Un petit film d'horreur jap' que j'affectionne tout particulièrement et que je ne crois pas avoir vu cité dans les pages du topic : Shiryô No Wana, de Toshiharu Ikeda (1988), plus connu dans nos contrées sous le nom de Evil Dead Trap (aucun rapport ou presque avec le film de Raimi, hormis quelques plans à la steadycam y faisant référence). Typiquement le genre de film qu'on aime ou qu'on déteste par contre, les avis ont été très tranchés parmi les gens à qui je l'ai montré.
Esthétiquement très influencé par le giallo (et plus globalement par le cinéma d'Argento) et se piquant aussi de slasher, le film d'Ikeda n'est pourtant classable dans aucun des deux styles précités. Sorte d'errance horrifico-onirique, le film est un voyage étrange mais envoûtant. L'horreur pur jus n'en est toutefois pas absente, avec des meurtres inventifs et excellents, qui n'ont pas dû laisser indifférent James Wan pour son Saw. Cependant la comparaison s'arrête ici, car si Evil Dead Trap débute de façon réaliste dans l'univers glauque des snuff-movies, la frontière avec les cauchemars et les fantasmes devient vite très floue, faisant de l'entrepôt où se déroule l'action un véritable monstre à part entière, à la topographie impossible, et semblant se nourrir de l'essence de toute vie. Aussi, je ne louerais jamais assez Toshiharu Ikeda pour la réalisation de ce film, avec trois bouts de ficelles et un temps de tournage ridicule (moins d'une semaine je crois) il parvient à donner à son film une ambiance unique, avec d'excellentes idées de mises en scènes à la pelle (son utilisation de l'éclairage me refile à chaque fois une érection incontrôlable :p), sublimées par la bande son très Goblin-esque de Tomohiko Kira (rien que les dix premières minutes du film sont d'anthologie pour moi).
Bon, malgré tout l'amour que je porte à Evil Dead Trap, il n'a pas que des bons côtés. L'acting sans être exécrable est plutôt moyen, le rythme très bizarre donne inévitablement quelques longueur en milieu de film, la fin est surprenante et un peu décevante à la première vision... Cela dit, ces différents points négatifs n'ont pas réussis à entacher mon plaisir. Disons que pour apprécier le film à sa juste valeur, il faut accepter de ne pas avoir toutes les clés pour comprendre l'histoire à la fin, qu'une partie de l'intérêt du film repose justement sur ce qui n'est pas dit et sur l'utilisation du silence. Et avoir envie de se taper un film bien déprimant, parce qu'au final c'est que je retiens le plus de Evil Dead Trap : un long hurlement de désespoir. Pas nécéssairement très accessible, mais certainement une de mes expériences filmiques les plus intenses de ces deux dernières années.
Ouch, désolé pour le pavé :p