Los Angeles 2013 (Escape From L.A.) – 1996 Réalisé par
John CarpenterÉcrit par
John Carpenter, Debra Hill & Kurt RussellMusique de
Shirley Walker & John CarpenterAvec
Kurt Russell, Steve Buscemi, Peter Fonda, A.J. Langer, George Corraface, Cliff Robertson, Pam Grier, Stacy Keach , Bruce Campbell, Leland Orser, Robert CarradineSynopsis :En 2013, Snake Plissken débarque à Los Angeles devenue, après un grand tremblement de terre, une île où sont parqués les bannis. Sa mission : retrouver dans le décor apocalyptique de L.A. la « boîte noire » dont dépend l’avenir de la planète.15 ans après
New York 1997,
Russell et
Carpenter font surgir Snake Plissken des oubliettes. On pouvait s’attendre à du réchauffé et à un scénario mou de la fesse ; le fait est que
Los Angeles 2013 supplante son prédécesseur. Ce qui n’était qu’une satire sociale sous-jacente dans le premier volet prend ici les traits d’un véritable pamphlet ravageur, accusant un pays en dérive. Ainsi,
Los Angeles 2013 nous expose une Amérique où les SDF, les homosexuels, les athées, les musulmans, les contestataires, sont expulsés du territoire américain pour avoir transgressé les règles puritaines et fascistes d’un président devenu dictateur. Allant plus loin, les 3 scénaristes dénoncent une société dans laquelle l’alcool, la drogue, le tabac et le sexe hors-mariage sont des crimes fédéraux, passibles de mort. Qui plus est,
Carpenter explique ouvertement que cette Californie abritant les rebuts de la société correspond à la vraie zone libre de ce monde ; où chacun est encore libre de faire ce dont il a envie, détaché de toute obligation et de tout devoir.
En avance sur leur temps, les auteurs vont jusqu’à mettre en branle la montée de la chirurgie esthétique dans les contrées états-unienne, avançant des êtres déformés et détraqués par nombre d’opérations chirurgicales ratées. Au passage,
Carpenter, Hill et
Russell se permettent une allusion à la Baie des Cochons (le transport des missiles de Cuba aux États-Unis) et en profitent pour égratigner leur maison de production – à savoir
Universal, se foutant gentiment de sa gueule le temps d’une réplique. Et que dire de ce final ? Servant à la fois de clin d’œil au final de
New York 1997, et d’hymne à l’anarchisme.
C’est en grande pompe que
Kurt Russell renfile le costume de Snake Plissken, archétype de l’antihéros bodybuildé et rebelle jusqu’au bout du flingue. Mais il ne fait pas le voyage seul, amenant cette fois-ci
Steve Buscemi (la taupe du
Reservoir Dogs de
Quentin Tarantino) en Eddie, l’ami des Stars, sorte de lèche-cul de service.
Peter Fonda en surfeur déglingué.
Pam Grier en transsexuel.
Leland Orser (le Dr Dubenko de la série
Urgences – E.R.) en génie de l’informatique (dont le doubleur n’est autre que
George Caudron, la voix française de Fox Mulder, au passage). Et même
Bruce Campbell en chirurgien-plasticien défiguré et dément. Tous les membres de cette joyeuse troupe se croisent à travers un scénario proche de la perfection – en effet, il ne faudrait pas non-plus oublier le paquet d’exagérations et de facilités que trimballe
Los Angeles 2013.
Pour ce qui est de la réalisation,
Carpenter nous convie à une manière de faire imprégnée de son sceau et d’une petite touche de modernité, nous surprenant tant par son attachement au passé (l’aspect kitsch des personnages, des décors, etc.) que par l’utilisation d’effets spéciaux tantôt ahurissants (le tremblement de terre) tantôt moyens (le tsunami, le vol en deltaplane…). Et il en va de même pour la bande-son, alliant les compositions mélodiques de
Carpenter à des musiques rock nouvelle génération, en plus de thèmes additionnels malheureusement peu concluants. Mais, en définitive, on reste subjugué devant un tel résultat qui, avouons-le, tire son principal intérêt d’une satire sociale bruyante, peut-être encore plus retentissante de nos jours qu’à l’époque de sa sortie.
Note : 17.5/20