et glacé et collant. Je l’ai pressé entre mes deux paumes. C’était difficile mais je suis parvenu à l’écraser. Dedans, c’était gélatineux et froid. La sensation était indescriptible. Comme vivant et mort à la fois.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyJeu 14 Aoû - 3:29

12 : 22

A l’école, je ne disais rien à personne. J’avais vite compris que ma mère, ça n’était pas normal, ce qu’elle faisait. Mais je savais aussi que sans moi, elle mourrait. Elle ferait comme mon père ; et moi, je me retrouverais seul. Je ne pouvais pas envisager ça, à l’époque. Mais ce qui se passait dans la baignoire, ça me rendait dingue, lentement. Je n’en pouvais plus, de cette tension. Un jour, à l’école, j’ai pété les plombs. J’ai frappé un élève, et un instit. J’étais enragé. J’étais incontrôlable. Je suis devenu fou en seulement quelques jours. J’étais apathique ; je suis devenu furieux, violent. Il y a eu des psychologues, et une enquête sociale. J’ai été placé dans une famille, pendant deux mois. Là, j’ai compris. J’ai vu ce qui allait se passer, si les autres savaient, pour nous. Heureusement, ils n’ont rien découvert. Je suis retourné chez ma mère. J’ai vu un psy au début. Mais au bout de six mois les choses se sont tassées. Ma mère m’a dit qu’elle avait essayé de se suicider. Elle m’a montré ses poignets. Elle m’a supplié de ne plus jamais, plus jamais la quitter. Elle a pleuré. Nous avons fait l’amour. Les choses sont revenues à la normale.
A l’école, désormais, je me tenais à carreau. J’avais compris. Ces six mois avaient été un cauchemar. Voir ma mère pleurer tout le temps. La voir flipper que je déballe nos secrets au psychiatre. Que je la dénonce. Elle m’aimait. Elle me le disait. Tout le temps. Au bout de six mois, quand ils nous ont foutu la paix, ça a été la délivrance. Et toute ma rage, maintenant, je la garderais. Rien que pour moi.
Le chien était resté à la même place, tout ce temps. Il avait changé. Il s’était décomposé et desséché. J’avais pensé à lui tous les soirs, dans la famille d’accueil. Quand je l’ai revu, j’ai pleuré. De joie. Je me suis senti heureux, comme jamais je ne l’avais été.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyVen 15 Aoû - 3:33

13 : 21

Au bout de quelques mois, le chien ne me faisait plus rien. Il s’était totalement décomposé. Il n’en restait que le squelette. Même son odeur, ne me fascinait plus. J’avais dix ans, je venais de passer en CM2, c’était l’été, ma mère travaillait toujours autant ; le soir nous baisions avec le gode-ceinture, elle aimait que je lui enfonce mon doigt dans l’anus pendant que je la pénétrais. J’avais grandi. Je pouvais me tenir à genoux derrière elle, et la prendre en levrette. Ensuite, elle me suçait. Ses yeux étaient toujours fermés. Elle ne me regardait jamais quand nous avions des relations sexuelles. Il faisait chaud. Je passais mes journées dehors, dans la forêt. Si on passe du temps à chercher quelque chose, si on est obsédé par ça, alors on trouve. Moi, ce que je cherchais, c’était des cadavres d’animaux. J’y passais toutes mes journées. Je me levais le matin un peu après que ma mère soit partie travailler. Je connaissais la forêt par cœur. Je connaissais les bons coins. Il y a des endroits où les animaux meurent davantage. Quand j’en trouvais un, un chat par exemple, un gros chat blanc, sans blessure apparente, je le soupesais, je le retournais, j’essayai de comprendre ce qui l’avait tué, une voiture la plupart du temps, quelquefois le poison, rarement, un autre animal. Quand le corps était trop près de la route ou d’une habitation, je l’éloignais. Je le dissimulai un peu. Mais la plupart du temps je ne le déplaçais pas.
Cet été-là, j’ai découvert une douzaine de corps. Chacun perdait de l’intérêt au bout de deux ou trois jours. Je n’étais plus capable de passer des heures à contempler le même animal, comme au début. Il me fallait davantage. A la fin, alors que la rentrée approchait, mes journées se résumaient à un périple fébrile, d’un corps à l’autre, un quart d’heure passé ici, une demi-heure, là. J’étais fiévreux, je n’allais pas bien, ce simulacre de traque, cette compulsion, me pesaient beaucoup.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptySam 16 Aoû - 4:46

14 : 20

J’ai encore tenu tout un trimestre, ainsi. Avant de commencer à chasser. Mes première tentatives ont été ratées. Je ne savais pas m’y prendre. J’ai du m’inscrire à la bibliothèque, emprunter des livres, me documenter sur la chasse. Les cadavres ne me manquaient pas. Je préparais mon coup. Ca a duré des mois. Je n’étais pas pressé, je trouvais quelque chose à apprendre. Ma mère a rencontré un mec, à cette époque ; nous ne prenions plus tellement de bains ensemble, et elle dormait souvent chez lui. J’étais livré à moi-même. Ca m’allait bien.
le vingt-et-un mars mille neuf cent quatre-vingt-un, le jour de l’équinoxe, j’ai passé toute la nuit dans la forêt. Bien sûr, je n’avais pas choisi ce jour par hasard. J’ai pris de provision, de l’eau, des vêtements chauds, et je suis parti en début d’après midi. J’ai mis en pratique tout ce que j’avais appris dans les livres. J’ai posé des collets, j’ai disposé des appats à proximité et dans les collets. J’ai placé mes pièces à proximité de la route, et à proximité des maisons ; là où j’aurais le plus de chance d’attraper un chat ou un chien. Ca m’a pris tout l’après-midi. Quand le jour est tombé, et que la température a baissé, j’ai cherché un abris où passer la nuit. J’étais dans un grand état d’excitation. Je suis resté dehors toute la nuit, c’était incroyable. J’écoutais le vent, les voitures qui passaient de temps en temps sur la route. D’autres bruits, que je ne comprenais pas. Je n’avais pas peur. Je faisais corps avec la forêt. L’humidité, le froid ; les odeurs de feuille morte. Je n’ai pas dormi. J’étais attentif à tout, je tremblais d’excitation. Au matin, j’étais gelé et épuisé. J’avais mangé tous mes gateaux, j’avais faim. J’ai fait le tour de mes pièges. Il y avait un gros chat roux, pendu par les pattes avant et le cou. Il miaulait. Il paniquait. Il avait chié sous lui. J’ai brisé son crâne avec une branche.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyDim 17 Aoû - 4:46

15 : 19

Entre l’été quatre-vingt-un et l’hiver quatre-vingt-huit, j’ai capturé une ciquantaine d’animaux domestiques. Désormais, j’avais toujours un couteau avec moi. Je l’ai d’abord dissimulé sous le fond de mon cartable, et puis dans une poche de mon sac de collège, dissimulé parmi des vêtements. Il me servait à ouvrir la gorge de animaux que je capturais. Je variais les zones de chasses, pour ne pas me faire prendre. Je crois que jamais personne n’a eu aucun soupçon à mon égard.
Vers l’âge de douze ans, ma mère se suicidait régulièrement (j’y reviendrai), j’avais avec elle mes premières relations sexuelles avec pénétration, et mes fantasmes mêtaient en scène, de façon chaotique, l’homme qui approche et la mort de mes camarades de classe (j’y reviendrai aussi). C’est à cette époque que j’ai eu l’idée de construire mon sanctuaire.
J’ai trouvé le nom quelques temps plus tard. Au début, ça n’était rien d’autre qu’une planque, dans les bois, pour stocker les animaux que je capturais. C’était d’abord simplement un endroit dans la forêt, rien de fabriqué, simplement quelques branchages entassés et des vieilles couvertures pour dissimuler les corps, rien de plus. Ensuite, j’ai eu l’idée du sanctuaire. De nouveau, j’ai passé du temps à la bibliothèque. A me renseigner sur les temples, sur la maçonnerie. Et puis j’ai commencé le travail. Ma mère n’était plus avec son mec. Elle avait besoin de moi tous les soirs. Souvent, on dormait ensemble. Elle me laissait faire ce que je voulais, désormais. On était devenu un couple. Je consacrais mes mercredis à mon sanctuaire. J’avais seulement douze ans, mais je me comportais déjà comme un adulte. J’avais appris à tout séparer, à tout dissimuler. Mes pensées, mes actes, mes émotions. A douze ans, j’avais déjà compris que tout le monde mentait, et que tout le monde me voulait du mal. J’avais compris que s’ils connaissaient mes pensées et mes actes, ils me haïraient. Ils me tueraient.
Mon sanctuaire, j’ai mis trois mois à le construire. Et c’était juste le début.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyLun 18 Aoû - 4:07

16 : 18

Le premier suicide de ma mère. J’étais dans ma chambre. Je recopiais des livres de mythologie. Je dessinais des temples et des nécropoles. Peut-être, si j’en étais resté à faire des dessins, que ça n’aurait pas été plus loin. Si ma mère, ce jour-là, ne s’était pas suicidée. J’étais sur mon lit. La porte était ouverte. Je l’ai vue passer ; elle titubait et son visage était très maquillé. Je suis sorti la voir. Elle s’est laissée tomber sur son lit. Elle portait une nuisette. Son visage était barré de traits de rouge à lèvre. Ses yeux étaient dilatés. Une épaisse couche de noir les bavait et débordait tout autour. Elle a eu un rire malade. Sa voix cassée. Je l’ai regardée et j’ai eu très peur. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas, mais elle ne comprenait pas ce que je disais. Je ne suis même pas sûr qu’elle me voyait. Je l’ai secouée, elle a rit, je l’ai frappée. Elle a voulu se lever, elle est tombée du lit. J’étais sur elle. Elle m’insultait. Je crois qu’elle parlait à mon père. Ou alors à un autre type, qu’elle venait de quitter. Elle riait. Sa voix était éraillée et méchante. Ses yeux étaient haineux et tristes. Je lui ai cogné la tête contre le sol. Elle riait encore. Je suis sorti. J’ai été dans la forêt. Là, j’ai repensé au sanctuaire. Je me suis dit qu’il fallait que je le construise, que je le fabrique pour de vrai. Un endroit où je pourrais me réfugier. Je savais que si elle ne mourait pas ce jour-là, elle recommencerait. D’un côté, je voulais qu’elle soit morte. De l’autre, l’idée qu’elle ne soit plus là me terrifiait.
Quand je suis rentré à la maison, j’avais accepté son suicide. Tout le scénario. Ce qu’il faudrait faire. Quelles réactions exhiber aux autres. Mais elle était là. Ses poignets bandés. Démaquillée. Elle m’a pris dans ses bras. Pour se faire pardonner, elle m’avait acheté un Big Jim.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMar 19 Aoû - 4:12

17 : 17

Le sanctuaire était circulaire. Les murs étaient faits de pierres empilées, sans mortier. Pour tenir lieu de plafond, j’avais fixé une bâche de plastique bleu, récupérée dans une décharge à la sortie du village. Le sol était de terre. J’avais simplement enlevé les pierres et les herbes et tout ça. Il n’y avait pas de fenêtre, juste une issue étroite. Je devais ramper pour entrer dans le sanctuaire.
Au centre, j’avais creusé une fosse peu profonde. J’y entassais les carcasses d’animaux afin qu’elles pourrissent, aussi bien tous ceux qu’avais chassé avant, que ceux que je chassais depuis. Le sang de mes nouvelles prises me servait à asperger les pierres. Au bout de trois semaines, l’odeur a pris sa texture définitive. Très puissante. Le sanctuaire attirait les mouches, les fourmis et les guêpes. La viande grouillait d’asticots et d’autres larves.
J’ai aussi tapissé les murs de ma merde. Ca a pris du temps. Une couche, puis deux couches. Attendre que ça sèche. Et encore du sang. Et encore de la merde. L’odeur devenait insoutenable. J’ai ajouté mon sang, et mon sperme, et ma pisse. Tout ce qui venait de mon corps. Mon sanctuaire était prêt.
C’est là que je venais penser. Toutes les choses qui me sont passées par la tête, ici. Dans l’obscurité. Avec la lumière bleu nuit qui filtrait parfois par la bâche. Avec le bruit de la pluie. Parfois. Les insectes, autour de moi. Parfois sur moi. La terre, sèche ou humide, quelquefois boueuse. Remplie d’insectes. Les odeurs. La pourriture, si intense qu’il m’arrivait de m’évanouir. La merde, qui suintait quand il faisait humide, qui craquelait quand il faisait sec. L’odeur qui variait avec la météo. La merde que je renouvelais. L’odeur du sang. Je la distinguais aussi, cette nuance. L’odeur de ma pisse, acide, qui me prenait à la gorge, qui ne s’affadissait pas. J’aimais ces odeurs, c’étaient les miennes. J’étais dans ma tête. Toutes les pensées, toutes les sensations qui me venaient. J’avais construit ma tête et j’habitais dedans.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMer 20 Aoû - 3:56

18 : 16

Je m’enfermais dans le sanctuaire tous les mercredis, du matin au soir. Je séchais les cours le matin, presque chaque semaine. Je falsifiais le carnet de correspondance.
Il n’y avait pas beaucoup d’air. Il faisait très froid. L’odeur me remplissait les poumons et le cerveau. Je plaçais des morceaux de viande pourrie sur mon corps. J’étais nu. Les insectes venaient sur moi. Je m’efforçais de ne pas bouger, de ciller le moins possible, de fixer la bâche, de me concentrer sur la pluie quand il y en avait, ou sur le vent, ou sur la lumière, de me focaliser sur les battements de mon cœur, sur mon souffle, sur toutes les odeurs. Quand on est conscient de ses rythmes cardiaque et respiratoire, ils changent, ils se détraquent. Et plus on se concentre, plus ça se détraque.
Je fantasmais beaucoup. Les gens du lycée étaient là. Ils me rouaient de coups, ils violaient ma mère sous mes yeux. Leurs coups me provoquaient des orgasmes honteux, alors je les suppliais d’arrêter et de continuer. Ma mère mourrait. Ils violaient son cadavre. L’homme à la hache venait les tuer tous. Chaque coup de hache vrombissait dans l’air, déplaçaient les odeurs comme l’eau dans une mare. Les corps étaient coupés, démembrés. Le sang chaud giclait sur moi. Ensuite, l’homme à la hache me sodomisait, et au moment le plus fort de ma jouissance, m’arrachait la tête, avec ses deux mains, son sexe planté en moi. Et mes dernières secondes de conscience décuplaient mon orgasme.
Je me masturbais énormément, dans le sanctuaire. J’étouffais. Je manquais d’oxygène. Les orgasmes m’explosaient la tête. Des migraines à vomir, surtout pour les premiers. Et je continuais. Dix, douze fois. J’étais gelé, épuisé jusqu’à l’inconscience. J’étais couvert de sueur. Mes poumons, mon cerveau, étaient remplis d’air malsain. J’étais à moitié évanoui. La pourriture m’intoxiquait. A la fin je jouissais sans éjaculer. J’entrais en transes. J’avais des visions. Ma tête martelait, mon cœur martelait. L’homme en noir. Pour de vrai. Il était là. Anteros.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyJeu 21 Aoû - 3:10

19 : 15

Sur le plan scolaire, j’étais de plus en plus largué. Au collège, j’ai compris que c’était encore plus facile d’être transparent qu’en primaire. Je ne faisais rien en classe, rien en sport, je ne disais rien à personne, j’étais l’homme invisible. De temps en temps, je me faisais emmerder. Les filles se foutaient de moi. Les mecs voulaient se battre avec moi, des fois. C’est arrivé à deux ou trois reprises que j’en corrige certains. Mais je m’en foutais, j’avais mon sanctuaire. Ma mère, elle, ne s’arrangeait pas. Nos seuls contacts étaient désormais sexuels. Je n’avais plus de mère. On faisait l’amour, et elle partait dans ses médicaments. Je m’occupais seul du reste. Le soir elle ne mangeait pas. Elle parlait toute seule, et puis elle s’endormait devant la télé. Moi, je dormais très peu. J’avais toute la nuit pour moi. Je ne pouvais pas aller à mon sanctuaire, mais j’avais de quoi faire dans la maison.
Je m’amusais avec les Big Jims. J’ai commencé à y jouer vers six ou sept ans, et j’ai continué à y jouer jusqu’à la fin. J’en avais cinq. Un esclave, un maître et trois invités. L’esclave était nu. Il obéissait. Il lavait le sol, il faisait à manger, il nettoyait le maître, il le suçait, il s’introduisait des objets dans l’anus pour l’amuser. Il était tout le temps nu. De temps à autre, le maître prêtait l’esclave à ses invités. Les invités se faisaient servir, utilisait l’esclave comme table ou comme chaise, ou bien comme chiotte. Ils chiaient dans sa bouche ouverte. Ils le violaient, et l’esclave remerciait. Ils le fouettaient et le battaient, à tour de rôle. J’avais toutes sortes d’accessoires, des vêtements, des ustensiles de cuisine, une télé, un canapé, etc. Tout était utile. Ils vivaient dans une grande maison. Le maître était policier. L’esclave ne sortait jamais. Il n’avait pas le droit de parler, sauf pour répondre oui ou merci. J’ai appris le mot viol à onze ans. Avant, je disais faire l’amour.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyVen 22 Aoû - 3:44

20 : 14

A onze ans, j’ai testé ses médicaments. J’attendais qu’elle dorme sur le canapé. La première fois, j’ai mangé ses somnifères. La sensation était bizarre et agréable. J’avais les jambes molles, je perdais l’équilibre, et je n’arrivais pas à situer l’origine des sons. Ca a duré deux heures. Je ne me suis pas endormi.
J’ai goûté les antidépresseurs et les anxiolytiques. J’ai augmenté les doses et j’ai essayé divers mélanges. J’ai rajouté du cannabis, en ingestion. Un gramme à la fois. Les résultats étaient variables. Je vomissais souvent. Je perdais également souvent conscience. A d’autres reprises, j’ai eu des hallucinations, des transes, et des montées très puissantes.
J’ai pris l’habitude de prendre des médicaments pour jouer aux Big Jims. A un Noël, j’ai eu une maison Barbie. Une maison complète. Big Jim esclave était ligoté, dans la salle de bain, à quatre pattes. Son visage était enfoncé dans la cuvette des toilettes. Les invités se succédaient et le sodomisaient. Big Jim devait remercier, à chaque fois. Quelquefois, il vomissait. D’autres fois, les invités pissaient ou chiaient. Il avait interdiction de bouger la tête, ou de tirer la chasse. Quand il avait faim, il mangeait la merde ou le vomi.
A la fin, je consommais énormément de cachets. Dès que ma mère s’endormait je prenais de tout et j’allais au lit. Je faisais des rêves éveillés d’une grande précision. Tous ceux de mon école mourraient, l’école devenait un charnier. Je violais leurs cadavres. J’arrivais à sentir leurs odeurs. Je dormais et le matin, dès quatre heures, quand je me levais, j’en prenais encore et parfois un peu d’alcool pour faire glisser, et j’allais jouer aux Big Jims, ou avec mes couteaux. C’était bien.
Ma mère ne se rendait compte de rien. Elle en prenait tellement, elle aussi, qu’elle ne remarquait pas qu’il en manquait. Elle en rachetait, simplement. Constamment. Je crois que je serai devenu accroc, si je n’avais pas mis un terme à tout ça, le jour de ma renaissance. Une envie de pureté.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptySam 23 Aoû - 4:47

21 : 13

La nuit, il n’y avait pas que les Big Jims. Je ne jouais pas toutes les nuits. Parfois, je me promenais juste dans la maison. Je me postais à la fenêtre, je regardais dehors. Le noir, à la campagne. C’est quelque chose. Les étoiles. Ou bien j’allais voir ma mère dormir. Je la regardais. Je sentais son haleine lourde. Je flairais ses pieds, et son sexe, enveloppés des collants qu’elle ne pensait pas toujours à quitter. Quelquefois, j’avais un couteau à la main. Je restais longtemps comme ça, avec à la main le couteau pris à la cuisine, à méditer sur sa vulnérabilité. Sur le fait que, si je le voulais, en cinq secondes tout serait terminé. Elle se viderait de tout son sang, par sa gorge ouverte, en quelques instants. Elle aurait tout juste assez de temps de comprendre ce qui lui arrive, mais pas assez pour se demander pourquoi je fais une chose pareille. Et elle serait morte. Mais je ne le faisais pas. Je ne voulais pas qu’elle meure. A chaque fois qu’elle se suicidait, ça me rendait fou de chagrin. Je baisais avec elle presque tous les soirs, pour qu’elle ne meure pas. Je ne voulais pas la tuer. Je ne voulais pas qu’elle meure. Pourtant il aurait suffit d’un seul geste. C’était facile. Elle aurait ouvert les yeux. Ils seraient devenus vitreux.
Je marchais dans la maison, dans toutes les pièces, mon couteau à la main. Je me sentais bien, puissant, maître de la situation. Personne ne me voyait, personne n’était conscient de ce que je faisais. Je tournais dans le séjour. Je marchais à pas lents, dans le noir, le couteau pointé devant moi. Je fixais chaque meuble, chaque ombre. J’allais sur le pas de la porte. Parfois, je l’ouvrais pour flairer la nuit. J’imaginais un rôdeur. Je me masturbais à la salle de bain, dans le noir, devant le miroir, le couteau dans mon autre main. Mais ce que je préférais, c’était regarder ma mère dormir.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyDim 24 Aoû - 4:28

22 : 12

Vers treize ans, j’ai commencé à utiliser des couteaux dans le but de me couper. Je me plaçais face à la fenêtre de ma chambre. Les volets étaient ouverts mais avec la nuit très sombre, mon reflet était nettement visible sur la vitre. Je me masturbais tout en donnant de petits coups sur mon ventre ou sur d’autres parties de mon corps, avec la pointe. Mes tétons, mon cou. Le dessus de la main qui tenait mon sexe. Au fil du temps, j’allais plus loin. Je traçais des lignes verticales sur mon torse. Je tenais le couteau pour que mon gland vienne régulièrement se heurter à la lame, jusqu’au premier sang. J’éjaculais dessus, pour ensuite me couper le bras ou la cuisse, et faire couler une partie de mon sperme dans la blessure. Ma mère voyait les cicatrices, les croûtes, les plaies, mais elle ne m’en parlait pas. Nous ne discutions pas non plus de ses suicides. Nous avions nos propres façons d’encaisser l’horreur du monde, et nous faisions avec, chacun. Je ne supportais plus de faire l’amour avec ma mère. Ou d’être violé par elle. Je ne faisais pas vraiment la différence. Je ne supportais plus que nous soyons ensemble. Et la laisser, je ne pouvais même pas l’imaginer. Je me sentais coincé.
Certaines nuits, un peu avant la fin, je faisais glisser la lame du couteau sur son ventre. Elle ne se réveillait pas. Les somnifères. Moi aussi, j’étais défoncé. Je m’en remettais au hasard. C’était avant que je pense au rituel. Je me disais, si je suis trop défoncé, que ma lame glisse, ou que je tombe, je lui ouvre le ventre. Sinon, rien ne se passe. Une fois, j’ai perdu l’équilibre. Mon cœur a manqué un battement, j’ai écarquillé les yeux. La pointe du couteau a dessiné un trait. Ma main tremblait. J’avais à peine la force de continuer à le tenir. J’étais à genoux, mon cœur battait tellement fort que c’était douloureux. Le sang me bourdonnait aux oreilles.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyLun 25 Aoû - 4:02

23 : 11

La dernière année que j’ai vécue avec ma mère, l’année de mes quatorze ans, j’ai passé de plus en plus de temps au sanctuaire. Personne, même pas elle, n’en connaissait l’existence. Des années de viande morte y pourrissaient. Il y avait des ossements, maintenant, que j’avais utilisé pour décorer les murs. Les insectes étaient omniprésents. Le sol était entièrement recouvert de merde, de sang, de chair. On ne voyait presque plus la boue, en dessous. J’y entrais nu. J’y consommais du shit et des médicaments. Il m’arrivait de manger de la viande pourrie ou de boire du sang caillé, en petite quantité, pour intensifier les visions. Je traçais des cercles sur mon ventre, avec le couteau, ou des traits, le plus droit possible, le plus long possible, sur mes bras. Je buvais aussi mon sang. Je me masturbais beaucoup, jusqu’à l’inconscience. Quand j’en avais la force, je buvais mon sperme.
J’avais des visions très puissantes. Je voyais des morts et des démons. Je voyais des élèves de ma classe, morts dans le futur. Ils me racontaient leur mort et je baisais avec eux et aussi avec les démons. Parfois, les démons me possédaient. Je visitais l’enfer. Anteros. J’avais des transes violentes, au cours desquelles je manipulais la merde et la viande putréfiée. Je sculptais des idoles. Je priais les démons et les morts dans des langues que je ne connaissais pas. Je m’évanouissais souvent. L’atmosphère était empoisonnée.
La vision la plus forte que j’ai eu, à cette époque là, m’a directement concerné. Mon moi futur m’est apparu, déformé à force d’accouplements avec un démon. Il m’a ordonné de ne pas avoir peur de la mort, parce que la mort n’était pas pour moi mais seulement pour les autres. Après quoi, il m’a présenté le démon, et j’en suis tombé amoureux. J’ai gravé son nom sur mon ventre. Anteros. Il a léché mon sang et j’ai joui. Là où mon couteau avait tracé son nom, c’était sensible comme une chatte. Puis nous avons baisé.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMar 26 Aoû - 3:13

24 : 10

Entre douze et quatorze ans, j’ai vu ma mère se suicider une dizaine de fois. Elle voulait mourir tout le temps. Sauf quand on faisait l’amour, et sauf quand elle était anesthésiée par les médicaments. Le reste du temps, elle me répétait que la vie était dégueulasse, qu’il n’y avait rien, rien du tout de bien, même pas moi, même pas nous deux, que si elle avait le courage elle m’aurait tué à la naissance, que maintenant c’était trop tard, qu’elle m’aimait, et qu’elle n’avait plus la force. Elle répétait qu’elle était une merde, qu’elle devrait avoir honte de montrer une telle faiblesse. On couchait ensemble, elle allait un peu mieux.
A peu près tous les deux mois, elle se donnait la mort. Chaque jour, elle essayait de résister. Mais des fois, pas assez. Alors elle se maquillait. Elle se maquillait toujours avant de mourir. Elle devenait incohérente, ça n’était plus la peine de lui parler. Elle n’entendait rien, hormis ce qui se passait dans sa tête. Elle riait par à-coups, ça me faisait penser à un animal. Elle pleurait brutalement. Moi, je m’enfuyais dans mon sanctuaire. Je ne voulais pas voir ça. Je l’avais vu une fois, ça m’avait suffi. Quand je rentrais, elle allait mieux. Elle s’était tranchée les poignets, ou bien avait avalé du détergent et gerbé du sang pendant une ou deux heures. Elle n’était pas morte, en tout cas. Jamais. Je l’aidais à nettoyer la merde ou le vomi qui souillait son lit, les objets cassés, le sang. Quand c’était terminé, elle me faisait un câlin, elle souriait, et on faisait l’amour. Nous étions tranquilles pour deux ou trois mois.
A chaque fois que je me réfugiais dans le sanctuaire, je me préparais à l’idée qu’elle serait morte à mon retour, mais à chaque fois j’étais déçu, et j’éprouvais de la culpabilité à l’être. Toujours les mêmes ambivalences. Toujours la même confusion. Dans le sanctuaire, au contraire, tout était pur. Anteros était pur. Même le sexe était pur.
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MessageSujet: Re: la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour)   la nuit noire (roman à suivre / une séquence par jour) EmptyMer 27 Aoû - 3:13

25 : 09

La nuit, les démons allaient empoisonner tous les fils de pute de ma classe, élèves, professeurs, tous sans distinction. Des démons femelles allaient les baiser toute la nuit et les vampiriser, et leurs bouches à tous portaient la puanteur des chattes malsaines. Des démons males allaient les sodomiser, et d’autres démons allaient leur montrer leur mort afin de briser leur sommeil et de détruire leur paix. Toutes les nuits, je fantasmais là-dessus. J’avais énormément d’énergie à l’époque, énormément de haine. Peut-être qu’elle se manifestait sous une forme magique. J’avais peut-être des pouvoirs, peut-être que ma haine parvenait à atteindre tous ces enculés. J’avais déjà des rituels, même s’ils étaient rudimentaires. Je me masturbais chaque soir, pour invoquer les démons. Je conservais mon sperme dans un mouchoir, nuit après nuit. J’avais des phrases. Par mon sperme pourri, par mon sperme séché. Je disais ça. Que les démons les sodomisent. Qu’ils crèvent tous, tous, dans la souffrance et dans la peur. Que des serpents pénètrent dans leurs anus et leurs chattes. Je jouissais, nuit après nuit, dans le même mouchoir, qui prenait une odeur de sperme rance, de sueur et de moisir. Il était moite et poisseux. Je voulais qu’ils souffrent, et je voulais qu’ils meurent.
Je m’endormais souvent avec le mouchoir gluant de sperme pressé contre mon bas-ventre, et je rêvais. Mes rêves étaient morbides et désordonnés, remplis de violence. Le matin, je n’étais pas vraiment reposé. Dès le réveil, j’étais anxieux. J’avais des pensées dépressives, et envie de me branler tout le temps. J’observais les autres attentivement. Ma magie n’avait aucun effet visible. Peut-être qu’ils se sentaient plus mal, à cause de moi. Je l’espérais de tout mon cœur.
Nuit après nuit, je recommençais. J’avais l’impression de détruire le monde, une cellule après l’autre. J’étais naïf. Je fantasmais sur des filles. Anteros baisait ces filles, et moi aussi. Toutes ces pétasses de merde qui ne me lançaient même pas un regard durant la journée. La nuit, elles étaient à moi. Toutes les nuits.
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