En 2005, la chaine musicale MTV (aujourd'hui hélas plus à l'aise dans la diffusion ininterrompue d'émissions de télé-réalité ridicules plutôt que dans celle de bons clips éclectiques) produisit ce téléfilm à destination des étagères de dvd dans lequel Carmen Electra interprétait son propre rôle, à savoir celui d'une pseudo-chanteuse bimbo venue faire un concert sur une île paradisiaque (la région côtière de Vancouver en fait, pas la plus chaude des stations balnéaires). Malheureusement pour elle, son équipe de production et les fans venus la voir se trémousser sur scène au son d'une insupportable chanson,
"Jungle fever", sans rythme ni mélodie, des insectes mutants gigantesques attaquent et l'emportent avec eux au plus profond de la jungle insulaire.Un groupe d'adolescents aux caractères bien trempés se décide alors à braver monstres et dangers pour aller la sauver.
Conçu comme un sorte d'hommage au cinéma fantastique des années cinquante,
"Monster island" vaut le coup d'œil pour ses créatures insectoïdes monstrueuses animées image par image, comme au bon vieux temps des séries B d'antan telles que
"Des monstres attaquent la ville" ou
"La chose surgie des ténèbres".
On y retrouve aussi des jeunes américains typiques comme le héros qui sort d'une relation difficile, ses deux copains antinomiques que sont le sérieux à lunettes et le déjanté à bonnet et cheveux longs. La sœur du héros, une bimbo stupide au premier abord et fan d'Hilary Duff mais en fait lectrice en secret des classiques de la littérature britannique comme les sœurs Bronté ou Jane Austen. L'ex du héros, ardente défenseure des grandes causes (et volontairement très mal interprétée par Mary Elisabeth Winstead) accompagnée ici de son nouvel amour, un bellâtre futur politicien au dents longues qui n'hésite pas à s'improviser chef du groupe bien que personne ne lui ait demandé son avis.
S'adjoint au groupe Eight-Ball, le garde du corps personnel de Carment Electra qui s'improvise philosophe tandis qu'il s'avance vers le danger, prodiguant des conseils à Josh, le héros, qui amerait bien reconquérir son ex. Ex qui est elle-même tombée sur un médaillon renfermant ce qui semble être l'âme de la déesse protectrice de l'ile et qui devient d'un seul coup une sorte de meneuse déterminée, le regard bovin et la mâchoire carrée, prononçant de temps à autres des incantations qui ferait hurler de rire la Jennifer Tilly de
"La fiancée de Chucky" mais qui tout de même n'arrivent pas à la cheville de la sorcière de
"Crocodile Fury" !
La petite troupe joyeuse se faufile donc parmi les fougères et les rhododendrons
"exotico-canadiens", évitent une mante religieuse (pourtant pas très catholique) géante à laquelle ils échappent de justesse avant de la voir s'accoupler avec un mâle, géant lui-aussi, qui en perdra la tête de jouissance !
Après un long périple plein de périls (et quand le péril prend du LSD il a envie de jouer dans
"Le choix de Sophie"...parce que le péril s'tripe) et de dangers au cours desquels tous ne verront pas de jours meilleurs, ils mettent la main et sur un scientifique mystérieux incarné par l'ancien Batman en collants Adam West, qui leur explique que les mutants sont le résultats d'expériences nucléaires menées visiblement par dessus la jambe par l'armée américaine, et sur une tribu adoratrice de déesse réincarnée dans le corps de Mademoiselle Winstead et enfin sur Carmen Electra, que la reine des fourmis avait semble-t-il enlevée afin qu'elle divertisse par ses chansons les indigènes (les pauvres !) tombés en esclavage par les copines de Bernard Werber, qui s'il était né de nouveau ne serait pas une lumière, le réverbère...un ange passe.
Faisons l'impasse sur la suite des péripéties des rescapés de l'île des insectes mutants néanmoins attendez-vous à une surprise de taille : Nick Carter apparait à la fin du film pour sauver Carmen et ses nouveaux amis ! Comment ça Nick qui ?!!! Nick Carter ! Le blondinet joufflu des Backstreet Boys, le groupe préféré de Nancy, la petite handicapée mentale dont Ty Pennington et ses maçons du cœur ont rebâti la maison délabré dans l'épisode 9 de la saison 4 de
"Exteme makeover" !!!
Pourquoi ???!!!
C'est la question que l'on peut immédiatement se poser durant la vision de ce film. Pourquoi une chaine comme MTV a-t-elle produit un téléfilm mettant en scène Carmen Electra dans son propre rôle attaquée par des insectes gigantesques conçus et animés comme au début de l'animation image par image par des fans de Ray Harryhausen, à qui un hommage est rendu directement puisque c'est de son nom qu'a été baptisé le scientifique joué par Adam West ?
En fait, rien ne justifie l'existence de
"Monster Island", pas même sa star en plastique qui ne porte pas même le film sur ses épaules dans la mesure où son temps de présence à l'écran est assez réduit finalement. Par contre, Miss Electra est bien sûr représentée comme quelqu'un de très gentil, qui prend soin de ses fans et qui écoute dans sa loge Radiohead, Queens of the stone age et Les Ramones, afin de contenter tous les publics de MTV. Bien qu'elle chante une chanson de R'nB excessivement mauvaise, elle se délecte de groupes de rock. Les deux genres fondamentaux de la musique américaine sont ainsi représentés, l'honneur est sauf. Ouf et tout le monde est ainsi bien content.
"Monster Island" sait qu'il est un nanar. Cela n'en fait pas pour autant un bon film mais on s'y amuse néanmoins car il s'y passe presque toujours quelque chose, que les effets spécieux rétro et bon-enfant font plaisir à voir en ces temps où l'image de synthèse est reine et les acteurs, (aidés par un doublage français plutôt à l'ouest mais qui se révèle souvent involontairement drôle), passent un bon moment et le recours sans honte à tous les clichés d'usage dans ce genre de film ne nuisent pas à l'aventure proposée par Jack Perez, qui signera quelques années plus tard le génialement gratiné
"MegaShark contre GiantOctopus" avec Lorenzo Lamas.
Terriblement inutile donc totalement indispensable,
"Monster island" finit par fasciner de sa fonction de gadget cinématographique. Il n'y avait absolument aucune raison de faire ce film, mais ils l'ont fait et , comme les Chia Pets, on trouve ça stupide mais on en veut un.