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Gregg
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyJeu 3 Nov - 18:34

Trop de modestie! A quand la parution de ton recueil d'histoires?
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AngelaBaker
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyJeu 3 Nov - 19:48

Mais, ici, seulement, juste pour les quelques amis de HW qui se donnent la peine de visiter ce topic et de lire:D Je ne suis pas écrivaine, j'exorcise ma violence par l'écriture, sans plus.

J'en ai une autre dans mes tiroirs, un premier jet de "samedi d'orage" mais tout y est changé, la date, le lieu, les personnages....Pour une fois , une histoire SANS femmes! Je la mettrai demain si je peux. Après, je devrai refaire travailler mon imagination.scratch



J'avais aussi pensé à parodier "l'internationale" et les appeler géneriquement "debout, les perdants de la Terre !"Razz
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Heinsweidry
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyVen 4 Nov - 14:22

"J'ai tu braillée moé?"

Ohhh Mon Dieu Angie, ta petite Odile m'a rappelé le personnage du livre: L'enfant oublié de Brigitte Peskine. Ce livre me rend très nostalgique puisque ... bah puisque trop de yeux retiennent ma langue Wink Je te raconterai, si tu veux, en privé.

J'aimerais la faire imprimer, je suis certaine qu'une de mes amies aura autant de bouleversement en la lisant. J'ai adoré, vraiment! Mais quel talent tu as Angela cheers

Question assez anodine, que veut dire l'abréviation: "qu'elle a fait déjà 46 ans d'H.P."

Hôpital psychiatrique?
(Les HP que je suis habitué à entendre viennent des voitures et désigne la force du moteur, Horse Power Wink )
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AngelaBaker
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptySam 5 Nov - 8:34

Oui ma belle, HP pour Hôpital psychiatrique.

Ton message m'a émue et bouleversée, j'aimerais connaître le livre dont tu me parles, tu m'en parleras en mp, s'il te plaît ?

Ici, je te raconte commment est née l'histoire dans ma tête : par Mireille, une connaissance de ma chorale, qui a 60 ans, elle m'a raconté son enfance et dans certaines familles des années 50, la mentalité était fermée , étroite, bourrée d'idées reçues, bombardant les enfants de ces réflexions qui tuent "ce que tu es vilain, après tous les sacrifices qu'on fait pour toi, c'est pour ton bien, il faut souffrir pour avancer, tu nous coutes si cher, etc etc...refusant la libération des années 60. Mireille, bien sûr, est restée une femme tout à fait convenable !

L'infirmière, tu sais qui c'est, pas besoin d'insister😉

Le futur, c'est un rêve à moi : j'imagine que certain(e)s ont déjà ouvert une brèche, ils ou elles apportent leur petit verre d'eau pure là ou brûle la barbarie ordinaire. Alors, j'espère, de plus en plus s'engoufreront dans la brèche, le verre d'eau deviendra flaque, puis ruisseau, torrent, rivière, fleuve, mer, et enfin océan. Alors, la masse critique sera atteinte et la Terre basculera des ténèbres de la barbarie dans la lumière.

Les prénoms, je les ai choisis en fonction d'un livre sur les prénoms à travers les époques. Odile était courant en ce temps là, et de plus, c'est un prénom à sonorité douce, un peu mièvre même.

Quant aux prénoms d'un lointain futur, je n'en ai bien sûr aucune idée. La mode étant un cycle, j'ai pensé aux très vieux prénoms du Haut Moyen Age, mais ils sont souvent si durs, à consonnance germanique, et si ridicules, de nos jours, tu imagines des Cunégonde, Chilpéric, ou Chlotaire !Shocked

Enfin j'ai trouvé, Marozie, une toute puissante noble de Rome en 900 et des poussières, Theraissa, une bougeoise mérovingienne, obscure sainte de l'ancien calendrier, Gaïlen, écuyer d'un roi Mérovingien, et Eudoxie, porté par plusieurs impératrices russes et grecques. Je donne à tout un chacun la permission d'imprimer l'histoire qui lui plaît, je me fais plaisir, j'espère faire plaisir aux autres, je me fiche de l'argent et des droits d'auteur !
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AngelaBaker
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptySam 5 Nov - 15:21

UNE PROIE FACILE



Tampa, Floride. Juillet 1986, 1 heure du matin.

Le svelte quadragénaire tiré à 4 épingles avance précautionneusement dans le quartier le plus mal famé de la ville. Que fait-il là ? Veut-il s'encanailler avec les prostituées les plus sordides du lieu ? S'est-il égaré ?

Tout dans son attitude exprime la crainte, l'hésitation. En cette nuit torride, il est vêtu soigneusement d'un costume bien coupé, d'une sobre cravate assortie, les cheveux courts méticuleusement coiffés, des lunettes cerclées d'or, des chaussures cirées façon miroir. On dirait un docteur, un professeur, un chef comptable, un trader, enfin, quelqu'un qui n'a rien à faire ici.

Sa mince sihouette s'encadre une minute dans l'embrasure du bar le plus sale de cette rue immonde : un coupe gorge, un bouge infâme. Tous les regards se tournent vers lui, comme un champ de tournesols miteux. Le petit gentleman élégant détonne là dedans comme un pétard : apparemment, tout l'agresse : les rires stridents et vulgaires des femmes outrageusement maquillées, aux robes trop courtes, trop décolletées. Les regards pleins de ruse animale des hommes, leurs biceps tatoués émergeant de Tshirts crasseux.

Il va tourner les talons et s'enfuir, c'est sûr, mais la timidité et un reste de respect humain le retiennent. Comme en marchant sur des oeufs, il pénètre dans le bar "Freaky Frankie's".

A part son élégance raffinée, comment le décrire ? Il a un visage banal, nondescript, dit-on en Anglais, ce qui dit bien ce que ça veut dire. Derrière ses lunettes, ses yeux cligotent comme ceux d'un lapin affolé.

Il s'approche du bar sans s'y accouder, il reste debout, n'osant pas non plus souiller son beau costume sur un des tabourets poisseux. Un monstre antédiluvien s'approche de lui en tanguant et roulant, ce doit être lui, Freaky Frankie, le patron. Ses avant-bras sont aussi énormes que des jambons, sa bedaine de vieux buveur de bière en remontrerait à une montgolfière. Le petit homme meurt d'envie de lui demander "c'est pour quand, le bébé?" car il a un certain sens de l'humour, mais par dessus tout, il est bien trop timide. Alors, il sourit timidement.

Malgré son physique de brute, Frankie n'est pas si méchant. En un sens, il a même pitié de ce petit yuppie friqué si loin de son univers.

-ce sera quoi ?

Le doux gentleman aimerait bien faire un bout de conversation aimable, mais aucun sort ne veut sortir de sa gorge. Il finit par balbutier :


-Un café, s'il vous plaît, Monsieur.

Ce qui déclanche une tempête de ricanements. Frankie fronce les sourcils, et se carre encore plus dans sa graisse puissante, le porte-respect de son établissement.

-On sert pas ça, ici, mon pote.

-Oh ? Oh, pardon. Alors, heu, une bière, s'il vous plaît, Monsieur.

Freaky Frankie n'est pas non plus trop regardant sur sa clientèle. En fait, chacun de ses habitués est en possession d'un casier judiciaire plus ou moins fourni, et chacun s'en vante, comme d'autres sont fiers de leurs diplômes.

Par ailleurs, chaque client sert d'alibi aux autres, en cas d'atttaque à main armée, bagarre tournant à l'homicide, proxénétisme, tout et n'importe quoi. Il faudrait un flic drôlement courageux et malin pour démanteler ce racket.

Le petit homme élégant sirote trois gorgées de bière, dépose prudemment un billet de 10 $ sur le comptoir

-gardez la monnaie, s'il vous plaît. Bonsoir, et merci, Monsieur.

Et il bat en retraite aussi vite que sa dignité le lui permet de le faire sans courir.

Mais son manège n'a pas échappé à 4 habitués assis vers le mur du fond. Les comparses se concertent des yeux, avec un sourire entendu et sinistre.

Ce sont Attila et sa horde. Normalement, ils sont plus nombreux, 4 personnes ne font pas une horde. Là, c'est juste le chef et ses 3 lieutenants.

Ce chef qui se fait appeler Attila, le fléau de Dieu, n'est pas très grand, mais râblé, il s'est fait la tête que l'imagerie populaire prête volontiers au Maître des Steppes : longs cheveux noirs, moustaches en queue de rat, visage couturé, regard cruel.

Le 2° se fait appeler Crimson King, le Roi Ecarlate. Comme les bourreaux du Moyen Age, il est vêtu tout de rouge, il a le crâne rasé sauf une crête de Mohican teinte en pourpre. Sous les yeux, il s'est fait tatouer une larme couleur de sang chaque fois qu'il a tué un ennemi d'une bande rivale. Pour l'instant, 2 larmes sous chaque oeil. Pas de souci : il reste de la place. Il mesure 2 mètres, et pèse 150 kgs, tout en muscles.

Le 3° est également un costaud, qui se surnomme SIG, pour "Satan Is God". Ce sigle de son invention a le mérite de rappeler les "sieg heil" scandés par les foules hitlériennes en délire. Pour que cette double signification ne soit pas perdue, SIG se pare de multiples tatouages et bijoux en forme de pentacles inversés et de croix gammées.

Et enfin, une créature androgyne, longiligne, camée jusqu'aux yeux, Count Bathory. Cela ne nécessite aucune explication pour ceux qui connaissent les pires criminels de l'hum anité. Le Comte Bathory arbore de longs cheveux noirs, un maquillage gothique, du khôl autour des yeux, du noir sur les lèvres et les ongles. Il un regard étrange, fou. Il joue avec un couteau à lame affutée, qui entre et sort du manche en appuyant sur un bouton. C'est comme un tic nerveux, chez lui. Clic. Clac. Clic. Clac. Bruit horripilant et glaçant à la fois.

Ces 4 là, c'est le cauchemar de la police de Tampa : les tenir enfin, les faire griller, ou même en coincer un, un seul, pour n'importe quoi, vol à l'étalage, fraude fiscale comme Al Capone, tout prétexte serait bon, et s'arranger pour que les juges, faute de mieux, les envoient pourrir en prison jusqu'à ce qu'ils en crèvent. Mais ces minables assassins s'arrangent toujours pour se faufiler entre les mailles du filet, avec leurs réseaux de complices à leur solde. Rageant.

Le petit homme immaculé arrive enfin, tout essouflé, là sa voiture, quand il entend des pas lourds derrière lui. Il se retourne d'un bond, et fait face à l'improbable quatuor.

Alors là, plus question de fierté. Du reste, ce serait suicidaire. Trois de ces brutes font au moins la moitié de son âge, et le double, voire le triple, de son poids.

Ses jambes se dérobent sous lui. Haletant, sanglotant, il tombe à genoux, sans égard pour son costume signé Armani, et supplie :

-prenez tout, prenez tout, par pitié, mais ne me faites pas de mal. Par pitié, je vous en supplie.

Sa voix distinguée s'étrangle dans les sanglots.

-Regardez moi cette pauvre larve ! crache Attila, qui s'empare du portefeuille. 50$, rien d'autre. Ecoeuré, le Fléau de Dieu jette négligemment ce pitoyable butin de guerre.

Le petit gentleman continue à supplier, à pleurer, à se mordre les phalanges jusqu'au sang.

-Ca, espèce de couille molle, tu vas le payer cher, gronde Crimson King.

-Non, non, pitié, pitié, tenez, prenez les clés de la voiture, je vous la donne, elle est à vous, c'est une BMW grand luxe, elle vaut un tas de dollars, prenez la, prenez la, mais laissez moi, je vous en supplie.

-Ouais, ouais, pas mal la tire. Allez, les mecs, on se barre. File les clés, Ducon, et t'as pas intérêt d'appeler les flics. Partons, les mecs, ce ver de terre me donne envie de gerber.

Pour ne pas être en reste, le Comte Bathory dit d'un air écoeuré "oui, chef, barrons nous, je vais pas salir mon couteau sur cette sous-merde"

et SIG, qui veut ajouter la sienne, crache sur sa victime "sous homme ! untermenschen! Tonton Adolf t'aurait réglé ton compte, lui. "

La horde s'engouffre dans la superbe voiture et s'éloigne de toute la puissance des 200 chevaux et 6 cylindres made in Germany.

Tranquillement, le petit homme élégant se relève, époussète soigneusement son costume, rajuste ses lunettes, sa cravate, brosse ses cheveux et s'adosse à un mur, car il vient de partir d'un tel éclat de rire qu'il ne peut plus se porter.

Il adresse un petit salut moqueur à la route où viennent de disparaître les truands.

-Adieu, proie facile et ta bande de crétins. Bande de bouffons, avec vos accoutrements ridicules qui n'effayeraient même pas des enfants pour Halloween. Pauvres imbéciles qui n'avez jamais pensé que j'avais moi même volé cette voiture à son légitime propriétaire. Et bien le bonjours à Old Sparky* !

Entre 2 hoquets de rire, il pense à la horde qui emporte dans le luxueux coffre de la BM le cadavre atrocement mutilé de sa 7° victime, lui, le petit serial killer timide.



*surnom de la chaise électrique de l'Etat de Floride



Musique, please ! la chanson favorite de notre élégant héros :




https://www.youtube.com/watch?v=kLG66ER0UUM
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyDim 6 Nov - 20:16

J'ai juste lu le dernier texte, mais il est très sympa, le twist à la fin m'a tiré un sourire avec son humour grinçant me rappelant un peu l'esprit de certains épisodes de Tales From The Crypt. Ça me donne bien envie de lire le reste en tout cas.
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyLun 14 Nov - 12:05

Et moi, ça me donne envie d'en écrire encore ! merci à tous pour votre sympathie , votre indulgence, merci de m'être une poignée de fidèles ; ça fait chaud au coeur



Une chose sur laquelle il ne faut pas comper, avec moi : la description graphique des meutres (bien sûr, je vais parler de sang ici et là, mais le strict minimum), de tortures, et le pono, que j'ai en horreur.



Je suis fan de Tales from the crypt, au fait !



Par contre, selon les cas, une bonne dose d'émotion, ou d'humour, fait du bien:P
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MessageSujet: Toujours dans la série "serial losers"   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyMar 3 Avr - 15:34

Je ne donne pas ce titre générique de "serial losers" pour me moquer : j'ai beaucoup de sympathie pour les faibles et les vaincus, enquelque sorte, je voudrais être leur porte-parole


"Les histoires d'amour finissent mal, en général" ( Rita Mitsouko)

Qui a tué Vivette Planelles ? par Angéline A.

Maria Aznar, gardienne d'immeuble

Bonjour, Madame, vous venez pour louer l'appartement libre du premier ? Je peux vous faire visiter, vous verrez, le quartier ne paie pas de mine, on est dans le 4° arrondissement de Marseille, on n'a pas la mer, mais à pied, vous êtes à 2 pas de la Canebière et du Vieux Port, et...ah mais pardon, je bavarde, je bavarde, vous dites ? Ah bon, vous êtes journaliste de faits divers? Mais que...? C'est pour cette pauvre Vivette Planelles que vous venez ? Une bien triste histoire, mais y'a pas de mystère, enfin je crois pas. Oui, bien sûr que je la connaissais, pensez, elle est arrivée ici voilà 10 ans, avec sa maman, elle avait tout juste 20 ans, pauvrette, c'était en Juillet 76, elle venait de la campagne, à côté d'Aix, de Jas de Bouffan, le papa était ouvrier agricole et quand il est mort, ces 2 femmes ont tenté leur chance en ville.
Ah pour ça, des dames bien courageuses, la maman travaillait toute la journée comme couturière, et Vivette avait trouvé des ménages à faire ici et là, oui, dans cette compagnie d'assurances, elle y allait le soir. Une fille si gentille, avec son joli prénom qui lui allait si bien, vous savez, comme dans l'histoire "l'Arlésienne", mignonne et douce, polie, joliette avec ses cheveux blonds et ses taches de rousseur, on aurait dit une couronne de soleil sur son visage.
Ah ça; j'ai été catastrophée quand j'ai appris sa mort : pensez donc ! elle est tombée sous les roues du métro, tuée net, j'espère qu'elle a pas eu le temps de souffrir, et le plus drôle, enfin, surprenant, il n'y avait personne ou presque sur le quai, comment elle a pu tomber ? Personne l'a poussée. Un suicide ? Mais pourquoi ? Elle était heureuse, pas riche, mais heureuse, vous savez, elle se confiait à moi, et elle m'avait raconté qu'elle avait trouvé un fiancé : à 30 ans, elle y croyait plus, et là, elle marchait sur un nuage ! Non, c'est incompréhensible. Après le drame, sa maman est allée vivre à Aix, chez des cousins. Les pauvres, pauvres dames...


Luc Legrand, agent d'assurances.

Oui, c'est bien ici que travaillait cette petite femme de ménage. Mais vous savez, je la connaissais à peine, non, presque pas. Elle venait le soir, après que les employés étaient partis. Il se trouve qu'un jour, je travaillais tard sur un dossier urgent, et elle est entrée dans mon bureau pour nettoyer. Vous auriez vu sa tête quand elle a vu que je me trouvais encore dans le bureau ! Rouge comme une tomate. Elle a bafouilé quelque chose comme quoi elle pensait qu'on avait oublié d'éteindre et elle a voulu partir, mais je lui ai dit de rester, qu'elle ne me dérangeait pas du tout. Insignifiante, elle était, cette petite femme : la trentaine, ni moche ni jolie, quelconque, des cheveux châtain terne tirés en arrière, habillée comme un sac, elle avait un côté Bécassine, c'est ce qui m'a amusé, et je lui ai fait la conversation. Petit à petit, elle a pris confiance, elle bavardait même comme une pie, mais moi, sitôt quitté le bureau, je n'ai même plus pensé à elle.


Christine Legrand, dite Crystal, voyante

Oui, bien sûr, mon mari m'a parlé de cette femme de ménage, celle qui est passée sous le métro, c'est affreux. On a un peu ri d'elle le soir avec Luc, mon mari : il m'a décrit sa gaucherie, sa gêne, il m'a mêrme confié qu'elle paraissait amoureuse de lui, comme si elle avait eu le coup de foudre ! c'était trop drôle. Enfin, ça aurait été drôle si elle n'avait pas fini si tragiquement.
Oui, j'avoue que j'ai eu la curiosité de la voir : pas difficile, je suis allée au pied de l'immeuble où travaille Luc, un soir, j'étais curieuse de connaître ma "rivale", si on peut dire ! Je l'ai reconnue tout de suite à sa description, bien qu'elle ait été banale au possible. J'ai fait semblant de lui demander une direction, et je n'ai pas pu m'empêcher de la faire marcher un peu : je sais qu'on ne doit pas dire du mal des morts, mais elle était tellement naïve, niaise même. Dès que je lui ai confié que j'étais voyante, elle a démarré au quart de tour ! Oui, bien sûr, elle a pris un rendez vous chez moi, j'ai dit oui, hein, je n'allais pas cracher sur 400 francs, quand même.
Bien sûr qu'elle est venue, ça faisait un sacré bout de route jusqu'à chez moi, vous voyez, j'habite le 12°, en bord de mer, à l'autre bout de la ville.
Et tout de suite, elle m'a raconté qu'elle avait trouvé un "fiancé" et elle voulait savoir ce que l'avenir lui réservait : j'ai bien compris que l'amoureux en question, c'était Luc. Impensable !



Luc Legrand

Pfff !!! Mais bien sûr que non, je ne lui ai pas fait d'avances, enfin, vous avez vu ma femme, et si vous l'aviez vu elle, la -comment déjà? Linette, Viviane ? Oui, c'est cela,Vivette, c'est sans importance : non, c'est la nuit et le jour, Chris a de la classe, elle est élégante, chic, cultivée, et l'autre, la pauvre, elle était limite débile. Si elle s'est fait des idées, je n'y suis pour rien. Quant à ce que lui a dit Chris, c'est entre elles, je ne me mêle pas des affaires de mon épouse ni de ses clientes.


Crystal

Pour être voyante, il faut beaucoup de psychologie, et dire aux clients ce qu'ils ont envie d'entendre, vous voyez, je suis franche avec vous. Bien sûr, les cartes ne mentent jamais, mais il faut savoir interpréter, c'est là toute la subtilité.
Mademoiselle Planelles avait désespéremment envie d'amour, alors je l'ai aidée. Mais oui, aidée ! Elle n'avait aucune confiance en elle, elle se pensait laide, stupide, en quoi elle n'avait pas tout à fait tort, mais mon travail à moi, c'était de lui redonner l'espoir et l'espérance, c'est ce qui motive le plus : lui faire comprendre qu'elle aussi avait droit au bonheur. Naturellement, si cette pauvre gourde s'est imaginée que je lui prédisais que mon propre mari lui donnerait cet amour dont elle avait besoin, ça prouve juste à quel point elle était sotte.
Mais non, pourquoi lui aurais-je dit que l'homme qu'elle avait rencontré dans ce bureau était mon mari ? C'était tellement idiot, cette affaire, c'est elle qui s'est fait tout un cinéma.


Maria Aznar

Oui, elle m'avait dit qu'elle consultait une voyante. Moi, c'est pas que j'y crois pas, mais enfin, faut faire attention, surtout que ça lui coûtait 400 francs la séance, et Dieu sait que ces pauvres dames Planelles trimaient à longueur de journée, et elles n'étaient pas riches.
Mais ma Vivette revenait de ces visites comme toute éclairée, toute rayonnante de bonheur, on aurait dit qu'elle était entourée de lumière, elle avait un sourire, on aurait dit un ange de vitrail. Cette dame, la voyante je veux dire, lui avait prédit que le monsieur qu'elle avait rencontré l'aimait et la demanderait en mariage, et tout et tout : ma pauvre Vivette, elle savait pas y faire avec les hommes, trop timide, et pas d'argent pour s'arranger un peu. Mais les derniers temps, elle faisait des miracles, avec sa maman couturière, et je crois qu'une de ses collègues l'aidait pour se coiffer et se maquiller.


Agnès Avedjian, femme de ménage

J'aimais beaucoup Vivette, elle était travailleuse, sérieuse, pas fière, bonne comme le bon pain, et quand j'ai su qu'elle avait rencontré quelqu'un, j'étais tellement contente pour elle. Moi, je suis mariée, j'ai des enfants, et ça me faisait mal de la savoir aussi seule. Alors bien sûr, c'est avec plaisir que je l'ai aidée pour apprendre à se coiffer, se maquiller, elle était adorable, vraiment ravissante, et moi, j'étais contente pour elle. Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Elle me manque tellement ! c'était la collègue parfaite, on aurait même pu devenir amies.
Elle m'a jamais confié qui était son amoureux, c'est dommage, c'est même triste, je crois qu'elle était prête à me parler. Et puis, voilà qu'elle ...enfin, je peux pas vous dire, j'en suis malade.



Crystal

Mademoisellre Planelles est venue plusieurs fois, j'ai bien entendu supposé que si elle venait si souvent, c'est qu'elle pouvait se le permettre. Je n'oblige personne, moi. Sachez qu'une séance de voyance demande beaucoup d'énergie, et je ne vole pas l'argent que je gagne ! Les clients sont au courant de mes tarifs, il n'y a pas d'arnaque, et tout le monde est satisfait de mes services, sinon, je n'aurais plus de clients : or, je dois en refuser ! Mais jamais, au grand jamais, je n'ai nommé Luc, je vous le répète, cette pauvre fille se montait la tête toute seule. Tout ce que les cartes disaient, c'est que l'amour serait au rendez vous pour elle. Un jour, plus tard, avec quelqu'un comme elle, de son milieuu, de son style, voyez vous. Si elle a imaginé que cet amour était Luc, ce n'est certes pas notre faute, ni à lui, ni à moi.


Madeleine Planelles, couturière.

Depuis la mort de ma pauvre Vivette, je ne supportais plus notre appartement, tout m'y parlait d'elle, j'en serais morte. Je ne supportais plus Marseille, l'idée de ce métro me fait horreur.
Meurtre, bien sûr que non. Suicide? Mais pourquoi ? J'avais remarqué que les derniers temps, Vivette était plus gaie, elle s'habillait, elle chantait toute la journée, elle prenait du temps pour elle. Un horrible accident, c'est tout ce que je peux dire, et c'est ce que la police a conclu, aussi. Moi, je suis morte avec elle. J'existe, c'est tout, comme une coquille vide. Ma fille était tout pour moi, c'était un ange, jolie, respectueuse, un coeur d'or, travailleuse. Un ange du Bon Dieu. Oh mon Dieu, ma Vivette, ma pauvre petite fille, je pense qu'elle a dû monter tout droit au paradis, c'est ce qui me permet de tenir. Mais j'ai une seule hâte : aller la retrouver. Ce qui est triste, c'est que je n'ai pas pu lui dire un dernier adieu, les autorités m'ont pas autorisée à la voir ; paraît-il que c'était mieux pour moi.


Luc Legrand

Mais bien sûr que j'ignorais tout des fantasmes de cette pauvre fille ! Mais enfin, si vous l'aviez vue, avec ses robes bien trop jeunes pour elle, sa coiffure crêpée démodée, son maquillage outrancier... C'est un malentendu, terrible j'en conviens, mais un malentendu.
Comment j'aurais pu deviner qu'elle déboulerait un soir sans rendez vous ?Et quand bien même je l'aurais su, quelle différence? Elle n'était rien, rien pour moi, à peine si je me souvenais de son existence.


Crystal

Attention, être voyante, ça ne signifie pas lire l'avenir comme un livre ouvert : tout au plus on peut donner des tendances, des directions, des impressions, mais l'avenir n'est pas écrit, à chacun son libre arbitre.
Tout ça pour vous dire, naturellement je ne pouvais pas savoir que Mademoiselle Planelles viendrait me voir un après midi sans rendez vous ! Elle est arrivée ici excitée comme une puce, elle avait hâte de revoir son "fiancé", alors que je ne lui avais jamais parlé nettement de fiancé ! et elle est tombée sur Luc. Elle ne brillait pas par son intelligence, mais elle a compris que c'était mon mari, il était installé au salon en tenue d'intérieur, bref, je ne sais pas ce qui a craqué dans la tête de cette pauvre fille, elle est partie d'ici en courant comme une folle et en hurlant "vous m'avez menti, vous m'avez menti depuis le début" ou je ne sais quoi? Et puis, elle a dit quelque chose de complètement incohérent à propos de son argent que je lui aurais volé, n'importe quoi, le délire complet. J'ai toujours su qu'elle n'avait pas la tête bien solide.


Anne-Marie Deschamps, usagère du métro de Marseille

J'étais sur le quai, à quelque distance, et j'ai vu une jeune femme blonde, jeune, assez jolie je pense, qui arrivait sur le quai en courant : si je l'ai remarquée, c'est qu'elle était dans un état épouvantable, elle pleurait, elle sanglotait même, elle m'a fait tellement de peine que j'allais marcher vers elle pour tenter de l'aider. A ce moment là, la rame de métro est arrivée, et je n'ai pas bien suivi ce qui s'est passé, mais cette malheureuse jeune femme est tombée sur les rails et ensuite....non, c'est trop dur, j'en ai encore le frisson. J'en fais des cauchemars chaque nuit. Mais ce dont je ne doute pas un instant, et c'est le plus affreux, c'est qu'elle est morte dans une détresse noire, sans personne pour la réconforter, et oui, bien sûr, je pense à un suicide. Mais à quoi bon le crier haut et fort ? Pour désespérer encore plus sa famille ?


Michel Lanzarotti, conducteur de métro.

Une horreur, jamais, jamais je n'oublierai quand je suis entré en gare, cette jeune femme s'est littérallement jetée sous les roues : je n'avais aucune chance de freiner, elle n'avait aucune chance de s'en sortir, à croire qu'elle l'a fait exprès, je ne vois pas comment, autrement...non, je ne vois pas....C'est intolérable pour moi, je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est moi qui l'ai tuée, depuis, je ne m'en suis pas remis, je suis en dépression et en arrêt maladie, je ne sais pas si je pourrai continuer à exercer mon métier après cela.


Adrien Marques, officier de police

Pour l'affaire Planelles, il n'y a pas de mystère : on a deux témoins, Madame Deschamps, qui était sur le quai, et qui l'a vue courir et tomber, Planelles devait avoir peur de rater le métro, elle a trébuché et elle est malencontreusement tombée sur la voie, et le conducteur, qui a vu la jeune femme littéralement atterir sous les roues. Un accident terrifiant, ça arrive, pas souvent, heureusement. La malheureuse a été broyée, déchiquetée, il n'y a pas d'autre mot. Il nous a été impossible de montrer ce qui restait du corps à sa mère. Mais pour nous, c'est une affaire classée.


Madeleine Planelles

Maintenant, je dois apprendre à vivre seule, avec mes souvenirs. Mes cousins sont bien gentils, mais si on n'a pas soi même perdu un enfant, on ne peut pas comprendre. Ma Vivette, ma pauvre petite Vivette, au moins je sais que quand elle a eu cet horrible accident, elle ne s'est rendu compte de rien, et qu'elle est morte heureuse, comme elle était quand elle a quitté notre appartement pour la dernière fois...


Alexandra Martinez, journaliste

Non, je n'écrirai pas la pathétique histoire de Vivette Planelles : que dire? Comment prouver quoi que ce soit ? Repose en paix, Vivette. C'est le seul et dernier cadeau que je peux t'offrir : le respect et le silence.
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyJeu 27 Sep - 16:02

Fin d'été

Je suis partie, loin, loin dans les cieux,
Je me suis envolée dans le bleu.
La terre était trop dure à mes pas fatigués.
Les humains s'étaient écartés de moi, découragés.

Et pourtant je suis restée.
Partout vous me trouverez.
Je suis celle qui hante vos sommeils agités.
Sombre et maléfique, je suis dans vos cauchemars privés.

Ecoutez, regardez : je suis là,
partout où portent vos tristes pas :
dans la pendule qui, inexorablement égrenne les heures,
dans la pluie d'automne sur les carreaux,
dans le cri déchirant des oiseaux,
dans le râle de la bête blessée par le chasseur,
qui succombe et qui se meurt,
dans le feu qui s'éteint
dans le vent qui hurle et qui geint,
dans les bruits feutrés de la nuit,
dans les jours de soleil qui s'enfuient...

Ecoutez, écoutez l'automne et l'été qui meurt :
Je suis là, c'est moi, qui pleure.
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyVen 28 Sep - 22:06

C'est joli Angela ! Smile
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MessageSujet: Re: J'ai écrit ça   J'ai écrit ça - Page 3 EmptyDim 30 Sep - 15:45

Merci, merci beaucoup !
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