Netflix paie très cher la hausse de ses tarifs
Le spécialiste de la location de DVD par courrier et du streaming sur Internet a perdu 810.000 clients américains au troisième trimestre, après la forte augmentation de ses prix cet été.
Chahuté ces dernières semaines à Wall Street, Netflix était particulièrement attendu au tournant par les investisseurs à l'occasion de la publication de ses résultats du troisième trimestre. Le spécialiste de la location de DVD par courrier et du streaming sur Internet n'est pas parvenu à calmer la tempête boursière. Loin de là : mardi, son action plongeait de 37 % à l'ouverture des marchés, portant sa chute à près de 75 % depuis ses plus hauts niveaux historiques touchés à la mi-juillet. En trois mois, le titre a perdu près de 12 milliards de dollars de capitalisation boursière et n'en vaut plus que 4 milliards.
Les chiffres publiés lundi soir sont, il est vrai, alarmants à plus d'un titre pour le groupe dirigé par Reed Hastings. À commencer par la perte nette de 810.000 abonnés, conséquence directe de la spectaculaire hausse des abonnements entrée en vigueur cet été (+ 60 % pour la formule de base). Netflix, qui compte 23,8 millions de clients aux États-Unis, avait anticipé ce mouvement mais ne s'attendait qu'à perdre 600.000 clients sur la période. Surtout, ses dirigeants ont prévenu que cette tendance risquait de se poursuivre au quatrième trimestre.
« Nous avons commis une série de grosses erreurs cette année », reconnaissait récemment Reed Hastings, contraint de faire amende honorable fin septembre dans un courrier électronique adressé à ses abonnés. Convaincu que la location de DVD par courrier ne dispose que d'un avenir limité, le patron et fondateur de Netflix a cherché à accélérer la migration de ses abonnés vers son service de vidéo en streaming (diffusion en direct, sans téléchargement). Objectif : alléger l'importante structure assurant la gestion et l'envoi de millions de disques par jour, tout en rentabilisant les centaines de millions de dollars dépensés pour étoffer son offre de contenus en ligne.
« Beaucoup de compagnies qui excellent dans un domaine, comme AOL ou le libraire Borders, ont eu peur de sacrifier leur activité initiale pour s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs, explique Reed Hastings. Les entreprises meurent rarement pour avoir bougé trop rapidement, mais elles meurent souvent pour avoir réagi trop lentement ». Reste que la marche forcée vers le streaming a dérouté ses clients, forçant même le groupe à faire marche arrière sur un projet de réorganisation interne qui aurait dû déboucher sur un changement de nom de l'activité DVD, séparée dans une division à part baptisée « Qwikster».
Dans le rouge
Malgré tout, Netflix a enregistré un chiffre d'affaires record au troisième trimestre, à 822 millions de dollars. Et ses profits ont grimpé de 63 %, à 62 millions de dollars, un niveau bien supérieur aux attentes des marchés. Cependant, le groupe a aussi prévenu qu'il retomberait dans le rouge début 2012, pénalisé par les investissements à réaliser pour s'implanter au Royaume-Uni et en Irlande. S'il compte plus de 1 million d'abonnés au Canada, Netflix enregistre un démarrage moins rapide dans les 43 pays d'Amérique latine où il s'est lancé depuis septembre. Il a décidé de faire une pause dans son expansion à l'international qui ne reprendra qu'une fois le retour aux profits assuré. Son arrivée anticipée en Espagne, puis en France, se fera donc attendre.